Nicolas Penalvert, à gauche et Pierre Girard à droite travaillent ensemble sur ce réseau RENECOFOR.

Au cœur de la forêt domaniale du Ban, entre Hauterive-la-Fresse et Montbenoît, Pierre Girard et Nicolas Penalvert arpentent une parcelle de forêt spéciale. Elle appartient au projet RENECOFOR créé il y a 30 ans pour superviser les différentes forêts et essences françaises. Ou plus précisément, trois phénomènes : la réaction des écosystèmes forestiers aux évolutions du climat, l’équilibre des éléments nutritifs sous l’effet notamment des pollutions atmosphériques et enfin l’évolution de la diversité des espèces végétales. Deux parcelles existent dans notre département, 102 à l’échelle française avec un siège basé à Fontainebleau.

Chute de l’azote et du soufre

Dans le Haut-Doubs, on surveille les sapins. « En résumé, ce projet a été initié à l’origine après le phénomène des pluies acides des années 80 qui avaient causé des dépérissements importants sur nos forêts. L’État et l’Europe avaient alors instauré ce réseau RENECOFOR en France pour suivre précisément l’état de santé de nos arbres. Aujourd’hui le siège détient plus d’un million de données récoltées, ce qui permet d’avoir les premières évolutions. 30 ans ça paraît long mais à l’échelle d’une forêt, ce n’est rien. Le débat public est beaucoup porté sur l’écologie et la préservation de l’environnement. C’est une bonne chose, on n’a pas attendu pour commencer cela dit. », confie Pierre Girard, technicien de l’ONF.

À l’aide de placettes expérimentales, les techniciens de l’ONF suivent l’effet des « pluviolessives ». En clair, découvrir et enregistrer tous les polluants atmosphériques qui retombent avec la pluie. Et bonne nouvelle, une nette amélioration est à noter, selon les deux techniciens de l’ONF : « les quantités de soufre et d’azote ont fortement chuté en 30 ans. C’est surtout dû à une nette amélioration de l’industrie automobile et notamment les pots d’échappement catalytiques.

Même quantité d’eau, répartition différente

Une petite centrale météo est également en place à Hauterive-la-Fresse depuis 1992. Chaque mercredi, un membre de l’ONF prélève l’eau de pluie et l’envoie au laboratoire pour l’analyser. Un travail de l’ombre qui constitue la base de données scientifiques pour des études ou décisions politiques environnementales sur le long terme. Autre précision, le volume de précipitations annuelles reste le même depuis 30 ans. « Ce qui a changé, c’est la répartition des précipitations. », poursuit Pierre Girard. Projet à l’origine pilotée par l’Union Européenne, c’est aujourd’hui principalement le ministère de l’écologie français qui dirige le programme RENECOFOR. Un changement qui a aussi subi des coupes budgétaires au fil des années malgré l’importance d’un tel suivi dans le temps.

Au début du mois, des biologistes de l’université de Louvain, en Belgique, sont venus cartographier la parcelle du Haut-Doubs pour recenser toutes les espèces de plantes et d’arbres mais aussi leur santé et évolution. Toute la végétation présente sur la parcelle RENECOFOR est scrutée. Le projet qui avait une durée de vie de 30 ans, vient d’être prolongé « pour surement 30 ans de plus », sourit Nicolas Penalvert, arrivé il y a quelques mois et qui devrait prendre le relais sur cette placette.

M.S