Haut-Doubs : Jules Favre : « C’est à Morteau que j’ai découvert l’esprit rugby »

Il y a deux semaines, Fabien Galthié sélectionnait Jules Favre parmi 42 rugbymens pour un stage de préparation du tournoi des VI nations. Non retenu pour jouer la première rencontre, le mortuacien garde un souvenir inoubliable de cette première pré-sélection et espère participer aux prochaines rencontres.

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Quel a été ton sentiment quand tu as appris ta sélection ? 

Quelques heures avant l’annonce, j’ai reçu un coup de fil de William Servat (l’entraîneur des avants du XV de France). J’ai vu le numéro, j’ai eu un haut de coeur et j’ai compris ce que ça voulait dire. C’est une énorme fierté, un énorme honneur d’être présent dans ce groupe. J’ai appelé mes parents, mes potes, tout le monde à partager la nouvelle c’était super marquant. A l’entrainement tous mes coéquipiers m’ont félicité, ça m’a fait chaud au coeur.

Au vu de tes performances depuis le début de saison, est-ce que c’était une énorme surprise pour toi ou comme le prédisait les experts du monde oval, tu t’attendais un peu à cet appel ?

C’est toujours inattendu, si tôt même si je fais de belles performances avec La Rochelle. Je suis très content de mon niveau depuis le début de saison, j’ai eu la chance d’avoir marqué sept essais. De là à être appelé en équipe de France c’était encore très loin !

et tu es arrivé à La Rochelle en 2017, à 18 ans…

Exactement et en tant qu’aspirant donc très loin de là où j’en suis actuellement ! Je rêvais d’être professionnel en signant là-bas même si je ne l’avais jamais dit à personne.

Plus jeune tu privilégiais le judo plutôt que le rugby avant de devoir faire un choix, comment s’est déroulé cette période ?

C’est mon père qui m’a toujours un peu guidé. Je pratiquais les deux sports plus jeune et  le judo m’offrait une opportunité en rejoignant le pôle espoir de Besançon. Mon père m’a dit de saisir cette chance. Je suis donc allé au collège de Notre-Dame en 3eme à l’époque, c’était très bien, mais trop exigeant, je ne me sentais pas de continuer dans cette voie. A l’époque mon entraîneur du pôle espoir m’avait dit « quand on aime le chocolat c’est très dur de s’arrêter… ». Il avait raison et je suis naturellement revenu au rugby, on m’a proposé de rejoindre le CREF de Dijon et j’ai foncé sans jamais regretter.

Comment as-tu découvert le monde oval ? 

Mon père m’emmenait au RC Morteau parce qu’il jouait là-bas et il m’avait inscrit à l’école de rugby. « Rugbystiquement » parlant, sans faire offense à tous les bénévoles qui oeuvrent pour le club je ne sais pas si j’ai beaucoup appris au début (rires), mais c’est grâce à tout ces gens que ma passion pour ce sport est née. J’ai beaucoup rit, joué et profité, c’est à Morteau que j’ai découvert l’esprit rugby qui m’a amené jusqu’au porte de l’équipe de France.

Donc ta famille penchait pour le rugby plutôt que le judo ?

Les deux, ce qui est assez drôle d’ailleurs c’est que je n’aurais peut-être jamais pu jouer au rugby (rires) ! Mon grand-père pratiquait le judo et a initié mon papa. Puis mon père s’est inscrit en cachette au rugby parce que mes grand-parents trouvaient ça trop dangereux comme sport ! Comme il était dans la marine, mon père jouait lors de ses opérations contre différentes équipes comme le Djibouti, le Congo, etc. Je suis né à La Seyne-sur-Mer (83) près de Toulon et au retour de mon père nous nous sommes rapprochés de ma famille en Franche-Comté. Il a cherché un club et nous avons trouvé Morteau.

Aujourd’hui ressens-tu encore l’apport du judo dans ton jeu ?

Sur certains points c’est évident par exemple pour appréhender l’adversaire et anticiper ses mouvements. Inconsciemment aussi peut-être, dans la manière de me placer avec mes appuis pour résister aux contacts. Il y a des gestes qui sont devenus des réflexes.

As-tu été déçu de ne pas participer au match contre l’Italie dimanche 6 février ?

J’ai très bien reçu la nouvelle car je suis ici pour prendre de l’expérience, me présenter aussi auprès du staff et des cadors de l’équipe de France. C’est un premier pas et j’ai pris un énorme plaisir à faire ce stage et tout n’est pas fini. Chaque dimanche de nouveaux joueurs seront appelés pour rejoindre le groupe et si une opportunité se présente, je pourrais être dans les 28 retenus ! Je crois en ma chance mais je suis très concentré pour poursuivre le travail avec le stade Rochelais.

A quand un retour dans le Haut-Doubs ? 

On a joué contre Biarritz hier et on a normalement une semaine de repos ! Je vais voir en fonction de mon calendrier mais c’est vrai que ça fait un moment que je ne suis pas revenu voir ma famille et mes amis, j’espère le faire très prochainement !

Propos recueillis par Martin SAUSSARD