Anne Vignot ne l’a jamais caché : elle n’a ni le langage ni les codes politiques. Ce qui, depuis sa victoire en 2020, n’aide en rien ses prises de parole, en particulier sur des sujets éloignés de son domaine de prédilection. Un ton certes pédagogique, souvent confronté à un excès de réflexion jonché de longues interjections ou de son expression fétiche « et… je le dis », pour marquer son engagement et sa solennité. Plus problématique, au fil du mandat, l’élue a durci sa communication. Sa capacité à écouter tout le monde s’est estompée au fil des critiques successives des oppositions ou anciens alliés. Agacée, comme au sujet de la sécurité, l’élue tente désormais de prendre un ton ferme et direct sur des sujets qui en apparence, le demande. Ça ne lui réussit guère. Dans ce contexte, ce 22 mars à Ornans, sa prise de parole improvisée est d’abord mollement applaudie par les 800 personnes venues défendre les rivières comtoises. On entend même dans la foule quelques cris : « ce n’est pas la peine ! » ou « on n’est pas obligé ! ». Drôle d’ambiance. L’élue n’est entourée que d’alliés ou défenseurs d’une cause commune. Dans son élément, Anne Vignot est revenue à ce qu’elle sait faire : parler avec le cœur, sans réfléchir à autre chose de plus politiquement correct. Bien sûr, cela est passé par un bref éloge du travail réalisé à Besançon sur l’eau mais aussi un tacle sévère envers Annie Genevard, ministre de l’Agriculture. « Dans sa loi, plus d’un tiers des articles sont rejetés. Comment peut-on écrire des lois qui sont profondément inconstitutionnelles ? », lâche la maire de Besançon. « Juridiquement, cette loi ne tient pas la route. […] C’est quand même incroyable d’aller aussi loin pour répondre à un lobbying de l’agriculture ! », poursuit l’élue, pointant du doigt les accointances entre la ministre et la FNSEA, syndicat agricole majoritaire. « […] Nous sommes tous pour une agriculture qui regarde en face, qui peut se développer autrement qu’en impactant l’environnement dans lequel nous nous trouvons. Il faut se mettre autour de la table et dire : ça suffit, on doit travailler ensemble ! » Les applaudissements nourris empêchent presque l’élue de terminer ses phrases. « Il y a une petite musique qui dit que l’Écologie n’intéresserait plus les gens. Vous prouvez le contraire aujourd’hui », conclut l’élue. Quand une journée de l’eau se transforme en cure de jouvence.
M.S