Baptisée « le regard, le langage et la conscience », cette exposition de photographies, réalisées par Patrick Chorvot, un bénévole à ALEDD depuis 14 ans, a pour vocation de changer le regard porté à l’égard des enfants handicapés.

ALEDD : sensibiliser et accompagner

L’association ALEDD proposait à ses débuts des actions pour les personnes à mobilité réduite. Depuis, elle s’est ouverte à tout type de handicap, pour des personnes allant de 5 ans jusqu’au passage à l’âge adulte. Cette association, riche d’une dizaine de bénévoles, œuvre pour l’accompagnement de ces enfants – tout en offrant des moments de répit à leurs parents. Aujourd’hui, ALEDD compte une soixantaine d’adhérents – ce qui représente donc une soixantaine d’enfants.

Outre les bénévoles, des salariés accompagnent aussi des enfants. Le souci, c’est que pour s’occuper d’un enfant, il faut un salarié. « Le salarié coûte plus cher que ce que la famille paie pour l’enfant. Nous, quand on a 12 enfants, on a 12 animateurs. L’animateur, on le paie 55 euros la journée. La famille nous donne environ 20 euros la journée », souligne, Yannick Varin, directeur d’ALEDD avant d’ajouter : « On a de plus en plus de demandes. Depuis 2020, les parents sont à bout. Les gamins ont été beaucoup perturbés par rapport à cette situation. Ce sont des enfants qui ont besoin de rigueur, d’habitude, de routine. Ça les a beaucoup perturbés et là on a une forte demande de familles et on n’arrive plus à répondre faute de moyens financiers ». La crise sanitaire a donc aussi eu un effet important sur ces enfants. Pour les aider au mieux, l’association recherche activement des dons.

ALEDD cherche également à sensibiliser à la question du handicap – ce que permet cette exposition de photographies.

Baptisée « le regard, le langage et la conscience », cette exposition de photographies, réalisées par Patrick Chorvot, un bénévole à ALEDD depuis 14 ans, a pour vocation de changer le regard porté à l’égard des enfants handicapés. © Patrick Chorvot.

« La société, je trouve qu’elle n’est pas prête à accepter le handicap. Il y a certaines personnes qui ont vraiment du mal », Patrick Chorvot.

« Ils sont comme nous »

Passionné de photographie depuis plus de 30 ans, Patrick Chorvot explique sa démarche : « Je les ai observés. Je fais des photos pour les mettre en lumière. Ce sont des enfants qui sont souvent très stigmatisés. Le handicap, je n’en parle jamais, je parle de la blessure. La blessure, le handicap ne se voit pas du tout dans les photographies. Par contre, il peut se voir chez les enfants quand on reste 5/10 minutes avec eux ». Des photos qui prouvent que le handicap n’est pas toujours visible. La photographie devient alors un moyen pour communiquer sur ces enfants et pour capter notre regard.

« Chez les enfants blessés comme l’autisme par exemple, ou d’autres blessures, qui peuvent être une mauvaise oxygénation du cerveau à la naissance, des enfants nés prématurément entraînant des incapacités motrices et d’autres troubles liés, comme la difficulté de s’exprimer, on s’aperçoit qu’ils ont développé une communication totalement axée sur le regard. Quitter leurs yeux, c’est en quelque sorte rompre la conversation, et s’éloigner de leur attention », poursuit l’auteur des photographies.

Une exposition de photographies itinérante, lancée en octobre 2021, qui a déjà été présentée dans plusieurs localités de la région, comme à Franois et à Serre-les-Sapins. Au final, elle sera au moins visible dans une dizaine de lieux. L’an prochain, Patrick Chorvot souhaiterait photographier des enfants non blessés.

Ce bénévole a également écrit un livre, L’enfant blessé, qu’il donnera aux parents d’enfants blessés.

Il déplore néanmoins que le handicap soit difficilement accepté par certains dans notre société : « La société, je trouve qu’elle n’est pas prête à accepter le handicap. Il y a certaines personnes qui ont vraiment du mal. Cette expo, c’est pour changer le regard des gens, les amener à les regarder autrement parce qu’ils sont comme nous, ils sont de la même essence. Ils sont nés d’un acte d’amour ».

 

Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site internet de l’association ALEDD : http://www.aledd.org/