Une maladie invisible, mais devenue insupportable. La neuropathie, cela fait maintenant de longs mois que Caroline Colombo, biathlète originaire de Mouthe, la combat. Malheureusement, elle a fini par être plus forte, obligeant la jeune femme de 28 ans à mettre un terme à sa carrière. « Ce n’est pas forcément la fin que j’aurais espérée, car elle n’est pas choisie à 100%. J’ai eu une période de colère, d’incompréhension de me dire pourquoi ça m’arrivait à moi. J’ai eu deux mois compliqués en novembre et décembre, mais maintenant je suis soulagée, j’accepte complètement la situation. Je regarde surtout avec beaucoup de gratitude et de fierté ce que j’ai accompli. Ça fait partie d’une vie d’athlète, de l’arrêter », confie Caroline, en repensant à tout le chemin parcouru depuis ses premières glisses, au Ski-Club de Mouthe.
Dans le village du Haut-Doubs, le ski est une institution. Sa famille le pratiquant, « c’était une évidence d’aller au Ski-Club ». La découverte du biathlon est une révélation et le rêve d’une carrière se dessine alors peu à peu dans la tête de la jeune femme. « Déjà au CP, quand il y avait un papier avec ‘Qu’est-ce que tu veux faire plus tard ?’ Bah moi, c’était carrière dans le biathlon », sourit Caroline qui s’entraîne chez elle, avant d’intégrer le Massif Jurassien. À 18 ans, la porte du pôle France à Prémanon s’ouvre avec l’équipe junior, puis la France B.
Ça fait partie d’une vie d’athlète, de l’arrêter.
En 2017, une grave blessure à la cheville met un premier coup d’arrêt brutal à l’ascension de la biathlète, pendant un an. Avec résilience et combativité, la jeune femme surmonte cet obstacle et remporte même en décembre 2018 sa première IBU Cup. « Je m’étais cassée la cheville, j’étais une biathlète un peu en devenir, et là je gagne ma première IBU Cup, avec une course pleine. C’est le moment où j’ai ressenti le plus de plénitude. C’est peut-être la seule fois où je me suis dit ‘Ouah Caro, tu peux être fière de toi’ », sourit-elle. Une première consécration arrive rapidement derrière avec son entrée dans le groupe de l’Équipe de France A en janvier 2019. Une première expérience avant une première médaille, en argent, sur le relais mixte simple des championnats d’Europe 2021 aux côtés d’Émilien Claude. Le potentiel de Caroline Colombo se confirme le 4 mars 2023, lors de sa victoire au plus haut niveau, sur le relais mixte de la Coupe du monde.
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Une neuropathie qui l’empêche de continuer
Mais le début de la fin commence six mois plus tard, quand la biathlète contracte les premiers symptômes de la neuropathie, sans réussir à mettre un mot sur sa maladie pendant quatre mois. « Je ne comprenais rien du tout. C’étaient vraiment quatre mois très compliqués. Une fois qu’on a mis un mot dessus, j’ai accepté cette épreuve. En décembre 2023, je me suis dit ‘comment faire pour que cette épreuve devienne bénéfique pour moi ?’ J’avais besoin de repos, j’ai mis plein de choses en place. L’an dernier, ça allait et je suis repartie à l’entraînement dès le mois d’avril avec beaucoup d’envie ».
Les mois passent, la jeune biathlète se bat, parce que c’est dans sa nature, mais rien ne se déroule comme elle l’aurait aimé. Jusqu’au déclic. « En novembre 2024, je suis partie en stage à Bessans avec le groupe junior. Malgré des conditions idylliques entre la neige et le soleil, je n’ai pris aucun plaisir. J’ai compris que c’était la semaine de trop, mon corps me disait d’arrêter et il fallait que je l’écoute. Pendant un an, je l’ai mis entre guillemets, j’ai déconnecté la tête et le corps. Là, il y a eu une reconnexion, je devais prendre soin de ma santé. Le plus dur a d’abord été de l’accepter, j’ai eu un gros sentiment d’injustice. Ensuite, il a fallu l’annoncer à mes proches. Une fois fait, je n’ai pas eu trop de problème pour l’annoncer aux autres ». Une vidéo de deux minutes pour prendre le temps de s’expliquer envers les milliers de personnes qui la suivent au quotidien. Les messages remplis de gentillesse, de remerciements abondent, dont ceux de Lou Jeanmonnot, une de ses amies : « style unique, vannes uniques, rires uniques ».
Mon corps me disait d’arrêter et il fallait que je l’écoute.
Un voyage en Asie pour sortir de sa zone de confort
Comme un symbole pour Caroline Colombo, la boucle de sa carrière professionnelle s’est refermée sur le parcours du Summer Tour à Arçon en octobre. Durant ses dix années de carrière, elle retient surtout la multitude de rencontres. « Il y en a des centaines, des milliers, c’est ça que j’ai adoré, ça m’a vraiment nourrie. Ce sont presque ces moments de vie que je retiendrai, plus que les courses », rit la jeune femme. Caroline s’envole désormais vers de nouveaux horizons en ayant pris un billet aller pour l’Asie. « Je vais sortir de ma zone de confort, c’est ça dont j’ai besoin. Je le faisais dans le ski, mais pas forcément dans la vie ». Elle se donne six mois pour se régénérer, pour « prendre le temps de vivre différemment, me reposer avant de ré-attaquer. J’avais beaucoup d’ambitions sportives, j’espère les transmettre en ambitions professionnelles ». Une manière à elle de se dépasser autrement.
Palmarès de Caroline Colombo :
58 départs en Coupe du monde, dont deux podiums
6 victoires en IBU Cup
Petit globe du sprint en 2022
Remporte le relais mixte de Nove Mesto (République tchèque) en mars 2023
Dernière course lors du Summer Tour d’Arçon en octobre 2024
C.T