Pour l’Insee, l’impact économique des Jeux serait faible

"Du PIB, des Jeux et des inconnues." C’est en ces termes que l’INSEE a titré sa dernière note de conjoncture le 9 juillet 2024. Les données ont été collectées avant le 9 juin. Et bien entendu, elles n’intègrent pas les effets des mesures prises par un gouvernement nouvellement nommé, ni ceux liés à une période d’attentisme prolongé.

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Qui aura la lourde tâche d'augmenter les salaires, augmenter les dépenses de l'Etat et diminuer l'endettement de la France ? Le prochain ministre de Finances va tirer le mistigri

Salaires, inflation, chômage, emploi : les programmes politiques proposés sont diamétralement opposés. Quant à la réforme de l’assurance chômage, le texte voté par la dernière mandature a été jeté aux oubliettes de la campagne électorale. Quel que soit l’orientation du prochain gouvernement, les marges de manœuvre restent faibles compte tenu de l’endettement de la France. Toute mesure sociale ne raisonnant qu’en termes de dépenses, ne passera pas l’examen de la Commission Européenne, ni celui de nos créanciers.

Un effet JOP sur la croissance…mais ponctuel

Selon l’INSEE, les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris devraient avoir un impact positif de 0,3 point de PIB au 3ème trimestre. Cet événement sportif bénéficie en amont au secteur de la construction par des dépenses d’investissements conséquents. Pendant les compétitions, l’affluence des visiteurs et délégations sportives engendre une augmentation de la demande dans les services liés au tourisme (hébergement, restauration, transports…). Toutefois, les effets peuvent être faibles en France, un pays qui bénéficie déjà  d’une forte attractivité touristique. Certains touristes pourraient délaisser Paris ! L’impact sur la construction des infrastructures est déjà derrière nous. Reste les conséquences sur la vente des billets et des droits audiovisuels (+0,25%) et sur les secteurs touristiques (l’INSEE l’évalue à +0,05%).

En tout état de cause, « l’effet positif disparaîtra en fin d’année, entraînant un coup de frein de l’activité au 4ème trimestre 2024″ note l’INSEE.

Chômage et Emploi

Le taux de chômage (au sens du BIT) s’est stabilisé au 1er trimestre 2024. Il reste supérieur de 0,4 point par rapport au 1er trimestre 2023, le plus bas enregistré depuis 1982. Toutefois, la hausse du chômage est liée au ralentissement de l’emploi (+ 246 000 emplois nets) alors que la population active a augmenté de 387 000 actifs. Sur un an, précise l’INSEE « la hausse des taux d’emploi et d’activité concerne principalement les plus de 55 ans (reflétant notamment les effets de la réforme des retraites mise en œuvre en septembre 2023) ».

La réforme des règles d’indemnisation de l’assurance-chômage devait avoir pour objectif « d’aller vers le plein-emploi et valoriser encore plus le travail » à partir du 1er décembre 2024. La réforme, controversée, a été suspendue par le gouvernement entre les deux tours des élections législatives comme un gage d’ouverture à gauche pour faciliter les reports de voix pour le second tour. Il faudra bien que les partenaires sociaux aboutissent rapidement à un accord pour permettre aux entreprises d’embaucher et ainsi assurer la croissance.

Sur le dossier de l’emploi, l’emploi salarié a progressé de 0,3% au 1er trimestre 2024, porté par la hausse des secteurs de l’hébergement-restauration et des services aux entreprises, particulièrement chez les personnes en CDD.

Salaires et prix à la consommation

Les deux sujets ont fait l’objet de promesses « inconsidérées » pendant la campagne des législatives. L’éventuel retour de « la boucle infernale salaires-prix » pourrait être un piège pour les ménages. Avant ces promesses, la progression du Salaire Moyen Par Tête (SMPT) a été légèrement supérieure à celle des prix sur une année. Le SMPT réel a ainsi augmenté de 0,3% début 2024 après un recul de 0,6% au 4ème trimestre 2023.

L’augmentation des salaires aurait pour effet de diminuer le versement de la prime de partage de valeur (PPV), d’autant que le dispositif a perdu une partie de ses avantages fiscaux et sociaux au 1er janvier 2024. Les employeurs ont versé moins de 500 millions d’euros de PPV au 1er trimestre 2024 contre 2,6 milliards d’euros au 4ème trimestre 2023.

Les prix à la consommation continuent de diminuer du fait notamment du ralentissement des prix des produits alimentaires et des biens manufacturés. L’inflation a oscillé entre 2,2% et 2,3% par an,  entre mars et juin 2024. A la parution de cet article, on connaîtra l’exécutif de l’Assemblée Nationale (Président (e), vice-présidents (tes), questeurs, présidents et rapporteurs de commissions). Peu de chances que le nouveau gouvernement se soit présenté devant le Parlement avec un programme législatif. Il faudra attendre la fin des JO et l’étude du PLF 2025.

Yves Quemeneur