La NUPES n’a pas su mobiliser

Dans la première circonscription, celle des quartiers populaires de la capitale comtoise, la victoire devait revenir à la candidate LFI Séverine Vezies, radicale certes mais intelligente et ouverte. Patatras, c’est finalement Laurent Croizier (Ensemble – Modem) qui emporte le siège avec 51,88% des suffrages exprimés dans une circonscription où la Nupes n’a pas su mobiliser les électeurs de Planoise. Avec 51,67% d’abstention, « notre échec tient au manque de mobilisation de l’électorat populaire » regrette Séverine Vezies. De son côté le nouveau député Laurent Croizier a fièrement assuré « quand on a des convictions, on gagne ».

Quelques abstentionnistes se sont tout de même réveillés au second tour pour voter contre les candidats de l’union de la gauche plutôt que pour le programme d’Éric Alauzet. Preuve en est dans plusieurs communes, l’affiche électorale du député sortant de la seconde circonscription était accompagnée d’un tract « Pas une voix pour Mélenchon ! ». Le résultat a fonctionné car c’est bien dans les communes périphériques de Besançon, que la différence a été faite dans un duel opposant Stéphane Ravacley « le boulanger de Rivotte » à Eric Alauzet qui réussit la passe de trois.

La légère hausse de participation a finalement profité au député sortant avec une qualité de travail reconnue par beaucoup face à un novice en politique dont quelques remarques excessives lui ont coûté cher (Ndlr : on se souvient de la polémique sur le salaire de ses employés de boulangerie…).  Arrivé derrière au 1er tour, Eric Alauzet l’emporte assez largement dans un contexte national difficile, avec 52,26% des suffrages. Sa première remarque porte sur « la nécessité d’apaiser après une campagne anormale de déferlement médiatique ». De son côté, Stéphane Ravacley a promis de poursuivre le combat, expliquant qu’il savait dès le 12 juin que l’élection était perdue. « Notre report de voix était de toute façon trop faible, mais le parcours était très beau ! »

La majorité présidentielle conserve la troisième circonscription

Dans la 3e circonscription, le scrutin promettait d’être indécis et il l’a été avec d’abord un premier tour tendu. Comme partout ailleurs en France, la participation a été catastrophique avec seulement 48,44% de votants. Seuls les deux candidats du premier tour engrangeant le plus de voix se sont qualifiés pour le second. En l’occurrence, Nathalie Fritsch du Rassemblement National, arrivée en tête avec 25,78% devant Nicolas Pacquot, représentant du parti présidentiel avec 22,81%. Le débat est resté entre les deux finalistes aux visions diamétralement opposées, la candidate RN reprenant les thématiques favorites de son parti tandis que son concurrent s’attachait à parler des sujets plus locaux.

Tous les responsables locaux de Droite et de Gauche avaient appelé avec plus ou moins de clarté à faire barrage à l’extrême droite. De quoi conforter mathématiquement Nicolas Pacquot…qui ne l’a pourtant emporté qu’avec 50,83%. Tout juste 451 voix qui montrent sans doute que comme dans beaucoup d’autres circonscriptions, des électeurs ont voulu faire barrage…au Président de la République. Un avertissement pour l’élu de la majorité qui succède à Denis Sommer présent au QG de campagne du candidat au moment de sa victoire.

La 4e circonscription est passée aux mains du RN

C’est un symbole : la quatrième circonscription, celle de l’usine Peugeot à Sochaux et historiquement à gauche, a basculé en faveur du Rassemblement National. Le barrage à l’extrême-droite n’aura pas tenu une troisième fois d’affilée et les électeurs n’ont pas apprécié le refus de Frédéric Barbier de débattre avec son opposante Géraldine Grangier. Car c’est bien la conseillère régionale qui remporte le scrutin par 520 voix d’écart. L’abstention énorme (56,95%) a coûté cher au député sortant, qui avait succédé à Pierre Moscovici. En dépit d’un programme vide, le parti de Marine Le Pen compte une nouvelle oratrice de qualité qui pourra faire ses armes à l’Assemblée.

Annie Genevard savoure sa large victoire

C’est une campagne qui a agacé ses adversaires mais dont l’efficacité a battu tous les records. Si vous n’avez pas vu Annie Genevard, député sortante, durant ces deux derniers mois dans le Haut-Doubs c’est que vous n’y étiez pas. De tous les candidats en campagne dans le département aucun ne s’est autant déplacé que la candidate LR. Alors que l’on pensait l’ancrage à droite fissuré après la claque reçue à l’élection présidentielle, Annie Genevard remporte largement le second tour en améliorant encore son score avec 72,06% des suffrages.

Soutenue publiquement par des personnalités politiques comme Patrick Genre ou Cédric Bole, la candidate n’avait laissé que peu d’espoirs à ses opposants dès le premier tour. Son principal adversaire Philippe Alpy, candidat du parti présidentiel a même failli sortir dès le 12 juin, talonné de très près par Martine Ludi, candidate Nupes. Au second tour marqué par une abstention de 58,57%, la plus haute du département, le maire de Frasne dépasse timidement les 10%.

De son côté Annie Genevard compte peser à l’Assemblée Nationale où le patron des LR, Christian Jacob martèle depuis une semaine qu’il n’y a pas d’alliance possible avec la majorité. La député réélue dans la 5e circonscription s’est immédiatement portée candidate à la présidence de l’hémicycle.

Est-ce le retour de la démocratie parlementaire ? Après cinq années d’une assemblée « aux ordres », Emmanuel Macron est très loin de la majorité. Et si une chambre ingouvernable amenait le Président de la République à organiser un référendum ? En tout cas, il est bien obligé de faire avec, une dissolution n’est possible qu’au bout d’un an.

Yves  Quemeneur, Martin Saussard et David Aubry