Édito. Tenez bon !

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La France roule au ralenti depuis la fin du mois de septembre. Depuis que le Groupe TotalEnergies a annoncé avoir un « bilan très solide » pour l’année 2022 avant d’accorder à ses actionnaires un acompte de 2,62 milliards d’euros, sans penser à ses salariés. Une belle enveloppe quelques mois après l’augmentation du salaire du PDG Patrick Pouyanné, passant de 3,9 à 5,9 millions d’euros au printemps dernier.

Cette fois les salariés ont dit stop et c’est toute la France qui s’arrête. La grève a déjà accéléré les choses. Prévue en novembre, la négociation salariale des employés des raffineries Esson-ExxonMobil a débouché sur un accord avec les deux syndicats majoritaires. Un premier pas qui n’a pas empêché la reconduction de la grève ce mardi 11 octobre. Côté de TotalEnergies, les discussions sont au point mort.

La direction conditionne la reprise des négociations à la suspension du mouvement mené par la CGT et balance en prime un communiqué sur les revenus moyens dans les raffineries, histoire retourner cette grève à leur avantage. Des salariés privilégiés avec un salaire moyen de 5000 € ? La réalité est tout autre : en 2016 le salaire médian chez Total était de 1789 €.

Dans une France paralysée, pouvait-on espérer un acte courageux de notre classe politique en sommant TotalEnergies de réévaluer correctement le salaire de ses employés ? C’est tout l’inverse mais le coup de pression sur les syndicats n’a pas fonctionné. Pire, après l’annonce de la réquisition des personnels par l’État, la raffinerie de Donges en Loire-Atlantique, deuxième de France, a annoncé rejoindre le mouvement.

A travers ce duel actionnaires – salariés où l’État tente de jouer l’arbitre en étant influencé, ce n’est pas une question de revenus moyen, de chiffres, de miettes. C’est une nouvelle opposition pour plus de justice sociale. Les opérateurs de raffineries ont bien compris le message du Président : c’est la fin de l’abondance pour tout le monde et le poison de la division n’y changera rien.

M.S