Bourgogne Franche-Comté. Le cri d’alarme du monde associatif

Durement impacté par la crise sanitaire et la rareté des bénévoles, le monde associatif subit aujourd’hui une importante crise financière. L’alerte est lancée depuis plusieurs semaines avec l’espoir d’obtenir des garanties pour l’avenir.

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Mouvement Associatif Bourgogne Franche-Comté en train d'echanger
Photo DR.

Une situation financière « alarmante » 

Voilà comment le Mouvement Associatif résume son enquête menée entre le 19 février et le 12 mars, réalisée en partenariat avec le Réseau National des Maisons des Associations (RNMA), l’Observatoire Régional de la Vie Associative (ORVA) des Hauts-de-France et Hexopée. La principale cause est connue : des subventions en diminution, liées auxcoupes budgétaires publiques. À cela s’ajoute le retard de potentiels autres financements en raison du vote tardif du budget de l’État. Cela concerne environ 62 500 associations en Bourgogne Franche-Comté. «Si 90% des associations ne sont pas employeuses, la vie associative représente toutefois 76 120 salariés. C’est 10% de l’emploi privé qui est menacé », souligne Estelle Jeannin, coordinatrice régionale du Mouvement Associatif Bourgogne Franche-Comté. Au niveau national, plus d’une centaine d’associations ont déjà mis la clé sous la porte depuis le début de l’année 2025.

« Dans trois mois, ce sera peut-être trop tard »

La principale conséquence elle, est désormais chiffrée : « en Bourgogne Franche-Comté, c’est une association sur quatre qui a moins de trois mois de trésorerie », poursuit Estelle Jeannin. « On est fin avril, le vote du budget de l’État a été décalé avec un effet domino. Aujourd’hui des dizaines d’associations n’ont pas encore connaissance des subventions potentielles allouées ou non. En attendant trois mois de plus, ce sera potentiellement trop tard ». Une première réponse politique est d’abord venue des collectivités locales. Souvent utilisé comme « variable d’ajustement », le budget culturel de la Région a été maintenu à niveau constant. Plusieurs communes, Besançon et Pontarlier en tête, ont également fait le même choix pour les subventions allouées aux associations, en échelonnant les économies de leur fonctionnement ou leurs investissements sur plusieurs années. « Le public l’oublie parfois mais dans une journée, combien d’associations œuvrent au quotidien ? Les enfants déposés le matin au périscolaire, les entraînements dans des clubs sportifs… La plupart du temps ce sont des associations derrière », renchérit Estelle Jeannin.

Parmi les premiers impacts visibles de ces restrictions budgétaires imposées, la fin des contrats aidés en dehors du secteur de la santé. « Nous avons reçu un mail du Département, confirmé par un autre message de France Travail », confiait Alain Tambolini, président de l’association Agir ensemble contre le chômage et la précarité (AC !). « Nous avons des contrats aidés depuis l’an 2000. La prise en charge financière a régulièrement diminué année après année. Aujourd’hui nos deux employés en contrats aidés n’ont aucune garantie sur le long terme. » « Les services civiques gelés puis relancés au mois de janvier ont beaucoup perturbé les associations. »,abonde Estelle Jeannin, citant également le gel du budget alloué au Pass Culture. 

Comme au niveau national, le Mouvement Associatif Bourgogne Franche-Comté, porte-voix des milliers d’associations, demande des engagements « plus clairs » des pouvoirs publics, notamment grâce à des financements pluriannuels et sécurisés pour permettre aux associations de planifier et pérenniser leurs actions. À cela, s’ajoute une simplification administrative, transformant selon les acteurs du territoire « les associations en prestataires plutôt qu’en partenaires ». Un problème qui, pour Estelle Jeannin, provoque des dégâts collatéraux au niveau de l’investissement des bénévoles. « Je le répète 90% des associations dans la région sont gérées par des bénévoles qui donnent de leur temps gracieusement pour des besoins qui dans l’ensemble, sont essentiels. En complexifiant les dossiers de subventions, cela freine l’engagement du public et enfonce un peu plus les associations dans les crises. Il faut un suivi, c’est de l’argent public. Mais quand le dossier d’une demande de 500 € est le même que pour une subvention de 20 000 €, c’est un problème. »

M.S