
Anne Vignot veut « un nouvel espace de dialogue ». La Maire de Besançon souhaite « prendre le temps d’échanger, sincèrement, avec nos commerçants et réfléchir à l’évolution du commerce », soulignant « la fonction essentielle du commerce comme service de proximité pour la vie de la cité ».
20 300 livraisons par jour sur Grand Besançon
Ce chiffre astronomique est lié en partie au développement des achats par internet et les livraisons à domicile ou en points relais. Sur la seule ville de Besançon, on recense 11 300 livraisons par jour.
« L’évolution des modes de consommation » était le thème de la conférence animée par Pascal Madry, Directeur de l’Institut pour la ville et le commerce. Le chercheur et économiste a passé en revue les mutations du commerce en centre-ville. « Du commerce traditionnel d’achats de biens, l’offre est désormais orientée vers les prestataires de services, la restauration, le bien-être et l’esthétique ».
Il y a autant de magasins en centre-ville qu’en 1840
Après avoir connu un pic de commerces en France de 2 millions dans les années 60, la descente a été inexorable depuis cette période. Le nombre de commerçants retrouve son niveau de 1840 ! « Moins de magasins pour plus de besoins » souligne Pascal Madry.
60% du chiffre d’affaires est concentré dans la grande distribution. 67% est réalisé dans la périphérie des villes, 11% en centre-ville, autant dans les commerces de centre-bourgs comme dans la vente en ligne. Les grandes enseignes nationales hyper centralisées se transforment en distributeurs localisés, de plus en plus, en centre-ville. L’expert parle de crise de surcapacité commerciale depuis une vingtaine d’années. « L’appareil commercial est moins productif, les dépenses moyennes n’ont guère progressé depuis 2000 alors que les surfaces commerciales sont plus grandes avec moins d’emplois ».
Le secteur du textile a accéléré le déclin des centres-villes. Ce secteur ne progresse plus depuis 40 ans. Alors que le shopping était le but, le centre-ville est devenu le point d’attraction pour se restaurer, boire un verre, acheter un service téléphonique ou se faire faire les ongles.
Les commerçants auraient leur part de responsabilité
Le conférencier s’est attiré la foudre des commerçants présents. Sans le dire très clairement, il renvoie la désaffection des commerces indépendants au manque d’amabilité et d’accueil. Un propos involontaire qui a irrité en particulier la propriétaire d’un important bureau de tabac de Besançon : « nous n’avons pas besoin d’un expert pour nous dire d’être aimables avec nos clients. C’est naturel pour chaque commerçant ».
Taux de vacance commerciale au plus bas à Besançon
Pascal Madry parle d’une « ville résiliente où le taux de vacance commerciale est l’un des plus faibles de France qui est passé de 9% en 2021 à 6,1% en 2025 ». On notera que l’année 2025 ne fait juste que commencer et que la situation économique générale continue de se dégrader dans tous les secteurs d’activité, y compris le commerce de détail. Les commerçants installés, eux, apprécient que l’opération « Cœur de Ville » soit étendue aux principaux axes d’entrée de ville. Après la réunion, plusieurs d’entre eux étaient dépités par l’absence de réponses concrètes de la mairie, notamment en matière de stationnement et de sécurité. Des commerçants pour certains « résignés », beaucoup dans l’attente d’une autre politique à partir de 2026. « L’attractivité commerciale du centre-ville ne se résoudra pas avec une statue sur la place du marché » a ironisé un jeune commerçant de la Grande Rue.
Consciente de l’irritation des commerçants bisontins à un an des élections municipales, Anne Vignot a dépêché Claire Dupouet sa directrice de cabinet, Frédéric Baehr, l’adjointe au commerce et Benoît Cypriani, adjoint à la sécurité, pour rencontrer certains commerçants le lendemain de la réunion. Les doléances à propos des incivilités liées à la mendicité et la consommation d’alcool sur la voie publique ont été renvoyées vers le Préfet et à la Police nationale. Concernant le stationnement pour accéder au centre-ville, la Municipalité compte davantage sur les consommateurs… à vélo !