Dans les temps anciens, on calculait en comptant sur ses doigts. Il nous arrive encore de céder à cette facilité toujours à portée de main. Ensuite, on dessina des bâtons alignés. Ce fut une révolution encore utilisée par les prisonniers dans leurs geôles. Vers 2000 avant J.-C., on inventa le boulier en empilant des cailloux. Depuis les progrès n’ont fait que s’emballer et le calcul s’est imposé à tous. Du latin calculus qui désigne un caillou. Les calculs en ont fait souffrir plus d’un et je ne parle pas ici des coliques néphrétiques.
Il reste difficile de calculer. J’additionne « de tête ». Mais pour soustraire un papier et un crayon sont utiles. Pour multiplier, une calculette n’est pas de trop. Pour diviser, il m’arrive de renoncer.
Le pire reste à venir avec les pourcentages. Aujourd’hui nos intentions de vote sont scrutées pour chaque scrutin. Qu’untel augmente de 0,5 % et voilà les médias déchainés. Et si cette « remontada » le désignait comme favori pour le deuxième tour ? Et si un autre diminue de 0,5%, n’est-ce pas le début d’une dégringolade qui ne lui laisse aucune chance ? Quant à celui qui maintient le taux de la semaine précédente, il est évident que sa campagne patine et qu’il plafonne. Avec ce risque énorme que patiner sur le plafond conduit à se retrouver cul par-dessus tête avec sa veste retournée.
Mais il faut bien vendre et les sondages entrelardés d’écrans publicitaires sont des produits goûteux. Qu’importe au fond qu’une marge d’erreur de quelques pour cent rende tous les 0,5 ridiculement ininterprétables. Il faut bien s’amuser.
Et il serait dommage de ne pas calculer nos candidats quand l’argot des cités nous dit que « ne pas calculer quelqu’un » c’est le mépriser, le snober voire même ne pas le supporter. Manquerait plus !