Une réflexion est en cours pour colmater les failles qui font disparaitre le Doubs en été.

Les images tournent en boucle. Le Saut du Doubs à Villers-le-Lac, sans eau et certaines barques à même le sol. Le phénomène visible depuis la mi-juillet a attiré l’œil du journaliste et militant écologiste Hugo Clément, préférant ironiser sur la situation dramatique. Une fois le buzz et la sécheresse passés, les experts expliquent eux que la situation est évidemment liée au réchauffement climatique d’une part, mais aussi au sol karstique de notre territoire. Toujours est-il que le tourisme local lui ne fait pas de différences entre les causes, car la conséquence est la même : l’activité tourne au ralenti.

 

L’ombre d’une interdiction d’entrée dans l’eau

La situation est telle qu’à la Préfecture, la question de l’interdiction d’entrée en milieu aquatique est sur la table. Les pêcheurs le souhaitent pour sauver un maximum d’espèces aquatiques et préserver la qualité de l’eau. Chez nos voisins du Jura, le décret est déjà en place depuis le 16 août : canyoning, raft, canoë, randonnée aquatique, tout est terminé pour cette saison estivale.

La rivière du Doubs n’est pas la seule touchée par la sécheresse. Du côté de Baumes-les-Dames, le Cuisancin est à la peine. Entre le 15 et le 18 août, la moyenne de débit était comprise entre 1,8 et 2,4m3/seconde. « Il n’y a pas que pour l’eau, toutes les activités ou presque ont été réévaluées en fonction de la chaleur. Par exemple nous proposons de l’escalade avec un mur plein soleil. Il fallait changer de site sinon c’était impossible. », explique Lisa Rousseau conseillère en séjour à l’Office du Tourisme de la Ville. Les excursions dans le centre ont été délaissées au profit évidemment de la nature. « Les demandes tournaient beaucoup autour des sites naturels, les lieux de baignade. Beaucoup moins pour la randonnée qui n’a pas eu franc succès avec le chaud contrairement aux années précédentes. Pour nos visites guidées en ville, nous avons privilégiés les lieux intérieurs, les caves », poursuit la responsable.

Dans le Haut-Doubs, c’est bien le Lac Saint-Point qui a sauvé un mois de juillet jonché de journées très chaudes et sèches. « Nous sommes sur des standards de saison pour un mois de juillet, au niveau de la fréquentation des sites touristiques, des hébergements et de la restauration. Si l’on compare à l’été dernier qui était exceptionnel, certaines activités touristiques ont baissé cette saison de 5 à 10%. C’est marginal encore une fois car les chiffres étaient énormes de l’été dernier. Paradoxalement le nombre de nuitées augmente de manière régulière. Les journées très chaudes ont fait mal aux activités extérieures comme l’accrobranche, les randonnées même si ces dernières font partie des animations les plus demandées. Le plan d’eau au Lac Saint-Point a centralisé beaucoup d’activités. Ceux qui tirent leur épingle du jeu cet été peu importe la météo c’est la restauration et les bars. Les soirées sont longues, les après-midis on se rafraîchit et les gens consomment toute la journée. », explique Julien Vrignon, directeur de l’office du tourisme du Pays du Haut-Doubs.

Sans chiffres précis pour le moment, il assure également que le lancement de la luge d’été à Métabief « a dépassé toutes les espérances ! Le volume de clients et équivalent à celui des remontées mécaniques ».

Les touristes locaux ont repris le train et l’avion

La fin de la crise sanitaire et le retour à un visibilité sur le plus long terme a poussé les Français à partir beaucoup plus loin. Fin juillet la SNCF indiquait avoir vendu environ 22 millions de billets au total pour les mois de juillet et août, dont 18 millions pour les grandes lignes et 4 millions pour les TER. Un niveau de réservations en hausse de près de 10 % par rapport à 2019 à la même date. Les destinations étrangères aussi avec un rebond considérable de l’utilisation de l’avion par les Français et des prix qui flambent : +53,3% d’augmentation le mois dernier.

Localement ces départs se ressentent aussi. À Baumes-les-Dames, l’Office du Tourisme a enregistré 1769 visiteurs en le 1er et 12 juillet contre 2307 en 2019 sur la même période. Le retour des vacanciers, quelques jours de pluie et un public habitué aux fortes chaleurs permettent d’entrevoir un mois d’août bien plus radieux pour le tourisme. De quoi sauver une saison mitigée même si, malgré le départ des touristes locaux, les étrangers font quant à eux le retour. « Les différents campings à Baumes et hôtels ont attiré des Allemands (6%), Néerlandais (5%) ou encore Britanniques (4%).

« Il faut faire attention aux comparaisons, la saison n’est pas si mauvaise que ça », glisse Julien Vrignon. « Les acteurs qui font un petit peu moins qu’avant savent que c’est fluctuant, qu’on sort de deux années instables. Les premiers chiffres du mois d’août sont assez conséquents, ce qui augure une bonne fin d’été. A l’office nous sommes sur une fréquentation qui a augmenté de 10 à 15% ».

M.S