Au soir de sa réélection, les premières paroles d’Emmanuel Macron étaient tournées vers une « méthode nouvelle ». Son second mandat présidentiel débute néanmoins avec une solide base de ministres déjà en poste lors du précédent quinquennat. Ils sont 27 au total à avoir participé à leur premier conseil des ministres ce lundi 23 mai, avec une parité quasi-respectée : 14 hommes, 13 femmes (sans compter la Première Ministre). Petit tour de table pour présenter les nouveaux dirigeant(e)s français(e)s.
Cinq ministres conservent leur poste, dix restent et changent de mission
Excepté à l’Education Nationale, tous les postes clés (c’est-à-dire ceux qui ont eu les plus gros budgets), sont détenus par des personnages politiques connus. À commencer par la Première Ministre Élisabeth Borne. Après 26 jours d’un suspens embarrassant, Emmanuel Macron a donc choisi son ex-ministre du Travail à la tête de son nouveau gouvernement. Vantant ses réformes pour faire face à la crise sanitaire et un niveau de chômage très faible, Élisabeth Borne occupe à 61 ans le poste le plus important de sa carrière politique débutée dans les années 80.
Darmanin – Le Maire, les solides soldats
A ses côtés, Gérald Darmanin conserve son poste au ministère de l’Intérieur. Cette prolongation récompense son activité lors du premier quinquennat : la loi contre les séparatismes, le schéma national du maintien de l’ordre, le livre blanc de la sécurité intérieur, c’est lui, avec toutes les problématiques que ces textes englobent.
Bruno Le Maire poursuit sa mission au ministère de l’Économie et des finances. A 53 ans, l’ex-Républicain (tout comme Darmanin et de nombreux autres) est le ministre avec la plus grosse responsabilité du moment : le pouvoir d’achat des Français. Lundi 23 mai, il recevait les acteurs patronaux pour les inciter à un effort financier en attendant un futur texte de loi sur l’inflation.
Les trois autres ministres à conserver leur poste sont Clément Beaune, délégué à l’Europe, Eric Dupont-Moretti à la Justice et Franck Riester au commerce extérieur. Le premier, ancien du PS, est réputé pour sa maîtrise des dossiers. Pour le second, ce renouvellement de confiance passe mal auprès du Syndicat de la magistrature. « Il a quand même été mis en examen et il est requis un renvoi devant la Cour de justice de la République », expliquait Sophie Legrand, secrétaire générale du Syndicat au micro de FranceInfo ce vendredi 20 mai.
Un duo féminin pour l’écologie
Derrière, neuf sortant(e)s retrouvent une fonction ministérielle. A 37 ans, Amélie de Montchalin est désormais ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Son précédent poste est désormais occupé par Stanislas Guerini (ministre de la Transformation et de la fonction publique). Elle devrait former un duo avec Agnès Pannier-Runacher, la nouvelle ministre de la transition énergétique ex-déléguée chargée de l’industrie.
Véran le bon communiquant
Arrivé à la rescousse d’un gouvernement pris dans une crise sanitaire dévastatrice pour Agnès Buzyn, Olivier Véran est devenu au fil des mois une figure LREM essentielle comme ministre de la Santé. Souvent au cœur de débats parfois très tendus avec l’opposition à l’Assemblée nationale, il hérite presque logiquement du poste de ministre délégué chargé des relations avec le Parlement. Un poste moins prenant médiatiquement, géré jusqu’alors par Marc Fesneau, aujourd’hui ministre de l’Agriculture. Il avait refusé cette mission en 2017. Le fantôme de sa défaite aux élections régionales plane toujours et si un nouveau revers survenait en juin, (voir édito), la possible démission imposée par Emmanuel Macron l’empêcherait de diriger un monde agricole qu’il connaît très bien.
Pour remplacer Olivier Véran à la Santé donc, son bras droit. Brigitte Bourguignon était ministre déléguée auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, chargée de l’autonomie.
