Franche-Comté. Dermatose nodulaire : « Il nous faut éradiquer la maladie, et non la contrôler »

La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, était en visite au GAEC de L’Espoir à Chaussenans dans le Jura ce vendredi 17 octobre pour une campagne de vaccination, après la confirmation de trois foyers de contamination à la dermatose nodulaire contagieuse à Écleux (un quatrième cas a été détecté après la visite de la ministre, ndlr). Elle a insisté sur les mesures de restriction de mouvements des bovins avec des amendes données en cas de non-respect. Certains éleveurs, considérés comme « des héros » selon la ministre, ont dû abattre leurs troupeaux au nom de l’intérêt général.

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Annie Genevard était en déplacement au GAEC de l'Espoir à Chaussenans dans le Jura
Annie Genevard était en déplacement au GAEC de l'Espoir à Chaussenans dans le Jura pour une campagne de vaccination contre la dermatose nodulaire ©Cassandra Tempesta

Plus de 250. C’est le nombre de bovins qui ont dû être abattus à Écleux dans le Jura, depuis l’apparition de quatre foyers de dermatose nodulaire contagieuse depuis le samedi 11 octobre. Apparue le 29 juin dernier dans les deux Savoie, cette maladie touche les bovins, et n’est pas dangereuse pour l’Homme. Plus de 1700 animaux au total ont été abattus en France, et les foyers continuent d’affluer : 70 dans les deux Savoie, quatre dans le Jura, trois en Occitanie et un dans l’Ain. Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, de l’Agro-alimentaire et de la Souveraineté alimentaire, était en visite ce vendredi 17 octobre au GAEC de l’Espoir à Chaussenans dans le Jura, dans la zone réglementée autour d’Ecleux de 50 km, pour assister à une campagne de vaccination des 115 vaches laitières de l’exploitation. « D’ici le 22 octobre, les Savoie vont redevenir zone indemne, et ça c’est une grande victoire. C’est aussi un message d’espoir que je veux délivrer aux Jurassiens : il y a une perspective mais il faut une chose, c’est bien respecter les consignes », affirme la ministre. 

Pour Annie Genevard, « la vaccination est un pilier essentiel contre la maladie qui doit être éradiquée » ©Cassandra Tempesta

Des délais de vaccination « hors normes »

La stratégie mise en place dans le Jura est la même que celle déployée en Savoie et Haute-Savoie : dépeuplement des foyers infectés, vaccination massive obligatoire dans les zones réglementées et restrictions de mouvements bovins. « Nous sommes ici dans une exploitation où nous allons assister à la vaccination. Elle est un pilier essentiel de la lutte contre la maladie qu’il faut, je le rappelle, l’éradiquer, non la contrôler. Je crois que pour qu’une stratégie fonctionne, il faut qu’elle soit respectée par tous et l’immense majorité des éleveurs et professionnels respectent les consignes ».

Annie Genevard discute avec les deux associés du GAEC de l’Espoir, Laurent Masson et Thierry Vallet ©Cassandra Tempesta

L’État prend en charge intégralement la vaccination ainsi que toute la logistique de l’acheminement. Une maladie qui inquiète les éleveurs, dont Laurent Masson, co-associé du GAEC de l’Espoir qui a accueilli Annie Genevard ce 17 octobre. « On est dans l’angoisse. On inspecte nos animaux et on a une pensée à tous nos collègues ». Il se demande, comme d’autres éleveurs, pourquoi les vaccins ne sont pas arrivés plus tôt. « Le cas foyer (le 1er à Écleux, ndlr), a été confirmé samedi soir (11 octobre, ndlr). Le temps d’acheminement des vaccins et de leur déploiement s’est fait dès jeudi (16 octobre, ndlr). Quatre jours. Ce sont des délais hors normes, on sait faire. Les vaccins sont concentrés sur des zones où il y a des cas foyers. Quand vous vaccinez sur un territoire, il n’est plus indemne, vous ne pouvez plus commercer, c’est un arbitrage compliqué », explique Annie Genevard. 

Laurent Masson est l’un des deux associés du GAEC de l’Espoir à Chaussenans ©Cassandra Tempesta

Les éleveurs victimes du dépeuplement de leur cheptel considérés comme « des héros »

Nicolas Zinzius est le vétérinaire à avoir vacciné les 115 vaches laitières du GAEC de l’Espoir ce vendredi 17 octobre. Au total, avec ses équipes, ils doivent vacciner 24 000 bovins. « On espère être à 95% d’injections d’ici la Toussaint. Le mot d’ordre est que les animaux ne bougent pas pour ne pas disséminer la maladie. Il faut être raisonnable et éviter une dissémination de la maladie. Même si c’est dur, laissez vos animaux en place. On ira les vacciner où qu’il faille les vacciner, les prés, les bétaillères, les champs, partout mais ne bougez pas, ne laissez pas la maladie circuler dans tous les sens », rappelle le vétérinaire. 

Nicolas Zinzius est le vétérinaire qui a vacciné les 115 vaches laitières du GAEC de l’Espoir à Chaussenans ©Cassandra Tempesta

Les trois cheptels à Écleux ont été dépeuplés. Une mesure terrible pour les éleveurs mais également pour les vétérinaires. « Psychologiquement, c’est horrible. Il n’y a aucun plaisir à le faire. On le fait pour la protection des populations pour que le moins possible ait à subir ça. En sacrifiant leurs troupeaux, les éleveurs ont pour but de protéger leurs collègues. Eux, faut les voir comme des surhommes. Ce sont des gens qu’il faut mettre sur un piédestal. Il y en a qui acceptent de tout perdre pour protéger les autres ». Une vision partagée par Annie Genevard qui les considère comme « les héros de cette histoire. Ce qu’ils vivent est extrêmement difficile ».

La ministre de l’Agriculture a assisté à la vaccination des 115 vaches laitières ce 17 octobre ©Cassandra Tempesta

Deux amendes pour des mouvements de bovins dans le Jura

Le matin, elle annonçait de nouvelles mesures : l’interdiction de tout rassemblement “festif” (concours, foires, salons, etc) de bovins sur tout le territoire métropolitain ; l’interdiction dans l’ensemble des régions comprenant une zone réglementée (Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté et Occitanie) des marchés de bovins destinés à l’élevage ; l’interdiction de toute sortie de bovins du territoire métropolitain pour éviter la diffusion du virus hors de France. Des sanctions seront appliquées aux contrevenants : amende en cas de non-respect des mesures de limitation des mouvements, augmentée en cas de récidive, non dédommagement par l’État pour le dépeuplement si les infections résultent de comportements interdits. Ces mesures ont pris effet dès le 18 octobre et sont valables jusqu’au 4 novembre inclus. Elles seront levées le 5 novembre, si la situation sanitaire le permet. Le préfet du Jura, Pierre-Édouard Colliex, a annoncé qu’en une semaine, deux amendes avaient été dressées dans le Jura.