
En CP, lorsqu’il faut marquer son métier sur un petit bout de papier, Sofiane Remini n’a pas hésité une seule seconde : pilote. Aujourd’hui, a 25 ans, il touche son rêve du doigt. En formation pour devenir pilote de ligne, le pontissalien s’envole à la mi-août pour Phoenix aux États-Unis afin de commencer son apprentissage pratique avant de terminer ses heures début 2026 à Milan, en Italie. À l’issue, il travaillera pour EasyJet en Europe, sans savoir encore le lieu de sa base. Si désormais, son avenir semble tracé, il a fallu faire preuve de persévérance.
La tête dans les airs mais les pieds sur terre
« J’avais des grosses difficultés scolaires dès la maternelle. Il fallait que je révise trois fois plus pour avoir la même note que les autres, voire moins. Et ce, jusqu’à ma classe préparatoire », se souvient Sofiane Remini. Malgré cela, il n’a jamais rien lâché. À son arrivée sur les bancs du collège Lucie-Aubrac, il bénéficie du Programme de Réussite Éducative (PRE). « Personne ne croyait en moi. Le monde adulte ne m’a pas soutenu. Au PRE, c’est la première personne qui m’a cru et qui m’a poussé à continuer en révisant davantage ». Un état d’esprit et une persévérance qui lui permettent de poursuivre ses études au Lycée Jules Haag à Besançon avant de valider un bac S et de rejoindre une classe préparatoire spécialité physique-chimie-sciences de l’ingénieur à Auxerre. Il s’émancipe à ses 20 ans et en 2022, il valide une licence de physique fondamentale à l’université de Paris-Saclay.

Après avoir bravé les difficultés scolaires, il lui fallait surmonter un autre obstacle majeur : financer une formation très coûteuse. « Je débourse 102 000€ en 18 mois, sans compter le mode de vie où il faut rajouter minimum 20 000€, notamment pour les déplacements à l’étranger. Je n’ai pas de garant bancaire ». Pas de quoi le décourager. En 2022, il met ses études entre parenthèses pour travailler pendant deux ans et demi en Suisse dans le but d’épargner pour payer son école en Belgique. « Au début, je n’avais pas d’appartement car je n’avais pas encore mon contrat de travail. Je me souviens avoir marché le long de la frontière avec ma tente et une grosse couverture. Une fois le premier jour passé et mon contrat dans les mains, j’ai pu aller voir mon propriétaire le soir-même. Ensuite, pendant ces deux années, je me suis contenté du strict minimum : essence, loyer, assurance auto, alimentation et hygiène ». Des sacrifices qui paient aujourd’hui. Le pontissalien a démarré sa formation en septembre 2024.
Engagé auprès des jeunes
S’il évolue loin de la Franche-Comté, Sofiane n’oublie pas sa ville. Après avoir réalisé des aides aux devoirs, il s’est porté volontaire pour animer un chantier jeunes à Pontarlier. « Je trouve qu’il y a une vraie beauté dans le fait de recevoir, évoluer, puis de redonner. C’est un cercle vertueux, et je crois qu’il peut vraiment inspirer et faire évoluer la société dans le bon sens. Je veux prouver que c’est possible, en ne partant de rien. Beaucoup de gens m’ont découragé, mais j’avais cette flamme en moi. Ça m’a frustré toute mon enfance. Il faut s’instruire là-dessus, sur ce métier, et trouver des solutions plutôt que des problèmes ». Un engagement qui lui a valu d’obtenir la médaille de citoyen d’honneur le 14 juillet.