La Palice

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Merci à vous Monsieur Poubelle. Merci à vous Monsieur Jacuzzi. Et merci aussi à vous Macadam et Rustine. Et Béchameil, Kalachnikov, Parmentier et Rimmel.
Surtout Béchameil.
Vous avez laissé votre nom plus ou moins écorché à des inventions qui ont fait votre gloire. Ou pas. Leur usage courant a transformé notre quotidien.
Merci à vous aussi Bécassine et à toi Guignol.
C’est l’antonomase qui consiste à rendre justice à un inventeur en faisant de son patronyme un nom commun sans majuscule. Et cette minuscule le grandit à jamais dans nos dictionnaires.
Mais notre jugement a ses faiblesses et il y a parfois des injustices.
Ainsi Jacques II de Chabannes, seigneur de La Palice serait en droit de se plaindre d’avoir si souvent à se retourner dans sa tombe. Il fut un héros qui trouva une mort glorieuse au siège de Pavie en 1525 aux côtés de François I er .
Les soldats sous ses ordres, éclaboussés du sang du héros composèrent une chanson à sa gloire. Une idée reprise bien plus tard par Pierre Perret pour faire l’éloge des colonies de vacances.

Hélas, La Palice est mort,
Il est mort devant Pavie ;
Hélas, s’il n’était pas mort,
Il ferait encore envie.

Trois fois hélas ! Car des mécréants qui sont la honte de leur ville natale ne trouvèrent rien mieux que de mutiler le poème des trouvères et troubadours. Abusant de la ressemblance en ces temps anciens de la calligraphie du F et du S, ils chantèrent sans scrupule :

Hélas, s’il n’était pas mort,
Il serait encore en vie.

L’irréparable était fait et le héros devint la risée de tout un peuple.
Il le paye encore aujourd’hui.

Par le Docteur Gérard Bouvier