Si vous croisez un hérisson, signalez-le !

Il s’appelle Jean-Xavier Duhart et c’est un amoureux des hérissons au point d’en avoir écrit un livre publié en 2018 : La République des Hérissons « une utopie concrète qui nous propose de protéger la Nature de manière optimiste, ingénieuse et créative. », résume son auteur. A l’époque déjà, son association multiplie les autres actions pour sensibiliser dès le plus jeune âge à la préservation du petit mammifère présent sur terre depuis l’époque des dinosaures.

Une soudaine prise de conscience publique

Depuis le début de l’année, la pétition en ligne de Jean-Xavier Duhart – « Sauver les Hérissons » – a trouvé un écho retentissant auprès des médias nationaux. Et pour cause : dès les premières lignes l’auteur utilise des phrases chocs : « […] depuis les années 1950, les populations de hérissons sont passées d’environ 30 millions à moins d’un million à cause de l’agriculture chimique industrielle. Là où dans les campagnes il y avait 100 hérissons, il n’y en a plus que 3 à présent ! Pour preuve de cette catastrophe pour la biodiversité, les hérissons ont été classés en 2020 sur la liste rouge des espèces en danger par la Grande-Bretagne. »

Manque de chiffres français

Cette pétition n’est pourtant pas récente : lancée en 2016, le document peine à trouver des signataires avant ce dernier coup de projecteur. La méthode fonctionne, le nombre de signatures passe de 166 000 à 267 000 fin janvier 2023.

Si le cri d’alerte est justifié pour la Grande-Bretagne, aucune trace d’une telle chute dans l’Hexagone, d’ailleurs, Jean-Xavier Duhart l’assume un peu plus bas dans son texte : « Bien qu’aucune étude sérieuse n’ait été menée en France, on estime que l’espèce Hérisson sera quasiment éteinte en 2025 ».

Aucune référence pour constater une une dégradation

De quoi irriter légèrement les acteurs de terrains. « Nous avons lancé un programme de recensement sous forme de plateforme participative déployée sur toute la France, donc on ne peut pas parler de densité de population. On peut avoir une tendance mais jamais de chiffres précis. Pour pouvoir mesurer une évolution ou dégradation d’une population, il faudrait d’abord avoir une référence, ce qui n’est pas le cas. On ne peut pas balancer des chiffres comme ça alors qu’en réalité, on ne sait pas », explique Victoire Kühn, chargée de mission pour France Nature Environnement 25 (FNE) et spécialiste du hérisson.

L’association est la première à avoir lancé un recensement solide en Franche-Comté puis sur l’Hexagone. « Nous avons commencé cette étude en 2018 sur le Grand Besançon et Belfort. L’année suivante on est passé à l’échelle départementale puis au niveau national à partir de 2021. » poursuit Gilles Benest, le président de l’antenne du Doubs. « Avec le confinement, les gens sortaient moins, ça a freiné l’étude. On commence seulement à avoir de bonnes données. »

Développer la biodiversité de son jardin

Si l’association regrette les affirmations hâtives d’une telle pétition, elle ne contredit pour autant pas le fond du sujet : l’impact humain sur la nature. « Évidemment que la biodiversité est mise à mal mais aucune étude n’affirme la disparition des hérissons en 2025. Le vrai problème, c’est l’interaction entre la faune sauvage et l’humain. », poursuit Victoire Kühn. « Le but n’est pas d’offrir une source de nourriture à un animal solitaire. Il faut développer la biodiversité dans son jardin pour que le hérisson garde un comportement naturel. »

Autre solution pour préserver le hérisson : recenser une présence actuelle ou passée sur le site « opération hérisson » de France Nature Environnement.

M.S