Rubrique. Édito : L’Europe des 37

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À chaque débat politique télévisé, le favori dans les sondages devient la cible prioritaire des candidats en quête de suffrages. Quand la tactique de celui-ci consiste à cultiver sa personnalité pour masquer le néant de son programme, les critiques pleuvent de plus belle. Illusionniste habile, Jordan Bardella a profité d’un format d’émission inadapté ce 27 mai pour esquiver à parler de ses votes au parlement européen, lors de son précédent mandat. Ce n’est pas un hasard s’il a été le moins bavard au chronomètre. Plus largement, chaque attaque s’est transformée en cacophonie, accompagnée d’un discours rhétorique récité sur un ton offensif. Une émission pour conforter les convaincus, déstabiliser un peu plus les dubitatifs. Avec un gros quart d’heure de parole par candidat, des divergences déjà connues ont été accentuées. Le RN a formé un trio avec Marion Maréchal, candidate Reconquête ! et François-Xavier Bellamy pour Les Républicains, s’entêtant à brosser un portrait d’une Europe ensevelie par l’immigration massive et dangereuse, à coup de statistiques bancales pour défendre une politique de fermeté. Ce dernier a même endossé un costume Trumpiste en parlant d’ériger des murs, au sens littéral, à nos frontières… Il fut aussi un fervent défenseur du nucléaire. Un point partagé avec Léon Deffontaines, tête de liste communiste, marquant une rupture avec le reste de la gauche, si appliquée à s’auto-saboter. Manon Aubry, tête de liste Insoumise, la plus transparente sur ses choix tout au long de l’émission, a laissé s’envoler chaque proposition en s’obstinant à fustiger tout le monde. Les questions internationales ont été l’une des raisons « officielles » du PS pour ne pas s’associer avec LFI sur une liste commune. Ce fut pourtant le point le plus ambigu de Raphaël Glucksmann, au lendemain d’une nouvelle attaque horrible d’Israël sur Rafah, en Palestine. Candidate écologiste, Marie Toussaint a tout au long de l’émission semblé distante, à l’écart des clashs sans pour autant pleinement saisir le thème de « l’Europe trop verte ? » pour diffuser son projet. À l’inverse Valérie Hayer a pu compter tout au long de la campagne sur le gouvernement français pour parler en son nom, voire même la supplanter comme Gabriel Attal quatre jours plus tôt. Pour la tête de liste de la majorité présidentielle, ce débat était aussi un moyen de prouver qu’elle jouait un rôle dans ce scénario grotesque d’un énième match Macron – Le Pen. Ce débat BFM TV a au moins rappelé l’inverse aux téléspectateurs. Cette course aux européennes compte 8 grands partis et 29 autres listes pour qui voter. L’alternative existe.