Ces Bisontines qui ont changé le cours de l’Histoire

L'association Peuples Solidaires Doubs proposait, samedi 26 février, une balade surprise à la découverte de 10 femmes devenues célèbres. Portrait de ces femmes souvent oubliées du grand public qui ont marqué le territoire.

1766
Denise Lorach

Cette journée se déroulait en prélude à la journée internationale pour les droits des femmes le 8 mars prochain. Sous une forme ludique, chaque participant devait résoudre une énigme pour partir à la recherche de ces femmes qui ont marqué Besançon. L’association en a sélectionné une dizaine.

Nicole Bonvalot, dame de Granvelle

En 1527, elle suit son mari, le Garde des sceaux de Charles Quint, à Besançon. Mère de 15 enfants, elle accompagne Nicolas Perrenot, seigneur de Granvelle, dans ses missions à l’étranger. Amie des arts et mécène, elle commande au peintre Van Horley le triptyque de Notre Dame des Sept douleurs pour la chapelle du palais Granvelle. Bienfaitrice, elle finance les salaires de professeurs ainsi que des bourses pour des élèves du collège qu’elle a fondé avec son mari. Nicole Bonvalot témoigne du rôle des femmes dans la société du XVIème siècle.

Jeanne Antide THOURET

Jeanne Antide Thouret, la « sœur du bouillon »

En 1787, la jeune femme entre dans la Compagnie des Filles de la Charité. Elle choisit de s’exiler à la suite de la Révolution, mais reviendra à Besançon en 1797 pour créer une école gratuite pour les filles avec dortoir, pharmacie et réfectoire où elle distribue du bouillon à chaque enfant. Le préfet lui confie la gestion de la prison-hospice de Bellevaux. En 1807, sa communauté est reconnue sous le nom de « Sœurs de la charité de Besançon ». Au fil du temps, son ordre se répand dans le monde entier avec pour philosophie le service aux pauvres. Elle est béatifiée en 1934.

Clarisse Vigoureux, première fouriériste

Née en 1789, veuve à 23 ans avec 3 enfants, cette femme érudite devient la première fouriériste. Séduite par les idées d’égalité et d’émancipation de Charles Fourier, elle sera journaliste pour Le Phalanstère. Elle crée à son tour La phalange journal de la science dont le directeur sera son gendre Victor Considérant. Suite à une manifestation contre Napoléon Bonaparte, la famille, condamnée à l’exil en 1849, part en Belgique puis au Texas. Clarisse y continue la publication de son journal. Elle meurt dans la misère en 1865 en pleine guerre de Sécession. Sa fille et son gendre, amnistiés, rentrent en France. Julie Considérant est enterrée au cimetière des Chaprais et son mari, Victor, au Père Lachaise.

Jenny d’Héricourt

Jenny d’Héricourt, militante de l’émancipation des femmes

Jeanne-Marie Poinsard, de son vrai nom, devient institutrice à 18 ans. Suite à la tentative d’assassinat de son mari, elle choisit la séparation car, en France, le divorce a été abrogé. Sage-femme, romancière, polémiste, militante pour l’émancipation des femmes, elle fonde une « Société de femmes » pour l’affranchissement civil des femmes, la création d’écoles pour les ouvriers des deux sexes et d’influence des élections. Elle collabore à plusieurs revues et ses articles, traduits dans plusieurs langues, posent la question des droits des femmes en Europe. Elle s’oppose à Proudhon, dont la théorie « La femme n’est pas seulement autre que l’homme, elle est moindre » lui fera répondre par l’écriture de « La femme affranchie », livre qui sera censuré. En 1864, elle part à Chicago et collabore à la création d’une ligue internationale de la femme. De retour en France, elle meurt en 1875 et sera enterrée dans la fosse commune du cimetière de Saint-Ouen.

Marie Phisalix Pico, tagrégée de sciences et médecin

Née en 1861, cette femme est l’une des premières Françaises agrégées de sciences et, à 20ans, l’une des premières femmes médecin. Reconnue pour ses travaux sur les animaux venimeux, elle crée un musée d’histoire naturelle dans le Doubs. Vice-Présidente de l’association pour l’amélioration du sort de la femme, cette militante a reçu de nombreuses distinctions scientifiques ainsi que la Légion d’Honneur.

Anne de Chardonnet, l’anticonformiste

Née en 1869, indépendante, intéressée par les mathématiques, l’aviation et les sciences, cette jeune fille de bonne famille dépose 4 brevets de chimie. Passionnée de sculpture, elle doit attendre 1897 pour pouvoir s’inscrire à l’école des Beaux Arts, réservée auparavant exclusivement aux hommes. Adhérente à l’Union des femmes peintres et sculpteurs, elle expose au salon des artistes français. L’une de ses œuvres « Louis XVII au temple » reçoit une critique favorable. Sa façon de vivre font évoluer le regard que la société de l’époque porte sur les femmes.

Suzanne Belperron

Suzanne Belperron, joaillère résistante

A 18 ans, elle remporte le 1er prix du concours des Arts Décoratifs grâce à sa création d’une montre pendentif en or et émaux. A 32 ans elle devient la « directrice artistique et technique exclusive et reconnue » de la maison Herz. Le propriétaire lui vend son entreprise en 1940 pour qu’elle ne soit pas confisquée par les nazis. A la fin de la guerre, cette résistante rendra l’entreprise au fils du fondateur mort en déportation. Ensemble ils créent la maison Herz-Belperron. En 2015, le premier point de vente dédié exclusivement aux bijoux de Suzanne ouvre ses portes sur la 5ème avenue à New York.

Denise Lorach

Denise Lorach, à l’origine du musée de la Résistance et de la Déportation

Déportée à Bergen-Belsen, scandalisée par le peu de documents traitant de la déportation lors de la commémoration en 1964, Jean Minjoz lui propose de créer un musée. Le musée de la Résistance et de la Déportation est inauguré en 1971. Sont notamment exposés les carnets de notes que Germaine Tillon a donné au musée.

Anne Vignot, première édile de Besançon

1ère femme maire à Besançon, cette chercheuse au CNRS a été élue en 2020. Chargée du développement durable, de l’environnement, du cadre de vie et de la transition énergétique dans l’équipe municipale précédente, elle poursuit une politique de développement durable issue de ses convictions pour que l’homme ne vive pas au détriment de la nature mais en harmonie avec.