Attal décroche son ministère
Une autre personnalité politique très présente médiatiquement : Gabriel Attal. Le benjamin du gouvernement Castex où il officiait comme porte-parole est reconduit au poste de ministre chargé des comptes publics. Une fonction occupée par Olivier Dussopt qui passe au ministère du travail, du plein emploi et de l’insertion. Olivia Grégoire, ex-secrétaire d’Etat chargée de l’économie sociale, solidaire et responsable, devient porte-parole. A 36 ans, Sébastien Lecornu devient ministre des Armées.
Chez les nouveaux, Pap Ndiaye étonne
Damien Abad plombé
Le premier par son choix de rejoindre un gouvernement qu’il a à plusieurs reprises critiqué de manière claire et efficace. Professeur à l’institut d’études politiques de Paris, spécialiste des minorités en particulier noires, Pap Ndiaye s’était d’abord fait remarquer en 2021 après avoir démonter les propos de Frédéric Vidal (alors ministre de l’enseignement supérieur) sur « l’islamo-gauchisme ». Une expression également souvent reprise par son prédécesseur Jean-Michel Blanquer et Gérald Darmanin. Alors est-ce un coup purement politique d’Emmanuel Macron ? Pap Ndiaye souhaite-t-il changer le système de l’intérieur ? Chez les opposants, LFI a salué cette nomination tandis qu’à l’extrême droite, on qualifie le personnage « d’indigéniste ».
Pour Damien Abad, l’aventure a très vite tourné au calvaire. L’ancien chef des députés LR est le dernier personnage « volé » à la droite française par LREM. Sa nomination a été suivie d’un coup de tonnerre signé Médiapart (voir édito). Depuis cet article sur des faits de viols présumés, le nouveau ministre des Solidarités (un comble) rejettent ses accusations, ses collègues en campagne bottent en touche et Elisabeth Borne, bien embarrassée, joue la montre espérant que la justice ne se saisissent pas à nouveau du dossier, faute de quoi, elle serait obligée de se désavouer. Les jours du ministre des solidarités semblent déjà comptés.
Une autre ministre devrait faire beaucoup parler d’elle rapidement : Amélie Oudéa-Castera. Une ancienne tenniswoman nommée aux Sports, quelques jours avant Roland-Garros et deux ans avant les Jeux Olympiques de Paris.
La liste : 27 ministres dans l’ordre protocolaire
- Elisabeth Borne, Première Ministre
- Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique
- Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur
- Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des affaires étrangères
- Eric Dupont-Moretti, ministre de la Justice
- Amélie de Montchalin, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires
- Pap Ndiaye, ministre de l’Éducation nationale et de la jeunesse
- Sébastien Lecornu, ministre des Armées
- Brigitte Bourguignon, ministre de la Santé et de la prévention
- Olivier Dussopt, ministre du travail, du plein emploi et de l’insertion
- Damien Abad, ministre des Solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées
- Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche
- Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire
- Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la fonction publique
- Yaël Braun-Pivet, ministre des Outre-mer
- Rima Abdul-Malak, ministre de la Culture
- Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition énergétique
- Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques
- Olivier Véran, ministre délégué aux relations avec le Parlement
- Isabelle Rome, ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité, de l’égalité des chances
- Gabriel Attal, ministre délégué chargé des comptes publics
- Christophe Béchu, ministre délégué chargé des collectivités territoriales
- Franck Riester, ministre délégué chargé du commerce extérieur et de l’attractivité
- Clément Beaune, ministre délégué chargé de l’Europe
- Olivia Grégoire, secrétaire d’Etat et porte-parole du gouvernement
- Justine Benin, secrétaire d’Etat chargée de la mer
- Charlotte Caubel, secrétaire d’Etat chargée de l’enfance
- Chrysoula Zacharopoulou, secrétaire d’Etat chargée du développement, de la francophonie et des partenariats internationaux