« Protégeons les tourbières ». C’est l’appel lancé par une quarantaine de scientifiques internationaux inquiets de la situation de ces puits de carbone ajoutant même « Avec les tourbières, il faut agir comme si notre avenir en dépendait parce que c’est le cas ». L’urgence et l’intérêt de ces chantiers n’est donc plus à démontrer.
Sur le massif jurassien, 62 tourbières ont déjà fait l’objet d’opérations de réhabilitation ces sept dernières années dans le cadre d’un premier programme européen LIFE de type « Nature et biodiversité ». Cela ne représente qu’une partie des sites (18 %) mais concerne la moitié des superficies tourbeuses du massif. On en compte encore une centaine avec un potentiel de réhabilitation élevé.
Fort de ce succès, un nouveau projet LIFE a été déposé auprès de la Commission européenne fin 2021, projet qui cette fois concerne « L’atténuation du changement climatique » ce qui implique que les actions pourront ainsi être menées hors des sites Natura 2000 et les objectifs porteront sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Ce programme de 12,5 millions d’euros est financé à 60 % par l’Union européenne, 27 % par l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, et le reste par le Ministère de la transition écologique, la Région Bourgogne-Franche-Comté, les Départements du Doubs et du Jura, l’Ademe Bourgogne Franche-Comté et les bénéficiaires.
D’importants travaux de réhabilitation fonctionnelle vont ainsi pouvoir être menés sur 70 tourbières visant notamment la neutralisation de 36 km de fossés de drainage, la restauration de 18 km de cours d’eau ou encore la réhabilitation de 27 ha d’anciennes zones d’extraction. Ces chantiers seront menés par le Conservatoire d’espaces naturels (CEN) de Franche-Comté, toujours coordinateur du programme ainsi que l’EPAGE Haut-Doubs Haute-Loue, le Parc naturel régional du Haut-Jura, l’EPAGE Doubs Dessoubre et les Amis de la Réserve naturelle du lac de Remoray.
Les tourbières, des milieux naturels aux multiples fonctions
Le massif du Jura, l’un des territoires français les plus riches en tourbières, a un rôle essentiel à jouer pour réhabiliter ces milieux rares et menacés. Or, comme le rappelle le CEN : « Ces milieux humides aux multiples fonctions rendent de nombreux services au territoire : réservoirs de biodiversité, régulation et filtration des eaux, paysages remarquables, archives scientifiques sur l’histoire de l’humanité et des climats… mais aussi d’importants stocks de carbone ».
Rappelons que ces tourbières qui représentent 3 % des terres émergées du globe contiennent à elles seules 30 % de tout le carbone mondial piégé dans les sols. Problème, lorsqu’elles sont dégradées, elles relâchent rapidement dans l’atmosphère le carbone stocké durant des milliers d’années sous forme de gaz à effet de serre. Elles contribuent alors au changement climatique. D’où l’importance de leur réhabilitation !