Covid-19 : enseigner à l’étranger en suivant le programme français, pas si simple…

Professeur d'histoire et géographie dans le seul lycée français d'Algérie, le bisontin Thomas Boillot vit la crise sanitaire dans une situation particulière : si le programme scolaire dépend de l'éducation nationale, il doit jongler avec la gestion de la crise algérienne.

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Thomas Boillot, professeur d'histoire en Algérie Lycée Alexandre Dumas. Avec l'exposition Alger Tiers Mondisme part. II (mars 2021).jpg

Depuis le début de la nouvelle année, pour traiter la crise sanitaire en France on ne parle que du milieu scolaire ou presque. D’importants mouvements de grèves ont secoué le territoire au niveau national dans les premières semaines de reprises alors que l’on apprenait par Mediapart que le ministre de l’éducation nationale était en vacances à Ibiza au moment de l’annonce du nouveau protocole sanitaire. Dans le même temps, localement, la ville de Besançon annonçait avoir distribué un capteur de CO2 dans les 64 écoles primaires. A l’école, la sortie de crise paraît encore très lointaine.

De l’autre côté de la Méditerranée, Thomas Boillot, observe cette gestion avec étonnement d’une part, et un brin de soulagement. Professeur d’Histoire et Géographie au lycée Français Alexandre Dumas d’Alger depuis quatre ans et demi, le bisontin vit au rythme du gouvernement algérien tout en restant dépendant de l’éducation nationale française.

Écoles fermées depuis une semaine

Une situation particulière pour lui depuis le début d’une pandémie dont la gestion locale reste bien plus calme qu’en France. « Nous avons le programme français mais pour la crise sanitaire, c’est l’Algérie qui décide, contrairement à l’ambassade par exemple. C’est pour cette raison que nous avons fermé l’école la semaine dernière pour au moins dix jours. Problème, en France il a été décidé de faire les premières épreuves du bac le 15 mars prochain. On s’aligne là-dessus tout en étant en visio ce qui va pénaliser des élèves déjà très touchés par la situation. Chez les petits, le retard est encore plus flagrant. Forcément, on a une souplesse. », explique l’enseignant.

Pas de pass, peu de masques

Depuis deux ans dans la cour de récréation comme en ville, les règles sanitaires sont appliquées un peu « au bon vouloir des gens » d’après Thomas. « Ce sont des organisations différentes. Au début tout était presque uniformisé dans le monde entier puis chaque pays a adapté ses règles. En Algérie, ça ne viendrait pas à l’idée de quelqu’un de demander un pass sanitaire, ça n’existe pas et personne ne pourrait contrôler si c’était le cas. Le QR Code chez nous n’est pas un outil banal. Le gouvernement algérien voudrait l’imposer pour les sorties et entrées dans le pays. Au restaurant, on entre comme on veut. C’est aussi un peu lié à la démographie ici, le pays est très jeune et l’enjeu n’est pas le même. On est aussi sous-équipé en matériel médical et il y a eu une période où l’oxygène manquait. » poursuit le professeur d’histoire. Si la vaccination est disponible en Algérie depuis plusieurs mois, elle peine à prendre. Un peu de 13% des 44 millions d’algériens sont complètement vaccinés.

Avec sa compagne également enseignante, la famille a eu la chance de rentrer en France par moment, malgré la fermeture des frontières pendant 20 mois non-stop en Algérie. « Le gouvernement Français a bien fait les choses car nous avons pu avoir une dérogation pour rentrer deux mois en France. On est également revenu pour les fêtes de fin d’années mais c’est un stress permanent. On relativise par rapport à la situation scolaire beaucoup plus compliquée sur le sol français ».

Cette crise couplée a un contrat qui prendra fin en 2023 a fait réfléchir Thomas Boillot. « Même si beaucoup de gens sont revenus en France, j’aimerais continuer à voyager et pourquoi pas enseigner dans d’autres pays ! ».

Martin SAUSSARD