Le 18 juin 1940, le Doubs pansait ses plaies

L’histoire commune retient l’appel du 18 juin 1940 par le général De Gaulle comme l’élément déclencheur d’une résistance française massive face à l’envahisseur nazi. Localement, le message radio n’a eu que très peu d’écho immédiat.

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Le General Charles de Gaulle lance l'appel aux Francais a la radio BBC a Londres le 18 juin 1940 . Photo archives BBC / DR

Cette année encore, les différentes classes politiques de l’hexagone reprendront chacune à leur manière l’événement pour rappeler leur appartenance au Gaullisme.  Si la récente rénovation du Musée de la Résistance et de la Déportation à la Citadelle de Besançon offre un autre regard sur ce qu’il s’est réellement passé à cette période sur notre territoire, la presse papier de l’époque est déjà sous contrôle allemand. D’abord parce que Besançon est occupée depuis le 16 juin, malgré une résistance de plusieurs soldats français aidés par des bisontins.

Dans l’impossibilité de publier son journal entre le 15 et le 27 juin 1940, Le Petit Comtois écrira seulement ceci à propos du Général de Gaulle le vendredi 28 juin : « […] La conclusion de l’armistice par la France a provoqué en Angleterre un grand mécontentement. M.Winston Churchill s’est fait l’interprête de ce sentiment dans une allocution radiodiffusée à laquelle le maréchal Pétain a répondu avec beaucoup de fermeté et dignité en montrant que la résistance était impossible et qu’il convenait de ne pas se laisser bercer par de vaines illusions. Des projets illusoires, quelques personnalités françaises en formaient cependant avec le gouvernement anglais. C’est ainsi que le Général de Gaulle qui fut pendant quelques jours ministre de la Guerre dans le cabinet de Paul Reynaud, a constitué à Londres un comité français pour prolonger la résistance. Sur la proposition du Général Weygand, le gouvernement français a aussitôt destitué et désavoué le général de Gaulle en déclarant qu’il s’était placé, avec tous ceux qui le suivaient, en dehors de la communauté française. »

C’est à quelques phrases près les seules informations qu’auront les habitants du Grand Besançon et du Haut-Doubs de la part des rédactions françaises officielles, qui pour beaucoup ont disparu ou dû stopper leur publication au cours de cette période. Alors que les Allemands sont arrivés depuis peu sur le territoire, le rationnement se met en place et la majorité des habitants cherchent d’abord à survivre. Le Grand Pontarlier vit deux semaines intenses. Le 10 juin, une semaine avant l’appel, lorsque Mussolini déclare la guerre à la France, un groupe de manifestants déboulent le soir dans les rues de la capitale du Haut-Doubs et agressent les habitants aux origines italiennes qui ne montrent pas une loyauté française. C’était aussi cela la guerre. (Courrier de la Montagne, 15 juin 1940). Cocasse quand on sait qu’Hitler voulait dépeupler la Franche-Comté pour y installer des italo-germaniques. La résistance immédiate dans le Haut-Doubs dure quelques jours et les Allemands après avoir bombardé le fort du Larmont, occupe celui-ci à compter du 17 juin. Le Château de Joux tombera quelques jours plus tard. (La Presse Pontissalienne, 29 juin 1940).

Dans les jours suivants, le Kommandantur instaure un régime totalitaire où le moindre non-respect est susceptible d’être sanctionné par une condamnation à mort. Raymond Vauthier, maire de Pontarlier à l’époque appelle au calme dans l’édito de la Presse Pontissalienne du 29 juin 1940. S’en suit une longue période d’occupation où la presse régionale tentera parfois par quelques phrases de distribuer des messages d’espoirs au risque d’être condamné. La presse clandestine tout comme certains titres suisses prendront le relais pour raconter aux habitants le déroulement de la Seconde Guerre. Il faudra attendre 1944 et la Libération de différentes communes pour enfin retrouver des journaux libres dans leur récit. Aujourd’hui, la commémoration de l’appel du 18 juin permet aussi et surtout de ne pas oublier que la flamme de la résistance a vacillé, s’est amenuisée mais ne s’est jamais éteinte.

M.S