Bernard Champreux, président régional et vice-président national à la restauration de l’UMIH

L’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie a tenu lors de ces semaines de campagne électorale à rappeler quelques-uns de ses revendications et priorités, indispensables à la survie de nombreuses entreprises de ce secteur d’activité.

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La situation actuelle dans votre profession est-elle inquiétante ?

Un seul chiffre permet de mesurer le caractère urgent de la situation : une baisse de 25% de la fréquentation dans nos établissements depuis le début de l’année. Alors certes, la météo depuis le printemps n’a pas été favorable et le début de la haute saison se fait attendre, mais il y a aussi fort à parier que la situation politique actuelle très indécise pèse sur la consommation. Une situation qui s’ajoute à la flambée des coûts de l’énergie que nous subissons de plein fouet depuis plusieurs mois. Certains sont passés d’une facture annuelle de gaz et électricité de 5 000 à 45 000€, c’est très difficile à supporter pour une entreprise.

 

Vous en profitez pour rappeler des mesures que vous attendez avec impatience. Lesquelles ?

L’une des plus importantes est l’aide dont nous avons besoin pour faciliter la transition écologique de nos entreprises. C’est un virage qu’on l’on veut tous prendre car c’est indispensable nous en sommes tous convaincus, mais la loi AGEC relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire est trop contraignante en l’état. Dans des établissements qui sont le plus souvent familiaux, avec moins de 10 personnes, on nous demande des efforts importants quant aux emballages, aux déchets et biodéchets, aux économies d’énergie… oui, nous y sommes prêts, mais l’Etat doit nous y aider.

 

Vous visez également les meublés touristiques. Pourquoi ?

Il faut impérativement que ces logements soient enregistrés par les communes ou les intercommunalités car ils ont une activité économique et exercent face à nous une concurrence déloyale. On peut l’assimiler au travail illégal dont sont victimes les artisans. C’est d’autant plus dommage que cela prive aussi les collectivités de fonds puisque ces personnes ne collectent pas la taxe de séjour qui pourrait permettre de meilleurs investissements pour le développement touristique.

 

Cette clientèle qui se tourne vers les autres hébergements, comment la récupérer ?

Dans l’hôtellerie, notre principal point fort est de garantir la sécurité des personnes que nous accueillons avec une présence dans l’établissement jour et nuit en cas de problème. La réglementation drastique en matière de propreté est également un atout pour nous tout comme l’accueil. En fait, nous sommes sur le même créneau de l’hébergement mais on ne nous impose pas les mêmes règles du jeu ce qui est anormal. On demande donc au moins l’équité entre les différents concurrents.

 

Un autre sujet vous préoccupe, le recrutement ?

Au niveau national, il nous manque en effet 200 000 salariés. Pour la Franche-Comté, on estime ce chiffre à 500. Un manque de personnel qui oblige certains établissements à réduire leurs horaires d’ouverture. On entend souvent dire qu’il faut rendre les métiers de l’hôtellerie et de la restauration plus attractifs car les horaires notamment sont compliqués. C’est vrai, mais il faut savoir qu’une réflexion est lancée au niveau de la branche pour passer à la semaine de 4 jours. Des employeurs font aussi beaucoup d’efforts en accordant certains week-ends de congés par exemple.

 

Les salaires ne sont-ils pas à la hauteur ?

Il y a là aussi des idées reçues, d’autant plus que la grille a été réévaluée l’an dernier. Nos employés ne sont pas sous-payés et sont très souvent rémunérés bien au-delà du smic. Prenez le cas d’un serveur ou d’un chef de cuisine, selon son expérience, son salaire net mensuel se situe entre 1 800 et 2 500€. Et croyez bien que l’on aimerait pouvoir aller au-delà mais là, nous nous heurtons à la lourdeur des charges sociales.

 

Quel est votre avis sur les tickets restaurants ?

Le gouvernement a permis leur utilisation dans les grandes surfaces et les commerces, ce qui évidemment nous a pénalisés. Ne pensez-vous pas qu’avec un ticket à 9,70 €, il est préférable de s’attabler dans un restaurant pour y être servi avec des produits de qualité plutôt que d’aller acheter des sandwichs à la valeur diététique discutable ? Encore faut-il que sur les plats du jours on nous accorde une TVA à 5,5 % alors qu’elle est à 10 % aujourd’hui.

 

Comment voyez-vous les restaurants de demain ?

Il y a plusieurs impératifs… Etre capables de produire un plat du jour avec dessert pour moins de 20 € tout en garantissant une qualité irréprochable et une vraie transparence alimentaire reconnaissant notamment les efforts que nous fournissons pour favoriser les circuits courts.