Bourgogne Franche-Comté. Les personnes immigrées occupent 7% des emplois

Sur une population totale de 2 800 200 habitants dans la région, 204 500 sont des immigrés, majeurs et mineurs. Près de la moitié d’entre eux disent avoir acquis la nationalité française lors du recensement de 2021. 76 600 travaillent en Bourgogne Franche-Comté.

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Selon l’INSEE, est considérée comme « immigrée » une personne cumulant deux critères : « elles sont nées étrangères à l’étranger ». Ainsi, au regard de l’INSEE, un allemand résidant en France est immigré au même titre qu’un malien, un tunisien ou un sénégalais. Pour l’accès au travail, les restrictions ne sont pas les mêmes.

Plus de difficultés à trouver un emploi

Les immigrés représentent 7,30% de la population régionale, un taux comparable à la plupart des régions métropolitaines à l’exception de l’Ile de France qui compte 21% d’immigrés. 7 immigrés sur 10 ont entre 15 et 64 ans, c’est-à-dire pouvant postuler à un emploi. Dans cette tranche d’âge, les immigrés sont moins souvent en emploi que les nationaux (6 sur 10). La différence est liée à une moindre présence des femmes immigrées parmi la population active : elles sont moins formées, ont plus d’enfants à charge (2,8 contre 1,9 pour les non-immigrées). Elles sont également moins présentes sur le marché du travail pour des raisons culturelles.

62% des immigrés viennent d’Europe

62% des immigrés en emploi n’ont pas eu besoin de visa ou de titre de séjour pour travailler. Ils sont originaires des pays de l’Union Européenne ou de l’association de libre-échange (Suisse, San Marin, Andorre et Monaco). Près de 42% des 76 600 immigrés occupant un emploi en Bourgogne Franche-Comté ont acquis la nationalité française. Les autres travailleurs immigrés de la région sont principalement originaires du Maroc (16%), du Portugal (13%) ou d’Algérie (10%). Pour ces derniers, les employeurs ont dû effectuer des demandes de visa ou de titre de séjour, comme la loi les y oblige.

Des emplois généralement peu qualifiés

38% sont ouvriers contre 24% dans la population nationale. Ils sont surtout dans des emplois d’ouvriers non qualifiés et donc moins bien payés. On trouve dans cette population moins de professions intermédiaires.

Des métiers plus identifiés

Si 7% des emplois sont occupés par des immigrés, on compte une grande disparité selon les métiers. Dans la région, 2 900 travaillent dans le secteur du nettoyage, soit 31% des effectifs de la filière. 8 100 sont employés dans le secteur de la construction et des travaux publics. Ils représentent 20% des effectifs principalement des emplois non qualifiés des travaux publics mais aussi maçons et peintres. Les services à domicile et les établissements médico-sociaux emploient 6 900 immigrés en BFC. Aides ménagères, assistantes maternelles, agents de service….comptent entre 8 et 10% d’immigrés.

4ème secteur qui emploie un nombre significatif d’immigrés : l’hôtellerie-restauration. 5 900 personnes y travaillent, principalement dans le service en cuisine (cuisiniers, commis, plongeurs…) où les immigrés comptent pour 17% des personnes employées.

Enfin, le secteur de la santé, ceux qui l’on a appelé « les premières lignes » au moment du Covid. 4 500 immigrés participent au bon fonctionnement du milieu hospitalier en Bourgogne Franche-Comté. Parmi eux, les médecins représentent 16% de la profession médicale, soit 1 290 dans la région. Un atout dans une région qui est en déficit de professionnels de santé. 50% de ces médecins n’ont pas acquis la nationalité française. Plus rares, les immigrés sont une centaine à être dentistes, soit 12% de la profession et 200 masseurs-kinésithérapeutes, soit 8%.

Tous ces métiers ont en commun des conditions de travail difficiles, des horaires souvent irréguliers.

Plus de déclassements professionnels

2/3 des immigrés ont un emploi stable, légèrement moins que dans le reste de la population active (75%). Dans l’emploi, ils sont concernés par le déclassement professionnel. 26% des immigrés sont surdiplômés contre 22% chez les non-immigrés. Les raisons sont souvent liées à la barrière de la langue ou à des diplômes équivalents non reconnus en France. C’est particulièrement le cas dans les professions intermédiaires (activités administratives ou commerciales). A contrario, les ouvriers immigrés travaillent plus souvent dans des métiers en tension où ils sont sous-diplômés. C’est le cas du nettoyage où plus de la moitié des emplois est assuré par des immigrés. Les travailleurs immigrés ont enfin plus de difficultés à accéder à des promotions professionnelles, qu’ils aient ou non le niveau de diplôme requis.

Yves Quemeneur