En Bourgogne Franche-Comté, six actifs sur dix travaillent dans leur intercommunalité de résidence

Une récente étude de l’INSEE Bourgogne Franche-Comté du 9 juillet 2024 s’est intéressée aux habitants actifs de la région travaillant habituellement au sein de leur communauté de résidence ou à proximité.

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Domicile – Travail, une réflexion indispensable pour les collectivités locales

On se souvient du slogan des années 70 imaginé par la CFDT à l’époque de l’utopie autogestionnaire. Ce slogan a-t-il encore un sens en 2024 ? « Si les territoires de résidence et de travail d’un seul tenant ou discontinus sont la majorité des cas, une proportion significative d’actifs se déplace dans des intercommunalités plus distantes » souligne l’INSEE. En Bourgogne Franche-Comté, les territoires de résidence aux franges de la région, abritent davantage de salariés du fait de la proximité avec l’Ile-de-France, la métropole lyonnaise et la Suisse.

Six actifs sur dix travaillent dans leur intercommunalité de résidence

La Bourgogne Franche-Comté compte 1,121 million d’actifs en emploi. Ils sont 690 300 à résider et travailler dans la même intercommunalité et 431 100 qui en changent. Ces « navetteurs » ont augmenté de 8% entre 2009 et 2019 avec des distances de déplacement de plus en plus longues.

Selon la qualité et le nombre d’infrastructures routières et ferroviaires, la topographie des territoires (régions de plaine ou de moyenne montagne), les actifs d’une intercommunalité donnée se déplacent jusque dans 6 EPCI différentes, parfois très éloignés.

Selon la taille de l’intercommunalité et son environnement, elle peut irriguer plusieurs territoires de travail.

« Identifier la géographie locale du marché du travail dans une intercommunalité est important pour appréhender sa dynamique économique » précise l’INSEE. Dans la région, 54 intercommunalités sur 113, 75% des actifs occupant un emploi le sont dans la limite de deux EPCI.

L’étude de l’INSEE est particulièrement utile dans la réflexion sur les PLU et PLUi, en dehors de toute idéologie !

Le périmètre de travail des grands EPCI est généralement restreint à lui-même

Dans les principales intercommunalités de la région, les actifs qui quittent le territoire pour aller travailler sont moins de 4%.

Si les actifs résidant à Dijon Métropole ou à Grand Besançon sont nombreux à faire des navettes quotidiennes entre ces territoires, ils ne représentent respectivement que 0,3% et 0,6% des actifs de ces agglomérations. Il en est de même pour les 1 200 actifs résidant dans la région de Mâcon qui ne représentent que 3,9% des actifs de ce territoire travaillant dans la métropole lyonnaise. Le constat est similaire entre Vesoul et Besançon ou entre Auxerre et la région parisienne.

Forte influence des pôles de travail sur les territoires périurbains

En raison du poids économique et démographique des grandes intercommunalités, la trajectoire de l’emploi dans les territoires périurbains suite largement celle de la ville centre. Par exemple, l’emploi dans les territoires de travail des EPCI autour de Grand Besançon reste stable à l’instar de celui de l’agglomération.

Peu d’emplois dans les territoires ruraux

L’emploi régresse dans les territoires intégrant une ville moyenne. Ces villes moyennes ne sont plus motrices d’emploi pour les territoires voisins.

Les autres intercommunalités sont faiblement peuplées. Elles sont éloignées des villes moyennes avec un nombre d’emplois plus réduits. Le temps de trajet et la qualité des infrastructures de transport ne permettent pas à une part significative d’actifs de s’y rendre.

Le dynamisme des territoires de travail proches de la Suisse

Un actif sur deux du territoire « Les Rousses – Haut Jura » travaille en Suisse. Sur l’intercommunalité du « Pays de Maîche », on recense 40% de navetteurs. L’influence de la Suisse s’étend jusqu’aux EPCI des plateaux du Haut-Doubs. En moyenne à moins de 30’ en voiture, les actifs peuvent s’y rendre facilement avec de bonnes conditions de rémunération. La limite réside à la fois dans la topographie qui peut générer des temps de trajets plus longs et aussi du manque d’infrastructures routières et…surtout ferroviaires (ligne des horlogers) ne permettant pas un cadencement adapté aux horaires de travail !

Les études de l’INSEE, à la fois précises et complètes, ne sont pas suffisamment lues par les décideurs politiques locaux. Les interactions entre lieu de résidence et lieu de travail ne peuvent se résoudre à des slogans parfois idéologiques. Le dynamisme économique et démographique passe avant tout par le développement des activités industrielles, commerciales, artisanales et de services.

Un territoire se développe par la création de richesses de ses acteurs privés.

Yves Quemeneur