Raphaël Desfemmes, l'entraîneur responsable des U13, vit un calvaire depuis septembre 2022.

C’est un harcèlement qui dure et surtout prend de l’ampleur, au fil d’une saison sportive pourtant bien débutée par Raphaël Desfemmes, entraîneur et responsable de la catégorie U13 du Racing Besançon. Accompagné d’un second éducateur et quelques parents bénévoles le week-end, le coach de 27 ans s’occupe de 38 jeunes âgés de 11 à 13 ans, répartis en trois équipes.

Hors terrain, c’est une autre histoire : depuis septembre 2022, Raphaël Desfemmes subit une série d’attaques et de menaces en lien avec sa fonction d’entraîneur. Une ou plusieurs personnes ont d’abord tenté de le décrédibiliser en usurpant son identité par mail, avant de le menacer par SMS puis l’humilier sur les réseaux sociaux avec un montage vidéo l’accusant de racisme, pédophilie et voyeurisme.

Sept plaintes en cours

De fausses rumeurs graves, que la victime pensait terminées depuis décembre 2022, après avoir saisi la justice et le District. « C’est toujours la même personne derrière ça, j’en suis certain. L’entraîneur d’une équipe adverse qui estime que c’est ma faute si son club a été sanctionné car il faisait jouer des joueurs plus âgés dans notre catégorie. Après la commission de discipline pour une fausse vidéo qui circulait sur moi, pour laquelle il a avoué être l’auteur, tout était redevenu normal ou presque », explique Raphaël Desfemmes. « Pour cette histoire de licences, on n’a pas attendu le Racing Besançon pour se rendre compte des agissements du club adverse. D’autre équipes s’étaient déjà étonnées des différences d’âges en U13. Pour la vidéo, les sanctions sont tombées après nos commissions de discipline et concernant le reste, c’est à la Justice d’en décider. Nous, on reste sur l’aspect sportif. », ajoute Daniel Rolet, président du District du Doubs/Territoire de Belfort. « Cette histoire va encore nuire à l’image du football. », se désole-t-il.

Un faux message concernant le Racing Besançon et son entraîneur Raphaël Desfemmes a circulé la semaine passée sur les réseaux sociaux : une nouvelle attaque contre le coach après toute une série depuis le début de saison.

Un faux message contre le Ramadan aux conséquences graves 

Une nouvelle attaque plus grave est survenue jeudi 23 mars. Toujours sur les réseaux sociaux, un faux message, rédigé dans un mauvais français avec des dizaines de fautes d’orthographe, dénigre ouvertement le mois du Ramadan, qui a débuté le même jour. On peut lire : « […] je trouve cette fête inutile pour nos jeunes. […] votre fils risque de perdre sa place si il n’est pas prêt physiquement aux séances. Le jeun n’es pas une excuse. Tous enfants qui feront le « ramadan « s’expose à des sanctions disciplinaire. » (sic.)

En fin de texte, le nom et prénom de Raphaël Desfemmes. « On peut rapidement se rendre compte que c’est une nouvelle c**** mais des gens y ont cru et une fausse rumeur comme celle-ci peut te miner un club ! J’ai reçu des messages de Brest, de Paris pour m’alerter », fulmine Jérémy Guyen, directeur sportif du Racing Besançon. « Mon numéro de téléphone a fuité je reçois des messages qui viennent de partout même de Belgique, des personnes qui ont vu ce faux papier. Ils disent qu’ils vont venir me chopper, m’insultent en pensant que j’ai vraiment écrit ça. Après les premières attaques, j’ai fait une dépression, j’ai dû quitter mon travail, j’ai perdu beaucoup de poids et j’enchainais les crises d’angoisses. Je pensais que tout ça était terminé… », raconte Raphaël Desfemmes.

« On a toujours soutenu notre entraîneur, on connaît l’homme et ses valeurs. On a déjà porté plainte une première fois pour les faux mails, nous avons à nouveau saisi la justice pour ce faux message du ramadan. Il faut que l’enquête avance et que l’auteur de ces faits abjects soit confronté et sanctionné. Ce n’est plus vivable ! », résume Claude Cuinet, le président du Racing Besançon.

Ce mardi 28 mars, le District Doubs/Territoire de Belfort a écrit à tous les clubs de football du Département pour réitérer son soutien au Racing Besançon et à Raphaël Desfemmes. Un communiqué également envoyé à la Préfecture, à la Maire Anne Vignot et son adjoint aux sports Abdel Ghezali ainsi qu’au Département. Il est notamment écrit « […] l’auteur de cette usurpation devrait prochainement et officiellement être confondu. »

Le groupe U13 du Racing Besançon, saison 2022-2023. Crédit : Racing Besançon.
Fausses licences : plusieurs U13 d’un club, sanctionnésÀ l’automne, le District a aussi statué sur une autre procédure, indirectement liée à cette histoire selon les personnes interrogées : des documents d’identité falsifiés, qui auraient permis à quelques joueurs d’un autre club de jouer en U13, malgré leur âge supérieur. « Des suspensions ont été prononcées et depuis l’éducateur du Racing Besançon est tenu pour responsable de ça alors qu’il n’y est pour rien, c’est dramatique. », confie Daniel Rolet, le président du District Doubs/Territoire de Belfort. Même son de cloche du côté du Racing Besançon. Suspendue le temps de connaître le nombre de joueurs qui ne respectaient pas les règles, cette équipe U13 est depuis repartie sur les terrains. « Cette histoire va encore stigmatiser des gamins de quartier qui n’y sont pour rien ! Il suffit qu’un individu se comporte mal et tout un club est ciblé. », poursuit Daniel Rolet.

