
Inutile de faire campagne lors de l’élection présidentielle de 2022 face à Marine Le Pen, malgré un premier mandat jonché de crises sociales majeures. Les Français sont trop bons, le barrage républicain fonctionne en l’absence de débats. Il suffit de garder la même stratégie pour les élections législatives quelques mois plus tard. Le bloc central est le choix de la raison, Les Républicains, eux, promettent encore d’être dans l’opposition. Pendant ce temps, l’extrême-droite grossit ses rangs. Tout le monde pressent un changement à l’exception du « Mozart de la finance ». Le temps de la majorité relative est arrivé et avec lui les négociations de pacotilles au détriment d’électeurs qui ont pourtant permis au locataire de l’Élysée d’y rester pour un second mandat. Les élections européennes pointent le bout de leur nez dans un contexte de défiance massif construit au fil de déclarations médiatiques ubuesques, de mensonges, d’une inflation imputée exclusivement ou presque à la guerre en Ukraine et de l’incessante utilisation de l’article 49.3 de la Constitution comme pour la réforme des retraites, conspuée mais adoptée. L’écrasante victoire du Rassemblement National est inéluctable avant d’être invisibilisée par une dissolution de l’Assemblée nationale aux allures de déflagration à l’été 2024. Cette « grenade dégoupillée » pour « plus de clarté » morcèle un peu plus le Palais Bourbon. Les électeurs « utiles » du second tour en 2022 placent cette fois le Nouveau Front Populaire en tête quand le Rassemblement National devient le premier parti avec 123 députés. Dans cette confusion totale, les fidèles soutiens du Président ne jurent que par la « stabilité ». Quelle stabilité ? Insignifiants dans les urnes, Les Républicains flairent le bon coup et deviennent les alliés d’une tambouille incompréhensible quant à gauche, l’alliance implose. Deux censures, quatre Premiers ministres, autant de gouvernements et nous voilà ce lundi 6 octobre 2025. Le dernier a tenu 14h et 26 minutes avant d’être lui aussi démissionnaire tout en succédant à d’autres ministres déjà sur le départ. Sébastien Lecornu est chargé de négocier une alliance pour son successeur même s’il ignore encore son nom. Cette comédie tragique est signée Emmanuel Macron. Un chef d’œuvre intitulé « Moi ou le chaos », dont il est le personnage principal. Ses alliés ont eu des années pour montrer leur(s) désaccord(s), affronter leur « Président jupitérien », tenter de redresser cette lente et inévitable chute. Ce n’est qu’au moment de prendre sa place qu’ils ressentent le besoin de s’exprimer publiquement. La démission du Président de la République est impossible ou presque avec les règles d’une Ve République à bout de souffle. Une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale est bien plus probable, Emmanuel Macron a d’ailleurs rencontré les deux présidents des Chambres ce mardi 7 octobre, la première étape de ce processus. Les Préfectures doivent se tenir prêtes à organiser des législatives au mois de novembre en cas d’échec de ces ultimes négociations. Pour parvenir à un accord, la suspension de la réforme de retraites est carrément posée sur la table. Cette fameuse table où seuls ceux souhaitant sauver leur peau veulent encore s’asseoir. Mercredi 8 octobre, Sébastien Lecornu affirmait que la nomination d’un nouveau Premier ministre était encore possible. Encore ? Au milieu de cette désolation, les Français, si souvent invoqués, observent avec effarement la fin d’un règne qu’ils appellent plus que jamais de leurs voeux.