Région. Les Chambres de métiers fêtent leur centenaire

Le 17 juin, Manuela Morgadinho, Présidente de la Chambre des Métiers de l’Artisanat du Doubs accueillait les artisans du département pour des remises de prix et la célébration locale de l’anniversaire des Chambres des Métiers.

264
Manuela Morgadinho fête l’anniversaire des Chambres des Métiers
le 17 juin, la Présidente Manuela Morgadinho et l'équipe de la chambre des métiers et de l'artisanat du Doubs, fêtaient les 100 ans de la chambre consulaire des artisans. L'occasion de célébrer des artisans témoins des valeurs de l'artisanat ©YQ

La vie sociale dans les territoires, on la doit en grande partie aux 14 000 artisans qui œuvrent avec passion et compétences dans plus de 250 métiers différents dans le Doubs.


1925, l’État reconnaît la spécificité de l’artisanat

C’est à l’initiative de Joseph Courtier, avocat et parlementaire de Haute-Marne que les chambres de métiers sont créées pour structurer et représenter les artisans. En 100 ans, leurs missions n’ont cessé d’évoluer en matière de formation et d’apprentissage (l’ADN des Chambres de métiers), dans l’accompagnement et le développement des entreprises artisanales et enfin pour la défense et la représentation des intérêts spécifiques de l’artisanat dans l’économie nationale.

Première entreprise de France

On compte près de 2,5 millions d’entreprises artisanales au plan national employant plus de 3 millions de collaborateurs dont 23% de femmes. Ce sont 250 métiers différents dans plus de 500 activités. « Les artisans sont garants de savoir-faire exceptionnels, souvent ancestraux, capables de s’adapter aux évolutions de la société et soucieux de transmettre » a rappelé Manuela Morgadinho.

L’apprentissage, ADN de l’artisanat

Dès 1937, les Chambres de Métiers gèrent l’essentiel de l’apprentissage et c’est en 1971 que sont créés les CFA. « En 2024, 10 000 jeunes ont signé un contrat d’apprentissage dans le Doubs » souligne la présidente de la CMA du Doubs. Manuela Morgadinho note également la féminisation de certains métiers dans la construction ou la taille de pierre par exemple. Les artisans le répètent à l’envi « l’apprentissage est une voie d’excellence », un message à faire passer dans les écoles et les collèges, auprès des professeurs comme des parents.

L’artisanat, plutôt en bonne santé…fragile !

Comme pour toutes les entreprises, les artisans souffrent des allers-retours de réglementations les privant de toute visibilité dans l’avenir de leur entreprise. C’est particulièrement le cas pour le dispositif « MaPrimRénov’ ». Plus spécifiquement à Besançon, les artisans sont confrontés en permanence aux diktats de la police municipale. « Je me suis garé hors d’un stationnement autorisé rue Battant pour décharger une palette de carrelages pour refaire la salle de bains d’un client…Quelques minutes plus tard, ma camionnette était verbalisée sans autre forme de procès » témoigne un artisan du bâtiment. « Comment rénover le centre ancien de Besançon, l’adapter au changement climatique et priver les artisans d’accéder à leurs chantiers…ou alors à vélo » ironise-t-il !

Des artisans mis à l’honneur

Avalanche de récompenses à la soirée des 100 ans des Chambres de métiers. Plusieurs artisans ont été récompensés pour avoir su préserver les valeurs de l’artisanat, un savoir-faire souvent unique et avoir accueilli de nombreux apprentis :

La marbrerie Boucon à Villars Saint Georges incarne une tradition familiale depuis 170 ans. Cinq générations ont façonné cette entreprise autour des métiers de la pierre ;

La boulangerie Viennet à Villers le Lac, exemple d’un artisan chez qui sont passés des générations d’apprentis ;

La cordonnerie Grau rue Bersot à Besançon, une transmission assurée entre un artisan et son ancien apprenti ;

La charpenterie Piguet à Franois, Usimicron à Besançon, chocolaterie Le Criollo à Chalezeule, fromagerie Lehmann à Vieux-Charmont, Demoly à Tarcenay ou Thierry Ducret, horloger à Morteau. Le Prix des métiers d’Art 2024 est revenu à Olivier Cholley de Valentigney pour ses créations de luminaires en pierre.

La vie économique, la vie tout court, n’existe qu’au travers des artisans qui perpétuent les traditions ancestrales depuis des siècles. Le nom des rues de villes et de villages en sont la preuve : rue des granges, rue des huiliers, rue des tanneurs, rue des poissonniers, rue des boucheries… !

Yves Quemeneur