Ce jeudi 25 septembre, la salle A du tribunal judiciaire de Besançon est bondée. Élus, avocats, représentants des différents corps armés de l’État, préfet, journalistes, familles et proches sont venus assister à l’audience de rentrée. Les idéologies politiques des uns et l’action des autres laissent place à un soutien collectif et unanime envers la Justice française et en ceux qui veillent à son application. Au moment de présenter les sept nouveaux magistrats du tribunal (lire en pages locales Besançon, ndlr), le président Alain Troilo glisse ces mots : « vous allez incarner l’action publique. Il est particulièrement difficile d’apporter des réponses simples à des problèmes particulièrement complexes ». Au même moment, les premières notifications de la condamnation de l’ancien président Nicolas Sarkozy offrent un écho symbolique aux mots d’Alain Troilo. L’affaire débouche après des années de procédure sur un jugement historique : Nicolas Sarkozy est condamné à cinq ans d’emprisonnement terme avec mandat de dépôt différé pour association de malfaiteurs. Le tribunal a en revanche écarté les accusations de financement illégal de la campagne présidentielle de 200/ et de corruption passive, faute de preuves suffisantes. Les juges ont retenu la gravite exceptionnelle d’une entente destinée à préparer une corruption au sommet de l’Etat. A cela, s’ajoute une amende de 100 000 euros et une interdiction de cinq ans d’exercer une fonction publique ou de se présenter à une élection, avec exécution provisoire. Entre la difficulté à démontrer un financement électoral illicite et la fermeté de la Justice face à des manœuvres susceptibles de porter atteinte à la confiance des citoyens dans les institutions, il est difficile de résumer cette décision, de la simplifier auprès du grand public sans la dénaturer. Cela relève même d’une mission impossible lorsque s’y mêle le travail de sape réalisé par la sphère médiatique proche du clan Sarkozy depuis deux semaines, à l’encontre de ce jugement et de la présidente du tribunal. Loin, bien loin du soutien unanime à la Justice affiché par les personnes présentes en salle A du tribunal de Besançon. Ce feuilleton explique aussi que dans le Doubs, comme ailleurs, la Justice veut davantage faire connaître son travail et son fonctionnement afin de lutter contre cette dérive intolérable à l’encontre de son indépendance. « Si on ne le fait pas, qui va le faire ? BFM TV, CNews? Ça ne tiendra pas », résume ironiquement un magistrat bisontin. Comprendre la Justice, pour mieux la protéger.