Cela fait presque tache de prendre un petit-déjeuner industriel avec un boulanger devenu le représentant de l’artisanat et du savoir-faire au Parti socialiste. Qu’importe, Stéphane Ravacley n’est pas rancunier. En arrivant ce mardi 16 septembre 2025, la silhouette du militant n’a pas changé. Les dizaines d’années de labeur ne s’effacent pas, physiquement comme psychologiquement. « J’ai commencé en boulangerie à 16 ans et je pensais que j’étais destiné à cette vie pour toujours ». Cette grève de la faim entamée au fond de la Huche à Pains, rue Rivotte, lui a pourtant offert « une seconde vie ».
La grève de la faim pour son apprenti
C’est le point de départ du documentaire de France 3, diffusé ce lundi 22 septembre à 22h50, sur l’antenne nationale. Un reportage de 57 minutes pour condenser trois années de combat, à commencer donc, par la régularisation de Laye Fodé Traoré. Cet apprenti boulanger, mineur d’origine guinéenne et sans papiers, est en formation auprès de Stéphane Ravacley lorsqu’il reçoit à sa majorité une obligation de quitter le territoire (OQTF).
La « loi Ravacley » et l’aide à l’Ukraine
Cette victoire lui permet de rencontrer le sénateur Jérôme Durain avec qui il co-construit la loi « Ravacley » déposée en octobre 2021. Le texte, visant à favoriser la régularisation des mineurs étrangers devenus majeurs et en parcours d’insertion, est rejeté par 237 voix contre 107. « Il est aujourd’hui dans les tuyaux, c’est une base pour permettre à d’autres de s’en saisir », se contente le boulanger. De ce premier combat naît aussi l’association Patron.ne.s Solidaires, créée en décembre 2021 pour soutenir les dirigeants et jeunes apprentis migrants sous OQTF. Deux mois plus tard, au lendemain de l’envahissement russe en Ukraine, le 24 février 2022, le boulanger lance un appel largement relayé pour former un convoi humanitaire jusqu’en Pologne. Les Convois Solidaires fonctionnent toujours aujourd’hui. Le fondateur de ces deux associations, lui, a pourtant été écarté rapidement. Le résultat d’une incompatibilité entre des bénévoles apolitiques et un boulanger devenu candidat à l’élection législative de 2022 dans la seconde circonscription du Doubs. Approché par le Parti socialiste (PS) pour finalement être apparenté Les Écologistes soutenu par la NUPES, Stéphane Ravacley arrive en tête du premier tour avant d’être devancé par Eric Alauzet (LREM), au second tour.
« Motiver les gens comme moi »
Cette défaite conclut le documentaire. L’intéressé la raconte aujourd’hui comme une victoire. « Ce reportage, j’espère qu’il permettra à des gens de la société qui comme moi, pensent ne rien pouvoir faire depuis chez eux, pensent être condamnés à vivre leur vie malgré l’envie de bouger les choses face à l’injustice. Je n’étais qu’un boulanger qui est allé jusqu’au Sénat ».
Un militant PS qui refuse de soutenir Jean-Sébastien Leuba
Depuis, Stéphane Ravacley a vendu son commerce et a intégré le bureau du Parti socialiste comme secrétaire national sur l’artisanat et le petit commerce. Pendant deux ans, le militant a sillonné la France, à la rencontre des « petits patrons » afin de recueillir leurs doléances. S’il a apprécié rencontrer Olivier Faure, le bisontin « reste libre » et refuse de prendre part à la campagne municipale bisontine. Pas question de soutenir Jean-Sébastien Leuba, candidat investi par l’alliance PS – Place Publique. « J’ai voté pour Olivier Faure lors du renouvellement du bureau national mais cela ne donne pas un blanc-seing à M.Leuba pour autant. Je ne suis pas en phase avec le personnage, j’estime qu’un homme qui a perdu à deux délégations au conseil municipal et pose un problème auprès de nombreuses personnes, ne peut pas porter une liste. J’évite le bureau PS dans le Doubs et pourtant je suis ravi de voir le parcours de Jérôme Durain. Mon combat désormais, c’est de porter ce documentaire ».
Le documentaire est à retrouver en replay sur la plateforme France TV et le site FranceTV.Fr
M.S