Haut-Doubs. À Dommartin, cet ébéniste a restauré un piano ayant appartenu à Picasso

Étienne Saillard est ébéniste depuis 1986 et collabore avec le musée de la musique mécanique des Gets en Haute-Savoie. En février 2024, le musée acquiert un piano mécanique ayant appartenu à Pablo Picasso, dont la restauration de la partie ébénisterie a été confiée à l’artisan haut-doubien.

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Etienne Saillard, ébéniste Dommartin
Étienne Saillard a restauré toute la partie ébénisterie du piano ©Cassandra Tempesta

En entrant dans l’atelier de l’ébéniste Étienne Saillard à Pontarlier, un instrument est bien gardé sous sa couverture. En la retirant, l’artisan dévoile un piano mécanique orchestre construit à Nice par Armand Nallino. Derrière son style art déco, se cache une pièce unique. Dans les années 50, il appartenait au célèbre peintre, graveur et sculpteur Pablo Picasso. Étienne Saillard est alors chargé de restaurer toute la partie ébénisterie et finition de l’instrument, qui rejoindra le musée de la musique mécanique des Gets en Haute-Savoie. 

Un célèbre propriétaire

Des travaux demandant jusqu’à trois semaines de minutie. « Le fronton manquait, des panneaux étaient cassés. Tout le bas était abîmé. Il a fallu le nettoyer et reprendre les finitions », détaille l’ébéniste. À l’intérieur, les insectes avaient attaqué le bois à plusieurs endroits, le rendant friable. Étienne Saillard est alors venu le renforcer. « Quand on a reçu le piano, il était quasiment tout noir ». Aujourd’hui, les travaux sont terminés et ont permis à l’instrument de retrouver son éclat et du bois moucheté. 

Fabriqué dans la première moitié du XXe siècle, ce piano trônait dans un cabaret. « Il servait à mettre de la musique dans les bars, à faire danser. Il peut jouer une quinzaine d’airs ». Pablo Picasso l’a découvert et en a fait l’acquisition dans les années 50. L’instrument a fini ses jours chez un ami de la famille du peintre. En février 2024, une mise aux enchères a permis au musée de la musique mécanique des Gets en Haute-Savoie de l’obtenir. Le piano doit rejoindre leur grande collection contenant près de 900 pièces. 

« Faire partie de l’entretien du patrimoine »

Mais avant d’être inauguré en juillet prochain, il a fallu le restaurer. Il passe donc par quatre artisans : un facteur piano, un peintre en décor, un artisan qui rénove toute la partie mécanique et l’ébéniste haut-doubien Étienne Saillard, qui collabore avec le musée depuis de nombreuses années. « J’ai une spécialité en musique mécanique au niveau ébénisterie. J’ai travaillé dans un musée de boîte à musique ». 

Des connaissances et un savoir-faire qui lui ont permis de restaurer ce piano unique. « Tout est restaurable, mais on regarde comment faire pour qu’il soit agréable à regarder. Il faut garder son intégrité tout en ayant quelque chose de chatoyant », sourit l’ébéniste, avant de poursuivre « c’est intéressant de voir son appartenance, de découvrir son histoire. Par exemple, la fille de Picasso l’avait en horreur. C’est bien de faire partie de l’entretien du patrimoine. On prolonge la vie d’un objet. S’il part, c’est qu’on a réussi et on progresse ».