Haut-Doubs. Dominique Raimbourg « Mon père vit à travers ces rendez-vous, ces hommages »

Le centre iconographique pour le cinéma organise du 6 au 11 mars une exposition dédiée à André Raimbourg, dit Bourvil. Pour l’occasion, son fils Dominique se rend à Pontarlier pour inaugurer l’événement à la Chapelle des Annonciades. Et nous raconter qui était Bourvil. 

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Dominique Raimbourg

Quand on pense à Bourvil, on pense à La Grande Vadrouille (1966), Le Corniaud (1965) ou encore « Le Jour le plus long » (1962). Comment peut-on décrire votre père pour les plus jeunes ?

C’était un acteur de la fin de la Seconde Guerre mondiale aux années 70. Il a eu une carrière complète avec du cabaret, du théâtre, des chansons et du cinéma. Elle est d’autant plus complète qu’il jouait des rôles dramatiques, comiques et il savait parfaitement restituer le comique dans le dramatique et inversement. C’est peut-être pour cette dernière raison qu’il a duré. Mon père a donné un message dans toute son œuvre : quel que soit son rang son social ou son niveau d’éducation, dès l’instant où l’on se comporte bien, on prend sa place dans ce que l’humanité fait de mieux. Il a souvent joué des gens simples qui, par leur grandeur d’âme, s’élevaient au rang des gens socialement plus haut.

André Raimbourg apparaissait comme un acteur sympathique, respectueux et bienveillant auprès du grand public. Comment était-il en famille ?

Il aimait la drôlerie, les blagues à deux balles comme les plus fines, mais par ailleurs, il était très travailleur et était très exigeant là-dessus. Il avait un profond respect pour le travail et le goût de l’effort.

Bourvil a disparu il y a 53 ans maintenant et paradoxalement, des dizaines d’expositions et hommages sont rendus partout en France chaque année. Quel est votre ressenti par rapport à cette passion pour votre père ?

Je vais un peu partout quand je peux, la mémoire de mon père reste vivante et ça me touche beaucoup à chaque fois. C’est aussi peut-être dû au fait que La Grande Vadrouille ait été diffusé plus de 20 fois à la télévision et qu’à chaque fois, des millions de personnes regardent ce film avec plaisir. Mon père vit encore à travers ces événements, ces affiches, ces spectacles et chansons, c’est formidable.

Vous êtes devenus avocat avec également une carrière politique, votre frère est économiste. Pourquoi ne pas avoir suivi les traces de votre père ?

Il nous a déconseillés de faire du cinéma avec toujours la même raison : il y a des milliers de postulants pour peu d’élus. Beaucoup vivent une frustration toute leur existence. Il disait toujours : « j’ai réussi avec beaucoup de travail, mais aussi beaucoup de chance, je ne pensais pas que ça marcherait aussi bien. La chance n’est pas héréditaire. ». Et encore plus quand il faut se faire un prénom plus qu’un nom.

Avez-vous vu tous les films de votre papa ?

Quasiment, car il y a quelques années le groupe M6 a ressorti tous ses films ou presque accompagné d’un livret où mon frère et moi écrivions un petit témoignage.

Lequel est votre préféré ?

Il y en a deux ou trois (rires) ! La Grande Vadrouille (1966) forcément, car le trio De Funès, Oury et Bourvil fonctionne à merveille. Le deuxième est Le drôle de paroissien (1963) où mon père incarne un voleur qui pille les lieux d’offrandes. C’est un voleur mystique, paresseux et paradoxalement honnête. Enfin, Fortunat (1960) où mon père joue le rôle d’un paysan un peu simplet qui va aider une grande bourgeoise juive à traverser la ligne de démarcation avec une histoire d’amour tragique.

Pourquoi avoir accepté de venir à Pontarlier, traverser la France pour cette exposition ?

Il y a eu un très bon feeling, ce sont des amoureux du cinéma. Une exposition grand public avec des gros moyens, dans une grande ville n’a pas forcément besoin de moi. Ici, c’est un rendez-vous de plus petite taille, plus chaleureux presque et si je peux aider et apporter quelque chose, je le fais avec plaisir.

M.S