Haut-Doubs. Le Mont d’Or veut anticiper son avenir

Après une saison 2023 – 2024 sur les mêmes bases que la précédente, le syndicat interprofessionnel du Mont d’Or (SIMO) poursuit l’évolution de son cahier des charges avec la volonté de préserver son AOP et ses acteurs.

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À deux tonnes près, la consommation du Mont d’Or sur les deux dernières saisons et la même (5428 cette année contre 5430 en 2022/23). Un premier constant pour rassurer et confirmer l’engouement perpétuel autour de ce produit unique de notre terroir. Les consommateurs ont toutefois privilégié les plus petites boîtes avec 8 884 603 fromages vendus, toutes tailles confondues, soit 25 000 de plus que l’an passé. « Les mois de septembre et octobre ont été chauds donc le public reste sur des plats d’été. La consommation s’est accélérée ensuite pour arriver au même niveau que l’an passé. », analyse Éric Février, président du syndicat.

Le dérèglement climatique, toujours plus impactant

Les 10 fromageries et ses producteurs de lait à Mont d’Or ont donc passé une nouvelle saison prospère sans pour autant oublier tous les enjeux déterminants pour les années à venir. L’année exceptionnelle en 2021 – 2022 où la barre des 6000 tonnes de lait avait été franchie, pourrait ne plus jamais être atteinte. Le dérèglement climatique est l’une des principales causes des variations dans les volumes de lait. « Les extrêmes ce n’est jamais bon, en agriculture comme ailleurs », glisse le président du syndicat. « En 2021 c’était très compliqué avec les fortes chaleurs et aujourd’hui avec la pluie incessante, on fait les foins rapidement et tardivement, ce qui se répercute sur la production. »

Un cahier des charges « préventif »

Pour préserver la nature et le modèle économique du Mont d’Or, le syndicat travaille sur un nouveau cahier des charges dont les premiers changements sont déjà annoncés. Le volume d’herbe par vache augmente (1,3 hectare contre 1 auparavant), un plafond de vaches est fixé à 50 par travailleur et une limitation renforcée des engrais azotés est ajoutée sur les prairies où au moins 80% de la surface fourragère doit déjà être naturelle. « Il faut être en adéquation avec le territoire et ce que l’on peut apporter au consommateur. Les exploitations doivent rester à taille familiale. On a couplé ces mesures à une limite maximale d’1,2 million de litres lait par exploitation, ce qui veut dire 4 ou 5 associés par site, pour les plus grosses. C’est déjà beaucoup mais rien comparé à une ferme-usine qui produit du lait à grande échelle avec 20 salariés. », poursuit Éric Février. Augmenter la surface par animal permet aussi de réduire l’élevage de bovins. « Ça limite les rejets de fumier et de lisier. On est les premiers pollueurs pour certains mais surtout les premiers acteurs à prendre des décisions pour limiter notre impact. »

Des modifications qui n’ont néanmoins pas beaucoup d’impact sur les quelques 450 agriculteurs de la filière, respectant déjà toutes ces nouvelles conditions ou presque, qui doivent encore être validées au niveau national puis européen. Un parcours de plusieurs années, autant de temps pour s’adapter. Pour le syndicat toutefois, il s’agit surtout de limiter le développement pour se prémunir d’une arrivée des géants de l’agroalimentaire. « On ne veut rester propriétaires de nos capitaux. Plus l’exploitation est grosse, plus la transmission est financièrement délicate et la tentation des industriels plus grande. On ne voudrait pas que ça arrive, donc à nous d’anticiper. »

M.S