Législatives 2024: l’inépuisable Lutte Ouvrière prépare le terrain d’une révolution

Lutte Ouvrière est le seul mouvement historique à gauche refusant l’alliance du nouveau Front Populaire. Le seul parti aussi, dans le Doubs, à présenter des candidats dans toutes les circonscriptions. Sur les deux circonscriptions de Besançon, Nicole Friess (1ère) et Brigitte Vuitton (2e), deux militantes de tous les combats sociaux depuis plus de 40 ans, attendent un sursaut des travailleurs.

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Comme en 2022, Nicole Friess (1e), Sonya Morrison (5e) et Brigitte Vuitton (2e), repartent en campagne. Photo MS

Comme un symbole, par économie aussi, le lancement officiel de cette campagne 2024 chez Lutte Ouvrière se fait avec tous les candidats, au même endroit, à Besançon. Installée dans le jardin près de la banque alimentaire de Montrapon, cette équipe de travailleurs refuse tout compromis avec d’autres partis. « C’est l’une de nos divergences de longue date avec le NPA par exemple », souligne Brigitte Vuitton, candidate sur la 2e circonscription. Scène paradoxale, en recherchant son nom sur Internet pour plus de renseignements en amont, les premiers résultats affichent Brigitte Macron en tenue Louis Vuitton… tout ce que combat depuis près de 45 ans l’ancienne professeur du collège Voltaire. « J’ai vu cet établissement et ce quartier (Planoise) devenir un ghetto pauvre et avec ça les points de deals émerger. Les familles plongées dans la pauvreté, c’est à elles qu’on cherche à s’adresser. » Parmi les propositions du mouvement, une indexation des salaires sur l’inflation, l’abolition des réformes du travail, chômage et retraite.

Des propositions qui ne sont pas sans rappeler le programme du nouveau Front Populaire, contre lequel Lutte Ouvrière est farouchement opposé. « Ça ne se fera pas sans lutte et surtout pas avec ces partis construits pour préserver une politique anti-ouvrière. », poursuit la candidate. « Mitterrand, Hollande… cette gauche a eu une chance au pouvoir et regardez ce qu’elle a fait. »

Ces élections sont aussi pour le parti un anniversaire de lutte : celui de Nicole Friess dont les premiers faits d’armes remontent à 1974, pour la candidature d’Arlette Laguillier à l’élection présidentielle. L’ancienne adjointe administrative au CHU, syndicaliste, sait de mémoire que le soulèvement des travailleurs est possible, sans être utopiste. « Se présenter à une élection, c’est aussi planter un drapeau, celui communisme révolutionnaire internationaliste qui défend l’idée que les travailleurs font vivre la société et que c’est à eux de la diriger. Pour ça, il leur faut un parti, qui reste à construire… On sait que nous n’aurons probablement pas d’élu mais nous portons une voix tous les jours, partout », confie la candidate de la 1ère circonscription. Attendre un sursaut, l’espérer au plus profond de soi en observant la crise du modèle capitaliste enfler. « Voir des ouvriers voter extrême droite, c’est triste ! », poursuit Nicole Friess, qui comme d’autres, veut un retour de conscience des classes. « Lutte Ouvrière, c’est la conscience qu’il n’y a pas de sauveur suprême mais qu’eux seuls pourront renverser la situation ».

Sonya Morrison dans le Haut-Doubs

Dans le Haut-Doubs c’est Sonya Morrison, enseignante d’origine Canadienne, qui repart au combat après s’être déjà présentée en 2022. « Macron offre l’opportunité de reprendre le contrôle sur notre système. Nous vivons dans une économie et un monde capitaliste qui prépare la guerre. Le nouveau Front Populaire compte des candidats qui ont déjà été au pouvoir, même à la tête de l’État. Ils ont déjà eu une politique anti-ouvrière. On ne veut pas semer l’illusion qu’on pourrait changer les choses dans nos vies par le bulletin de vote avec ces gens. Ce n’est même pas par des élections que cela passera, c’est par l’organisation consciente et la combativité de la classe ouvrière. »

 M.S