Quelques heures après l’appel lancé par les syndicats, associations et partis politiques du Nouveau Front Populaire (NFP), plus de 300 personnes se sont amassées devant l’Hôtel de Ville bisontin, ce lundi 9 juin à 18h. Tous réunis afin d’apporter leur soutien à Gaza à Besançon, en particulier à la Flottille de la Liberté (Freedom Flotilla), cette mission humanitaire dont l’objectif était de rejoindre la bande de Gaza en apportant une cargaison de produits de première nécessité, brisant ainsi le blocus israélien. La douzaine d’activistes à bord du « Madleen », dont l’eurodéputée française Rima Hassan et la militante écologiste suédoise Greta Thunberg, a donné une dimension internationale au projet. L’armée israélienne y a mis fin en interpellant le navire dans la nuit du dimanche au lundi.
Un arraisonnement en eaux internationales et une arrestation des passagers qui, aux yeux des défenseurs de la cause palestinienne, symbolise « une nouvelle violation du droit international », confie Séverine Véziès, membre de la coordination nationale de La France Insoumise et co-cheffe de file du mouvement pour les prochaines élections municipales. « En application de la quatrième convention de Genève, Israël n’a aucune souveraineté sur ces eaux-là. […] Arrêter une députée européenne, Rima Hassan, qui, de fait, bénéficie de l’immunité parlementaire, c’est illégal. La solidarité n’est pas un crime », poursuit la militante au micro. Ce message a été relayé tout au long de la soirée par les participants venus affirmer leur soutien à Gaza à Besançon, dans une ambiance à la fois solidaire et revendicative.
Anne Vignot : « c’est un génocide, il faut le dire »
Minute après minute, le rassemblement n’a cessé de s’élargir. Parmi la série de discours dénonçant cette arrestation, les crimes de guerre commis sur les territoires palestiniens ou encore l’immobilisme occidental, Anne Vignot, maire écologiste de Besançon, a décidé de marquer sa position par un choix symbolique. Questionnée sur la possibilité d’accrocher le drapeau palestinien sur la façade de l’Hôtel de Ville, l’élue a donné son accord : « encore une fois, Israël a dépassé tout ce que l’on peut attendre d’un État. Il s’assoit sur tous les traités internationaux, toutes les règles. La France, qui a longtemps été un étendard pour les droits de l’Homme, ne doit pas accepter ce qu’il se passe. Ce qu’il se passe à Gaza, c’est un génocide, il faut le dire. Donc oui, nous devons montrer notre soutien. Ce drapeau flottera, comme nous l’avons fait pour l’Ukraine, comme pour tous les pays et peuples meurtris par les massacres et la guerre ». Une manière pour la municipalité d’affirmer clairement son soutien à Gaza à Besançon.
Pour Ludovic Fagaut, un choix « électoraliste »
Depuis cette annonce, les commentaires autour de cette décision symbolique se multiplient et plusieurs opposants élèvent la voix, dans l’attente (ou non ?) de l’application de cette annonce. Parmi eux, Ludovic Fagaut (LR), chef de file de l’opposition au conseil municipal et principal adversaire en vue des prochaines élections, dénonce un choix « électoraliste ». » Ce n’est pas l’Hôtel de Ville d’Anne Vignot. Il y a un règlement des collectivités à respecter et un devoir de neutralité. Il faut avoir un peu de hauteur vis-à-vis de ce conflit international. Nous souhaitons tous une solution rapide pour la Palestine et Israël mais ce n’est pas Anne Vignot depuis Besançon qui va résoudre la situation. […] Cela n’a rien à voir avec l’Ukraine et encore une fois, les choix idéologiques sortent du cadre du Code général des collectivités territoriales (CGCT) « .
L’étonnant soutien du Mouvement Franche-Comté
La maire de Besançon pensait-t-elle trouver le Mouvement Franche-Comté parmi les soutiens à cette décision ? Probablement pas. Toujours est-il que le mouvement régionaliste présidé par Jean-Philippe Allenbach s’est fendu d’un communiqué pour saluer le choix de l’élue. » Cela prouve qu’elle n’a pas « son drapeau dans sa poche » et qu’elle a le courage de ses opinions, fait malheureusement plutôt rare en politique. Tout en espérant qu’il puisse y rester durant toute la campagne des municipales afin que les Bisontins puissent bien savoir pour qui ils votent. «
M.S