Haut-Doubs. Face à une forte demande, les services en pédopsychiatrie se développent

La demande croissante en soins psychologiques, notamment chez les jeunes, pousse l’Agence Régionale de Santé (ARS) à déployer de nouveaux services dans le Haut-Doubs. Alors que la maison des adolescents initie depuis quelques mois des permanences dans différentes communes, une équipe mobile va se former pour aider les jeunes directement à leur domicile.

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Photo : AdobeStock

Désignée grande cause nationale pour 2025, la santé mentale suscite une inquiétude particulière, notamment chez les jeunes. En témoigne une enquête menée par l’IFOP (Institut Français d’Opinion Publique) cette année sur les jeunes de 11 à 24 ans. Un jeune sur deux rapporte avoir traversé un épisode dépressif d’au moins deux semaines, et un sur quatre déclare avoir déjà eu des pensées suicidaires. Alors que les besoins en soins psychologiques augmentent, les zones rurales restent souvent dépourvues de services adaptés. Dans le Doubs, les services en pédopsychiatrie sont concentrés sur Besançon et Novillars. La maison des adolescents, lieu d’accompagnement pour les jeunes de 12 à 21 ans, basée à Besançon dans le quartier des Chaprais, se déplace depuis quelques mois avec des permanences jusqu’aux portes du Haut-Doubs : Ornans, Pierrefontaine-les-Varans, Valdahon, Baume-les-Dames, etc. Sous la supervision du pôle pédopsychiatrique du centre hospitalier de Novillars et de l’Agence Régionale de Santé, l’organisme prévoit d’étendre sa présence, plus profondément dans le Haut-Doubs, d’ici 2025.

Une équipe mobile dans le Haut-Doubs en 2025

Une unité mobile est en cours de formation dans le Haut-Doubs, afin d’offrir des soins directement au domicile des patients. L’objectif est d’intervenir chez des patients ne pouvant pas se déplacer à Besançon ou aux Centres de Guidance Infantile (CGI) de Pontarlier et Morteau. Ce dispositif est d’ailleurs mis en place afin de les soulager : « ils sont débordés, pour un enfant qui souhaiterait se rendre en CGI, la liste d’attente est de 5 ou 6 mois. De la prévention, à l’urgence, il faut que l’on puisse déployer des réponses et des soins adaptés. » explique Anne Duquet, chef de service de la pédopsychiatrie Haut-Doubs. L’équipe mobile sera en lien avec toutes les autres unités d’intervention. Un moyen de contourner aussi la crainte anxiogène que peut représenter la pédopsychiatrie chez certains jeunes patients : « l’idée est d’établir une relation de confiance avec la famille », poursuit la professionnelle. « On entame les soins en mobile mais l’objectif, à terme, est de faire revenir les personnes au lieu de soin ».  L’équipe sera composée d’un pédopsychiatre, d’un psychologue, d’un éducateur à mi-temps, d’un infirmier à temps plein, ainsi que d’un secrétariat et d’un cadre hospitalier. « On espère pouvoir recruter en ce début d’année, on est sur un projet de déploiement courant 2025 » ajoute-t-elle.

Depuis la crise du COVID-19, une nette détérioration du moral des jeunes est observée. D’après une étude menée par l’université de Bordeaux en 2023, le nombre d’étudiants présentant des symptômes dépressifs est passé de 26% avant la pandémie à 41% en 2023. « Les rapports de causes à effets sont compliqués à juger mais l’isolement et l’anxiété qu’a provoqués le confinement a eu un véritable impact sur ces jeunes, c’est certain. », dixit Martin Viverge, pédopsychiatre et directeur de la Maison des Adolescents du Doubs. La libération de la parole, notamment chez la jeunesse, reste un signe encourageant. Pour les professionnels de santé, la majorité de la jeunesse est aujourd’hui moins angoissée à l’idée de se faire aider par un psychologue. Avec une forte augmentation de la demande à laquelle il faut répondre.