Besançon. À Battant, la Ville tente la médiation, les habitants veulent plus de répression

La salle de réunion de la City était pleine à craquer le mercredi 16 avril pour entendre et si possible écouter les habitants du quartier Battant et apaiser les tensions.

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Réunion publique quartier Battant
Les habitants de Battant avaient répondu nombreux à la réunion publique concernant le quartier Battant. Beaucoup de questions....moins de réponses ! ©YQ

La réunion a débuté par une large explication de textes sur les Quartiers Prioritaires de la Ville avant d’entamer un débat auquel participaient Anne Vignot la Maire de Besançon, Laurent Perrault Directeur interdépartemental de la Police Nationale, Etienne Manteaux Procureur de la République, Manon Redoutey Déléguée du préfet aux quartiers prioritaires et Jennifer Rousselle Directrice de Cabinet du Préfet Rémi Bastille.

Cinq axes prioritaires de l’action publique  

  1. Redynamiser la vie sociale en lien avec la maison de quartier et les associations.
  2. S’approprier collectivement les espaces publics et les rues du quartier.
  3. Intégrer de façon harmonieuse les services et les équipements sociaux.
  4. Valoriser les espaces collaboratifs.
  5. Garantir une offre culturelle et éducative pour les enfants et les adolescents.

Le constat d’un quartier paupérisé

Pour Anne Vignot « faire de Battant un quartier prioritaire est une bonne nouvelle, c’est positif ». En creux, la Maire se contente d’un quartier pauvre où presque 50% de la population active est sans emploi, 10% en emplois précaires. Seulement 26% de la population est dans un emploi stable.

Pourtant, l’école élémentaire d’Arènes fait partie des 25% d’établissements primaires les plus favorisés de Besançon. 8% des logements sociaux de Battant sont vacants, à l’heure où les tensions immobilières s’accentuent.

Les bornes, un sujet qui continue à diviser

Un résident de la rue Battant lâche : « vous punissez les habitants du quartier avec les bornes, on ne peut plus rentrer chez nous ! » Une habitante du quai de Strasbourg répond du tac au tac : « J’habite quai de Strasbourg et j’ai un garage rue Battant. Je n’ai eu aucune difficulté à inscrire ma voiture ». Elle souligne également un quai plus apaisé et tranquille avec moins de voitures, particulièrement le soir. Ce n’est pas l’avis d’un troisième habitant qui a un enfant handicapé. « Les minibus affrétés par le département pour conduire mon enfant dans une institution adaptée, ne peuvent pas être identifiés pour les ouvertures de bornes. Ce serait pourtant simple que ces bus de service public aient une ouverture des bornes en permanence ». Les prises de notes s’intensifient.

« Un village merveilleux »

C’est le terme employé par une habitante de la Place Jouffroy. Nouvellement arrivée dans le quartier « c’est un chouette quartier et je fais preuve d’humanité avec la population à la rue » ! Bronca dans la salle : « être humain avec les SDF, ça ne marche pas ». Un voisin va même jusqu’à lui dire : « je vais vous envoyer les personnes alcoolisées et droguées chez vous… » Dans ce débat intense, une habitante dérape, avec des propos racistes : « je ne peux pas me promener avec ma maman âgée sur le quai…des …occupent les bancs toute la journée ».

« Nous avons transformé les espaces publics »

Prise de parole concernant le quartier battant
Laurent Perrault Directeur interdépartemental de la Police Nationale, Jennifer Rousselle Directrice de Cabinet du Préfet du Doubs, Anne Vignot Maire de Besançon et Etienne Manteaux Procureur de la République de Besançon, ont écouté et « entendu » les soucis du quotidien des habitants du quartier Battant ©YQ

Malgré les nombreux témoignages de colère, Anne Vignot choisit de positiver. « Je suis fière, nous sommes tous très fiers des travaux entrepris dans la rue de Vignier et la rue de l’école. Nous allons réhabiliter la salle Battant », poursuit La Maire tout en refusant le sentiment d’insécurité dans le quartier : « nous avons pris la décision de fermer les épiceries de nuit et nous réinventons la médiation sociale ».

Agir sur les addictions

Anne Vignot prône la création d’une « halte soins addictions » tout en précisant que ce lieu de prévention et de soins pourrait être mobile : « je n’ai jamais prétendu ouvrir une salle de shoot à Battant ». Une précision qui n’a pas rassuré les habitants du quartier qui se plaignent de l’accumulation en un seul endroit (notamment la rue Champrond) de tous les services sociaux. Pour réduire les lieux de deal éventuels, Loge.gbm, le bailleur social de l’agglomération, a mis en place un poste de gardien d’immeuble afin de veiller à la tranquillité des résidents.

Une insécurité diffuse

C’est le terme employé par Etienne Manteaux. Le Procureur de la République dont c’était la dernière sortie officielle explique : « contrairement à d’autres quartiers de Besançon, Battant oscille entre incivilités et délinquance. Il faut donc y associer prévention et répression ». Un habitant, résident de longue date dans le quartier, est excédé : « l’urine sur les murs, les déjections sur les trottoirs, les bouteilles cassées qui jonchent le sol, ce n’est plus possible. C’est illégal…pourquoi ne pas prononcer des TIG et les obliger à nettoyer l’espace public ? » Etienne Manteaux rappelle que ces incivilités sont punies par la loi avec une contravention de 2ème classe. Il est donc impossible de prononcer une peine de TIG. Pour de nombreux participants à la réunion « il suffit alors de changer la loi et de considérer ces incivilités comme des délits ».

Tapage nocturne, salubrité, propreté, agressions verbales, c’est le lot quotidien des habitants de Battant. Et comme l’a souligné une participante « ce n’est pas avec deux médiateurs agissant de la place Pasteur à la place de la Révolution, du square Bouchot à la place Marulaz que les problèmes seront résolus ». La conclusion appartenait à Sylvain, l’un des signataires de la pétition pour un quartier apaisé : « nous ne demandons pas grand-chose au final. Que vous nous débarrassiez des quelques individus qui nous pourrissent la vie entre 22h et 1h du matin ». Une remarque loin des excès.

Yves Quemeneur