Mantion « un esprit d’ouverture »
Le leader européen « des systèmes coulissants » est implanté à Besançon depuis plus d’un siècle. Fondée par Alexandre Mantion en 1920, la ferronnerie acquiert rapidement une image d’excellence au-delà de la région.
La famille Mantion est de ces entrepreneurs bisontins qui ont fait la réputation de la capitale comtoise. Le petit-fils d’Alexandre créera en 1951 la société Maty, première société de vente de montres et bijoux par correspondance.
D’actionnaires en actionnaires, l’esprit familial a perduré chez Mantion, gage de son développement, de la qualité de ses produits et de son internationalisation. Aujourd’hui, la société Mantion emploie 230 salariés dans le monde dont 120 à Besançon rue Gay-Lussac. Les ateliers couvrent 20 000 m² sur 5 bâtiments longeant le boulevard Kennedy. L’entreprise, pourtant discrète, est présente dans plus de 80 pays sur les cinq continents. Elle transforme 3 000 tonnes d’acier par an autant sur des robots de dernière génération que sur des outillages de 60 ans. L’entreprise est prête « à traverser les grandes mutations sociales et technologiques qui s’annoncent » précisait en janvier 2022 Martial Devaux qui a pris les rênes de l’entreprise après Denis Schnoebelen qui avait développé Mantion à l’international pendant 20 ans.
42 millions d’euros de chiffre d’affaires dont près de la moitié réalisé hors de France, le spécialiste des systèmes coulissants fabrique en France 85% de sa production, possède 5000 références et produit 15 millions de pièces par an.
Un ministre à l’épreuve de l’économie du réel
Condisciple d’Emmanuel Macron à l’ENA en 2002, Olivier Becht intègre ensuite la justice administrative. Il s’engage en politique dès la fin des années 90 à Rixheim dans le Haut-Rhin. Celui qui se définit comme « social-démocrate plutôt libéral » n’a donc, du monde de l’entreprise, qu’une idée « administrative ». Sa visite à Besançon, dans une ville qui a construit sa réputation sur l’industrie du réel (textile, horlogerie, puis aujourd’hui autour de la micromécanique et des biotechnologies …) devrait lui faire prendre conscience que la croissance économique ne s’invente pas sur des tableurs Excel mais qu’elle repose sur des femmes et des hommes de passion.
A l’épreuve de la réalité du développement international des PME
Florian Cunin, directeur général de Mantion, a confronté le ministre à la réalité du terrain. « Nous, les PME industrielles, nous avons besoin d’un meilleur accompagnement des pouvoirs publics dans notre développement à l’export ». Il ne réclame pas d’études de marché « Nous connaissons nos clients et le potentiel de l’entreprise à répondre à leurs besoins aujourd’hui et demain. C’est plus dans l’environnement réglementaire, social, fiscal des pays dans lesquels nous nous implantons que l’Etat doit nous accompagner ». Le ministre a répondu « Volontariat international » avec Business France. Si le dispositif est parfois utile pour intégrer progressivement des jeunes à des fonctions à l’international, Florian Cunin doute que cela réponde aux besoins quotidiens d’une PME qui doit trouver des solutions pragmatiques et rapides.
Industrialiser la France
Le gouvernement se félicitait récemment de la baisse du déficit commercial en février 2023, oubliant que cette diminution était liée à la baisse des importations de produits énergétiques. On ne parle pas pour autant d’excédent commercial mais de diminution du déficit. Ce qui devrait primer est de permettre aux entreprises et notamment aux PME d’exporter plus grâce à la diminution des charges sociales sur la production et l’allègement des contraintes administratives.
Le pays a privilégié depuis des décennies le secteur tertiaire et les fonctions « support »…alors qu’il n’y avait plus rien à « supporter ». Les dirigeants politiques, tous bords confondus, « sautent comme des cabris » en vantant l’industrie ! Mais les industriels continuent à refuser des marchés…faute de collaborateurs pour travailler.
L’industrie offre des métiers valorisants et rémunérateurs. Encore faut-il que la communauté éducative incite les parents à orienter les enfants vers ces filières. Encore faut-il que certaines politiques locales ne rêvent pas d’industrie…sans usines !
Yves Quemeneur