Un entraîneur déjà sanctionné pour une vidéo

Pour l’ensemble des acteurs de cette enquête, cet acharnement contre Raphaël Desfemmes serait orchestré par un entraîneur adverse, déjà sanctionné. En novembre 2022 sur les réseaux sociaux, cet éducateur dépasse les moqueries et provocations en diffusant une vidéo sur son compte Snapchat : à l’intérieur, Raphaël Desfemmes, sans jamais le nommer directement, est décrit comme un homme raciste, pédophile et voyeur. « Il explique que j’ai pris une chambre d’hôtel avec un de mes joueurs de 12 ans, que je regarde les enfants faire pipi au collège où je suis surveillant. Ce sont des accusations très graves, deux autres éducateurs du Racing étaient au sein du même établissement et n’ont jamais entendu des choses comme ça. », explique la victime qui porte une nouvelle plainte le lendemain, cette fois visée.

La vidéo est envoyée au District qui ouvre une procédure. « On a d’abord été choqué. J’ai mené ma propre enquête car si ces accusations étaient vraies, l’image du club était détruite à jamais. Il s’agit encore une fois de mensonge pour détruire un homme », confie un membre du Racing Besançon.

Après plusieurs confrontations entre Raphaël Desfemmes et l’entraîneur adverse, la commission de discipline du District tranche : cet éducateur écope d’une suspension et le club de plusieurs amendes. Interdiction d’être présent sur une feuille de match. « Mais on ne peut pas empêcher un dirigeant ou un éducateur d’être au bord des terrains, hors main courante », soupire Daniel Rolet.

 

Une ou plusieurs personnes derrière cet acharnement ?

Pour ce dossier, le mis en cause a reconnu avoir diffusé la vidéo sans pour autant admettre en être l’auteur. Raphaël Desfemmes serait-il visé par plusieurs personnes ?

Parallèlement, un nouveau courrier anonyme est reçu au siège de Racing Besançon. À l’intérieur, toujours des accusations de racisme, toujours les mêmes fautes d’orthographe et une utilisation du français très approximative. L’entraîneur des U13 découvre aussi les deux pneus de sa voiture crevés, le 18 janvier 2023. « J’ai dû acheter des caméras pour ma voiture, une pour ma maison, changer mes pneus. Ce sont des centaines d’euros dépensés pour une situation invivable. » La série d’attaques contre lui s’arrête ensuite pour quelques mois. L’entraîneur pense avoir passé le plus dur jusqu’au jeudi 23 mars et ce nouveau faux message à propos du Ramadan.

Cette fois, le club ne veut plus rien laisser passer. « Ça ne peut plus durer. Pour Raphaël d’abord, pour le club ensuite et pour l’image du football. » résume Claude Cuinet, le président Racing Besançon.

L’usurpation d’identité et le « salaire menstruel »

Autre attaque sur Raphaël Desfemmes : les faux mails. Fin octobre 2022, des dizaines de clubs du District du Doubs et Territoire de Belfort, reçoivent un faux message avec une adresse électronique inventée, toujours au nom de Raphaël Desfemmes. À l’intérieur, un long paragraphe où l’entraîneur du Racing critiquerait vivement son club, chercherait à partir et se présente comme le meilleur coach de la Région. Un texte une nouvelle fois parsemé de fautes d’orthographe et une mauvaise utilisation de la langue française. On peut y lire : «  […] Mon salaire menstruel devrait s’élever à 1 800€ fixe , déplacement non compris . […] je suis l’éducateur le plu compétent de la région. Je ne suis âgé que de 27 ans et je suis certainement plu compétent que tout vos éducateurs du club , je formerai également vos dirigeants […] je veux que les dirigeants insiste sur l’aspect résultats et enlever cette notions de plaisir dans la défaite qui est illogique . »

Plusieurs mails de ce type sont envoyés et certains éducateurs adverses ne tombent pas dans le piège. « On nous a alertés très vite et c’était assez simple de voir qu’il s’agissait d’une usurpation d’identité. D’autres mails sont envoyés quelques jours après en dénigrant mes adversaires. J’ai porté une nouvelle plainte avec toujours une suspicion de connaître la personne derrière tout ça. Maintenant avec tout ça, j’espère que la justice va accélérer les choses », confie Raphaël Desfemmes.

M.S