4000 postes d’enseignants supprimés. L’annonce faite en octobre dernier par Michel Barnier au moment de présenter son budget pour l’année 2025, avait glacé les syndicats. Au cœur de ce vaste plan d’austérité, 80% des suppressions concernent le 1er degré. Quatre mois plus tard, Michel Barnier n’est plus Premier ministre et son successeur, François Bayrou, revient sur cette suppression. Jeudi 6 février, l’Assemblée nationale adopte définitivement son budget 2025. L’enseignement scolaire reste le premier poste budgétaire de l’État avec 88,6 milliards d’euros de crédits de paiement, deux de plus qu’en 2024. Dans le détail, 27,4 milliards d’euros sont consacrés à l’enseignement public de premier degré.
Une semaine plus tard, le directeur académique des services de l’Éducation nationale (DASEN) dans le Doubs, Samuel Rouzet, rencontre les syndicats enseignants pour échanger sur la carte scolaire prévue à la rentrée 2025. Le CSA-SD (Comité Social d’Administration Spécial Départemental), une première étape pour connaître les moyens réels alloués à l’École dans le Doubs. « Face à nous, il y avait quelqu’un à l’écoute et surtout, qui connaissait les attentes et besoins du territoire. Ça faisait très longtemps que ce n’était pas arrivé », souligne Amélie Lapprand, co-secrétaire du syndicat majoritaire SNUiPP – FSU25. « On a eu très peur en octobre. Finalement, en croisant les données, avec 2000 élèves en moins et 12 postes à rendre, on se dit qu’on a échappé au pire. Effectivement Mr.Rouzet et son équipe ont été à l’écoute. », poursuit Coralie Curty, co-secrétaire à l’UNSA du Doubs.
77 fermetures annoncées pour 30 ouvertures
L’académie envisage d’abord la fermeture de 88 classes dans le 1er degré et dans le département, pour 29 ouvertures. Ce jeudi 13 février, les syndicats ont poussé l’inspecteur à revoir sa copie : 77 fermetures sont annoncées pour 30 ouvertures dans le Doubs et 12 postes « à rendre ». Face à la baisse démographique rencontrée depuis plusieurs années dans le 1er degré « certaines fermetures se justifient, d’autres moins, mais dans l’ensemble c’est relativement juste », souligne Coralie Curty. Signe d’une évolution positive, les différents syndicats se sont majoritairement abstenus au moment de voter pour cette carte scolaire 2025. « On ne pouvait pas voter pour. Les décisions vont dans le bon sens, il y a moins de fermetures actées que sur les prévisions, le gouvernement est revenu sur cette suppression de 4000 postes, 15 nouveaux postes de remplaçants sont annoncés pour le Doubs. Néanmoins, on reste loin du compte même si localement, un vrai travail est fait par l’académie. On le reconnaît en s’abstenant », ajoute Amélie Lapprand avant de résumer : « on nous a annoncé le pire pour nous faire avaler quelque chose de pas top. On ne peut pas être satisfait d’avoir une dotation négative sur le département ».
Si le conseil départemental de l’Éducation nationale (CDEN) doit encore valider le 18 mars ce projet de carte scolaire, les grandes lignes ont été dessinées.
La crainte d’un « plan de fusion » excessif
À son arrivé l’an passé, le directeur académique des services de l’Éducation nationale Samuel Rouzet s’est montré favorable à l’intensification des fusions entre écoles. C’est notamment le cas pour l’école maternelle et élémentaire Joliot Curie à Pontarlier. D’autres négociations n’ont pas abouti pour cette rentrée 2025, avec l’annulation de la fusion des écoles Breuil et Terreaux de Baume-les-Dames. « Sur le terrain, une fusion signifie toujours des fermetures de classes et des postes en moins pour des économies budgétaires », tranche Amélie Lapprand. « À Pontarlier, on découvre un projet de fusion pour l’école Cordier. Seuls quelques collègues dans le groupe de travail étaient au courant ». L’UNSA du Doubs s’est également opposé au projet de fusion à Baume-les-Dames : « aucun enseignant n’était au courant, le projet n’était pas assez travaillé et l’inspecteur académique l’a bien compris, donc tout est repoussé », commente Coralie Curty.
Deux jours après cette réunion du CSA-SD, les syndicats d’enseignants ont eu écho d’un autre projet de fusion, du côté de Morteau. « Ça confirme cette impression qu’un plan de fusion est en place le plus discrètement possible », glisse Amélie Lapprand.
Pour cette rentrée 2025, l’Académie prévoit dans le premier degré une moyenne de 20,69 élèves par classe dans le Doubs avec un taux d’encadrement de 6,25 professeurs pour 100 élèves (contre 6,13 au niveau national et 5,76 dans l’académie à la rentrée 2019, ndlr). « Les conditions dans le 1er degré dans le Doubs n’ont jamais été aussi favorables dans les chiffres », abonde Coralie Curty. « Reste à le matérialiser avec une meilleure qualité d’enseignement ». « Ce que ne prend pas en compte le ministère de l’Éducation nationale dans la construction de son budget, c’est le nouveau profil des élèves », analyse Amélie Lapprand. « L’inclusion d’élèves à besoin éducatif particulier, dont le syndicat se félicite, n’est pas suivie de moyens supplémentaires, ni de formation. C’est une énergie mobilisée importante, une autre manière d’enseigner. Depuis quelques années, s’ajoutent des élèves avec un comportement explosif, des soucis de langage, d’attention. Il y a plusieurs facteurs à cela, mais gérer une classe à 30 dans ces conditions, c’est impossible ». Deux phases d’ajustements sont prévues en juin et en septembre, pour préciser cette carte scolaire 2025.
M.S