Besançon : un nouveau féminicide, cinq jours avant le 25 novembre

Jeudi 20 novembre, les forces de l’ordre ont interpellé un homme de 34 ans à Ornans, soupçonné d’avoir abattu son ex-compagne le matin même de deux coups de fusil de chasse à Besançon. La victime avait déposé deux plaintes contre lui en 2025. Il s’agit du 145ᵉ féminicide recensé en France cette année, cinq jours avant le 25 novembre, journée internationale dédiée à la lutte contre les violences faites aux femmes.

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tribunal de Besançon

« Oui, il s’agit d’un féminicide », confirme immédiatement Cédric Logelin, procureur de la République du tribunal de Besançon, jeudi soir, lors d’une conférence de presse organisée pour faire le point sur le drame survenu plus tôt dans la journée.

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Peu avant 7 h, dans le quartier de Près-de-Vaux à Besançon, une femme de 32 ans est abattue devant sa voiture alors qu’elle se rend au travail. Le tireur, armé d’un fusil de chasse, recharge et tire une seconde fois. Le voisinage, réveillé par les détonations, prévient immédiatement la police, qui découvre « une femme inanimée au sol » à son arrivée. Le décès est confirmé par les secours. Très vite, les soupçons se portent sur l’ex-compagnon de la victime, un homme de 34 ans retranché à son domicile situé dans le centre-ville d’Ornans, rapidement sécurisé. « Il était seul, mais toujours armé », précise Cédric Logelin. Une équipe du RAID est appelée en renfort. « Au bout d’une heure, après deux appels téléphoniques, il a accepté de déposer son arme sur le rebord de la fenêtre et de se rendre », ajoute le directeur interdépartemental de la police nationale, Laurent Perraut.

Un homme connu de la justice

L’individu, placé en garde à vue pour assassinat, était déjà connu des services de police et de la justice. Il avait été condamné à cinq reprises entre 2019 et 2024 pour des infractions routières, des dégradations et pour harcèlement moral commis à l’encontre d’une ancienne compagne – une autre personne que la victime – à laquelle il lui était interdit d’approcher.

La jeune femme tuée ce jeudi 20 novembre avait elle-même déposé deux plaintes contre cet homme. La première, en février 2025, pour atteinte à la vie privée. « Le parquet a été avisé de ces faits en août 2025 », précise Cédric Logelin, ajoutant que le mis en cause avait reçu une convocation devant un délégué du procureur pour s’expliquer. Cette rencontre était prévue fin novembre. La victime avait également déposé une seconde plainte le 7 octobre pour des dégradations commises sur son véhicule, des faits pour lesquels elle soupçonnait le suspect. Ce même 7 octobre, l’homme s’était déjà retranché chez lui après avoir refusé une prise en charge médicale, menaçant de se suicider avec une arme à feu. Le GIGN était intervenu et l’homme s’était rendu après quatre heures de négociation.

Si aucune mesure d’éloignement n’avait été prononcée, cette femme de 32 ans était accompagnée par France Victimes 25 et avait reçu, le 24 octobre, un bouton « MonSherif » permettant d’alerter en cas de danger. « Nous n’avions pas connaissance de nouveaux contacts ou de nouvelles menaces entre la victime et le mis en cause jusqu’à aujourd’hui », indique Cédric Logelin.

Ce drame survient cinq jours avant le 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, alors que les opérations de communication et de sensibilisation de l’État se multiplient. Il s’agit du 145ᵉ féminicide recensé en France cette année. Des appels au rassemblement se sont multipliés à l’annonce de cet assassinat. La maire de Besançon Anne Vignot a appelé à un rassemblement de soutien ce samedi 22 novembre à 15 h, sur l’esplanade des Droits de l’Homme.

M.S