Région. Dans les Montagnes du Jura, de solides combattants de Béhourd

Deux combattants originaires du Haut-Doubs et du Jura se sont rendus au Mexique avec l’équipe de France de Béhourd pour y disputer les championnats du Monde.

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Paul Vionnet et Thomas Ballard ont décroché la deuxième place de ces championnats du monde avec l'équipe de France. Photo DR

Des combats médiévaux au cœur de Mexico remportés par des Américains. Qui a dit qu’il fallait descendre d’une lignée de chevaliers pour manier les armes ? Début mai à 10 000 kilomètres de notre région, une quinzaine de nations se sont affrontées lors des championnats du monde de béhourd au Mexique, à travers plusieurs catégories. La France, double championne du monde en titre, se déplace avec deux combattants des Montagne du Jura, le pontissalien Paul Vionnet et le jurassien Thomas Ballaud. Tous deux s’entraînent avec l’association Les Comtois installée à Morbier où, chose rare, un second club cultive cette passion pour l’époque des chevaliers.

Si les équipements, tenues, armures et armes sont contrôlées pour veiller au respect de l’Histoire, les combats eux, sont bien loin des mises en scènes du Puy-du-Fou. « On peut-être en 5 contre 5, 10, 15, voire 30 contre 30 ! Le but est de porter un coup ou maitriser son adversaire pour le faire tomber au sol. À terre, le combattant est éliminé et l’équipe se retrouve en infériorité. La dernière à avoir un soldat debout remporte la rencontre. », résume Paul Vionnet, qui a découvert cette pratique grâce à Youtube, après la crise sanitaire. « Ce que j’ai tout de suite apprécié c’est cet esprit d’équipe pour un sport de combat. Habituellement à la boxe ou dans une cage de MMA, on est seul. Ici, il y a une solidarité et des efforts pour les autres. » La tactique joue beaucoup. Le pontissalien est un « runner », comprenez un combattant « léger », capable de se déplacer plus rapidement pour contourner, libérer des espaces dans les rangs adverses et déstabiliser tout le monde. Avec toutefois 35 kilos sur les épaules. « On est protégé de la tête aux pieds par de vraies armures comme à l’époque. Ça représente entre 3000 et 4000 €, après ça peut monter plus haut encore. Je n’ai pas de bouclier, juste une hache à deux mains et je vais de duel en duel pour apporter une supériorité à mon coéquipier. J’ai perdu 5 kilos après le tournoi ! », rigole l’intéréssé.

La guerre en Ukraine au cœur du tournoi

Avec environ 500 licenciés dans l’hexagone aujourd’hui, la France est toutefois devenue une nation solide du béhourd. Sans pouvoir toutefois rivaliser avec la puissance des États-Unis. À Mexico début, les Français tombent trois en finales face aux Américains. Un sentiment partagé entre goût amer d’une défaite en finale et la joie de décrocher l’argent. « Plus que le résultat c’est le tournoi qui a été marquant. Au moment d’affronter les Ukrainiens, on a senti ce que représenter son pays voulait dire. C’est une nation réputée dans le monde du béhourd qui a perdu ses combattants avec la guerre actuelle. Leur équipe était différente des années passées certains sont décédés au front et les membres actuels avaient à cœur de porter les couleurs ukrainiennes. Ça a été très éprouvant », poursuit Paul Vionnet. « Les États-Unis ont tout gagné, ils sont dans une période assez dingue pour le béhourd, physiquement, ce sont des monstres ! »

De retour sur les terres comtoises, le pontissalien a retrouvé son club et le championnat de France. Le premier tournoi de la saison 2024 se déroule à Monaco le 15 juin. Fort de leur succès, Les Comtois se déplaceront pour la première fois à deux équipes pour porter haut le blason régional.

Se détacher de l’image politique

Les blasons et emblèmes arborés sur certaines tenues du béhourd, comme la Fleur de lys, sont utilisés depuis des décennies par une classe politique nationaliste ou royaliste. Une idée qui suit le béhourd depuis sa création. « J’entends souvent ça en tournoi, c’est aussi parce que l’on a beaucoup caricaturé la pratique. Il y a aussi eu des mauvaises personnes interrogées au mauvais moment selon moi, ça a porté préjudice à un sport que l’on juge politique alors que c’est tout le contraire. Les pratiquants viennent de tous milieux sociaux. », confie Paul Vionnet.

M.S