L’invité de la Rédaction. Julien Bertrand, responsable régional du mouvement des éclaireuses et éclaireurs de France

A quelques jours de la journée mondiale du scoutisme (le 22 février) rendant hommage à son fondateur Lord Robert Baden-Powell, à 26 ans, ce clerc de notaire entré dans le scoutisme à l’âge de 9 ans fait le point sur l’évolution de ce mouvement souvent méconnu.

621
Scout
Julien Bertrand.

Qu’est-ce que le scoutisme ?

C’est avant tout une méthode pédagogique. La méthode voulue par Baden-Powell. Bien entendu, le grand public a l’image des scouts en pleine nature, avec des activités à l’extérieur, un feu de bois…c’est vrai mais ce n’est pas tout loin de là. Il y a un volet éducatif très important autour de tout cela.

Vous parlez éducation. Elle revient pourtant plutôt aux parents ?

Certes mais nous avons une action complémentaire pour les enfants que justement leurs parents veulent bien nous confier. En nous rejoignant, ils décident d’abord d’un engagement au sein d’une communauté privilégiant on y revient la vie dans la nature. Mais nous proposons aussi un cadre symbolique avec par exemple le port du foulard chez les Eclaireuses et Eclaireurs de France et parfois d’une tenue complète dans d’autres mouvements. En devenant scout, on apprend toujours quelque chose donc on fait progresser les individus et ce au sein d’équipes. Notre rôle d’adultes étant de les appuyer et non de nous substituer à eux, les jeunes gagnent en assurance et en autonomie. C’est ce qu’on appelle l’éducation par l’action, avec de la mise en pratique. La loi et la promesses scout consiste à dire que l’on donne une direction de vie et des règles non seulement pour les moments passés avec nous mais aussi en dehors. On dit que ce sont des moments qui marquent pour la vie.

Aujourd’hui, est-ce que ce n’est pas ringard d’être scout ?

Pas du tout. On a longtemps eu l’image de Gérad Jugnot et de Scout toujours qui nous a collé à la peau mais ça reste une comédie. Aujourd’hui, dans un mouvement comme le nôtre par exemple, on a su évolué avec notre époque pour devenir une association moderne qui s’intéresse aux questions de notre temps comme l’écologie et l’écocitoyenneté mais aussi des sujets de société comme les violences sexistes et sexuelles. Nous sommes connectés aux réalités et encore une fois, notre rôle éducatif est d’autant plus important.

C’est ce qui explique le regain d’intérêt pour le scoutisme ?

On observe en effet que depuis la crise sanitaire, les gens ont un véritable besoin de nature et d’activités extérieures ce qui est encore plus flagrant dans les zones urbaines où les enfants notamment n’ont pas la campagne à leur porte. Le scoutisme répond à ces attentes et permet de décrocher des écrans qui sont souvent un problème pour la jeune génération. Le côté solidaire est également recherché et là encore, cela fait partie de nos règles fondamentales. Tout ceci explique sans doute en partie que dans nos groupes du Doubs, à Besançon La Ruche, Pontarlier et l’Isle-sur-Le-Doubs, nous ayons de listes d’attente. J’en profite d’ailleurs pour lancer un appel aux adultes qui souhaiteraient nous rejoindre dans l’encadrement ou même créé d’autres groupes locaux, ils sont les bienvenus !

La spiritualité tient-elle une place importante ?

D’autres scouts ont une orientation religieuse ce qui n’est pas notre cas puisque nous sommes laïcs. D’autres ont une orientation catholique, protestante, musulmane, israélite ou bouddhiste, tous réunis avec les Eclaireuses et Eclaireurs de France au sein de la fédération du scoutisme français. Notre conception de la laïcité est différente de celle appliquée dans les établissements scolaires puisque chez nous, les signes religieux ne sont pas interdits mais au contraire acceptés. On n’empêche pas, on tolère. Et, être laïcs ne nous empêche pas d’avoir des temps spirituels. On met en place des moments d’échanges philosophiques adaptés aux enfants et adolescents.

La laïcité fait donc partie de vos valeurs. Quelles sont les autres ?

L’écocitoyenneté dans le sens où nous prônons la responsabilité de chacun dans le respect de la nature. La démocratie, entre jeunes pour avancer ensemble en faisant des choix acceptés par tous. La solidarité, c’est-à-dire la volonté d’avancer ensemble, en même temps mais aussi en étant présents sur des actions extérieures comme le Téléthon ou la collecte de la banque alimentaire. Et enfin la coéducation ce qui signifie que les jeunes viennent vers nous avec leurs connaissances, rejoignent un groupe avec d’autres venus d’horizons différents et qu’ils doivent apprendre des autres comme ils doivent apprendre aux autres, y compris vis-à-vis des adultes encadrants.