Près de la gare Viotte et ses nouveaux bâtiments, les défenseurs de l’environnement réunis ce lundi 2 juin, ne pensaient pas qu’ils reviendraient un jour manifester contre les néonicotinoïdes, dont l’utilisation est interdite en France depuis 2018. Agriculteurs, défenseurs de l’environnement, apiculteurs, élus, militants, syndicalistes, les forces sont nombreuses et diversifiées. Un retour en arrière pour eux provoqué par la loi dite « Duplomb », du nom de son rapporteur, visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur. Le texte passe en procédure accélérée, lui permettant d’être étudié une seule fois par chaque chambre parlementaire. Il prévoit notamment de réautoriser pendant trois ans l’utilisation de « produits phytopharmaceutiques contenant une ou plusieurs substances actives de la famille des néonicotinoïdes ». Voté au Sénat, cette proposition a « évité » l’Assemblée nationale fin mai, où l’attendaient des milliers d’amendements déposés principalement par les Écologistes et La France Insoumise. En votant à la majorité une motion de rejet préalable, le texte est désormais en commission mixte paritaire, sorte de troisième chambre réunissant des élus des deux autres. Les soutiens de ce projet y sont majoritaires.
« Il n’est pas trop tard »
Pour les manifestants toutefois, « il n’est pas trop tard », assure Anthony Poulin, suppléant de Dominique Voynet et adjoint en charge des finances à la Ville de Besançon. « Il y aura un vote au Sénat et à l’Assemblée à l’issue de l’étude de la commission. On prive les représentants des Français d’un débat. Nous l’organisons aujourd’hui en nous rassemblant devant les locaux de l’ARS, car nous souhaitions montrer le lien entre la santé et les mesures dans ce texte. » Apiculteur à Serre-les-Sapins, Géry est venu protester en combinaison, avec plusieurs autres membres de l’Union nationale de l’apiculture française (UNAF). « C’est un coup de massue. Nous ne sommes pas là uniquement pour notre activité mais pour dire à monsieur ou madame Tout-le-monde mangeront demain des fruits ou légumes avec des pesticides mortels dessus ». Ils étaient près de 300 ce lundi 2 juin. D’autres rassemblements pourraient s’organiser dans les prochains jours.
M.S