Besançon : bataille de chiffres autour des besoins sociaux, toujours plus importants

Pendant près d’une heure, les élus de la Ville ont manié chacun à leur avantage les différents chiffres des besoins sociaux et de la pauvreté à Besançon, toujours plus importants.

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Ambiance électrique au Conseil municipal de Besançon ©YQ

Depuis le début de son mandat, la majorité de la Ville de Besançon tient à présenter chaque année l’évolution des besoins sociaux sur la collectivité, quand la loi oblige les communes à le faire au moins tous les cinq ans. Un engagement qui offre aux oppositions l’occasion d’attaquer Anne Vignot et son équipe, surtout quand les chiffres ne sont pas bons. Dans les 6 quartiers prioritaires de la Ville (Planoise, Palente-Orchamps, Clairs-Soleils, Montrapon, Battant et Hauts de Saint Claude), le taux de pauvreté frôle 50% de la population et près d’un tiers des foyers perçoit le RSA socle. Alors que le taux de chômage est de 5,9% en moyenne à Besançon, la part des demandeurs d’emploi (tous statuts confondus) atteint plus de 17% dans les QPV. Le constat est d’autant plus alarmant que les défaillances d’entreprises repartent à la hausse et, dans le même temps, 12 250 offres d’emploi ne sont pas pourvues sur le bassin de Besançon. Beaucoup d’autres chiffres ont été brandis au cours de ce débat.

Une baisse de 191 000 € de l’État sur l’aide sociale

La maire aurait-elle été piquée à vif par les remarques de Ludovic Fagaut ? L’élue a d’abord rapidement voulu éteindre les éventuelles polémiques après une intervention d’Agnès Martin, en rappelant la diminution des aides de l’État au niveau de l’aide sociale. « Le CCAS a reçu une notification des crédits accordés sur différents services. […] L’État a décidé d’une forte dégradation de son soutien, avec une baisse cumulée totale de 191 000 €. » 

Faire comme à Nancy ? Pas si simple

Chef de file de l’opposition (Besançon Maintenant) et vice-président en charge de l’action sociale au Département, Ludovic Fagaut a aussitôt rebondit avec des attaques très offensives : « depuis le début du mandat, le taux de pauvreté s’est dégradé à Besançon 5 fois plus vite qu’un niveau national ! Les Quartiers Prioritaires de la Ville (QPV) représentaient 30% de la population en 2020, ils sont aujourd’hui à 46%. […] Avec 23% de taux de pauvreté, Besançon se situe 5 points au-dessus des villes de même strate », explique l’intéressé citant notamment l’exemple de Nancy où le taux de pauvreté est de 18%.

Une première appropriation de certaines données, insinuant que la majorité municipale aurait contribué à l’appauvrissement de la Ville. La stratégie a toutefois déstabilisé Anne Vignot, maladroite dans sa réponse : « nous sommes à 4,55 % d’augmentation de la pauvreté quand la moyenne nationale est plus de 7% entre 2020 et 2021 sur les villes de même strate. Nancy c’est 4,76%. On ne peut pas être fier de ce constat mais les chiffres, on leur fait dire ce qu’on veut. »

Aurélien Laroppe, adjoint en charge de l’urbanisme a apporté plus de clarté en démontant l’exemple de Nancy : « la Ville de Besançon porte à elle-seule 97% du logement social de l’agglomération (GBM) quand le Grand Nancy doit être entre 66 et 70%. ». Dans le détail, les logements sociaux sont beaucoup plus répartis entre les différentes communes de la métropole du Grand Nancy qui en compte 29 743 au total dont 10 885 à Nancy.  « Ça change tout sur le taux de pauvreté. Imputer la pauvreté à une seule ville est une grave erreur d’analyse. », tacle l’adjoint.

La hausse de la pauvreté, elle, est pourtant bien réelle, partout en France. L’adjoint Nicolas Bodin en a profité pour en remettre une petite couche sur la politique économique gouvernementale auprès des plus riches. « Si les milliards avaient été redistribués, peut-être que nous n’en serions pas là ». Visé, Laurent Croizier s’est pris les pieds dans le tapis au moment de répondre, assumant la politique de l’emploi au niveau national : « il y a 2,5 millions d’emplois créés depuis 2017 ! Tout ça, ce sont des gens qui ne sont pas dans la pauvreté ! », avant de vite comprendre sa bourde et se reprendre, « ça limite la pauvreté si vous voulez ! ».

M.S et Y.Q