Doubs. Le chauffage par géothermie ? La Mairie de Besançon étudie sérieusement l’idée

Vous l’avez peut-être remarqué, la place Granvelle a accueilli un forage dans le but de sonder la nappe phréatique en son sous-sol. Les données obtenues seront analysées pour déterminer comment exploiter cette source d’énergie. Entretien avec Annaïck CHAUVET, adjointe à la Mairie de Besançon, en charge de la transition énergétique, des bâtiments et des moyens techniques de la ville.

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Quel est l’objectif de cette opération ?

L’objectif de ce forage est de déterminer le potentiel en géothermie de la nappe phréatique du Doubs. Nous cherchons à savoir combien de bâtiments pourraient être chauffés grâce à la température de l’eau qui est en moyenne toujours à 10°C à 14 mètres sous terre. La géothermie étant une énergie renouvelable qui n’émet pas de CO2 par rapport aux combustibles fossiles cette solution répondrait donc aux enjeux climatiques et serait une alternative face à la crise énergétique, puisque la nappe du Doubs est gratuitement présente dans la Boucle.

Quand a commencé cette étude ?

En 2021, nous avons mené une première étude et l’installation de six piézomètres (forages de faible diamètre pour relever le niveau d’une nappe) nous a permis de connaître les caractéristiques hydrogéologiques de la nappe : sa profondeur, sa vitesse d’écoulement, etc… L’actuel forage à Granvelle est cette fois-ci un test de pompage pour savoir comment réagit la nappe lorsqu’elle est pompée, afin de pouvoir le faire sans détériorer son milieu naturel.

Quelles sont les étapes, et échéances, jusqu’à l’approvisionnement en chaleur des bâtiments évoqués ?

Le test de pompage a duré 72h en continu mais les données doivent être maintenant analysées. L’eau de la nappe est captée alors qu’elle est à 10°C. Une quantité de calories est prélevée et concentrée dans une pompe à chaleur jusqu’à obtenir une température de 30°C, ce qui est suffisant pour un chauffage au sol dans un bâtiment. L’eau est ensuite renvoyée vers la nappe par un second puits. Elle a alors perdu quelques degrés mais est encore à environ 7°C, lorsqu’elle retourne en sous-sol et ne perturbe ainsi pas le milieu naturel.

Comment transmet-on la chaleur de la nappe aux bâtiments et combien de lieux pourraient en bénéficier ?

La chaleur passe par des tuyaux pour chauffer les bâtiments au travers d’un chauffage au sol. Pour le moment, nous envisageons de pouvoir chauffer le Kursaal, le Musée du temps et éventuellement le théâtre Ledoux mais seule l’étude engagée pourra nous dire combien de bâtiments pourraient être ainsi potentiellement chauffés.

Quel est le coût de l’opération ? 

Le prix de l’étude de pompage s’élève à 25 000€ et est financié en partie avec une aide de l’ADEME. Si le test est concluant, l’actuel puits, initialement prévu pour le test, pourrait devenir définitif, sans nécessiter de nouveaux travaux de forage, mais à ce jour, nous devons encore évaluer l’ensemble des besoins financiers.

D’autres lieux pourraient bénéficier de cette technique ?

C’est déjà le cas. L’été, les bâtiments administratifs de la Mairie sont rafraichis grâce à la température de l’eau sous-terraine et la Cité des Arts est également déjà chauffée par la nappe du Doubs.