Législatives 2024 : à Besançon, Séverine Véziès remonte au front

Après avoir perdu en 2022 face au député sortant Laurent Croizier (Modem, soutenu par la majorité présidentielle), la militante retourne au front, accompagnée par Franck Laidié, maire de Pugey. Pour elle, cette nouvelle campagne a des airs de revanche sur tous les plans.

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À Besançon, la campagne du nouveau Front Populaire est claire : tous ensemble. Photo DR

C’est à la mairie de Pugey, commune du Grand Besançon d’environ 750 habitants dirigée par le suppléant Franck Laidié, que l’entretien est prévu. Un cadre local, au cœur de l’actualité et des enjeux de ces élections législatives anticipées. L’isoloir et la disposition de la salle de classe n’ont pas bougé depuis le 9 juin, symbole d’un scrutin organisé dans la précipitation. « Certes c’est une petite mairie mais elle matérialise l’engouement suscité par l’enjeu. Les gens sont venus s’inscrire pour voter et malheureusement Macron a bloqué cette possibilité 24h après la dissolution. », commente l’élu.

Historien spécialiste des institutions, issu de la société civile, Franck Laidié est un atout plus grand qu’un simple suppléant. Celui d’un élu ancré dans son territoire, confronté à la perte de moyens financiers des collectivités locales tout en devant maintenir un dynamisme essentiel. « Chaque commune est une forme de bouclier pour ses habitants, en particulier les plus précaires. En leur garantissant des services de proximité, un lien social, etc. Quand la dotation globale de fonctionnement (DGF), principale source de revenus d’une collectivité, baisse de 60%, cela veut dire qu’on ne veut plus nous laisser aider les gens. Alors oui il y a des compensations mais à la marge, c’est une honte. On s’efforce de rembourser une dette sans jamais rien en retour ».

Pour Séverine Véziès, candidate du nouveau Front Populaire sur cette 1ère circonscription, la responsabilité de cette gestion appartient au Président Emmanuel Macron « en appliquant une politique de casse sociale », mais également à son représentant ici, Laurent Croizier. Cela fait deux ans que la militante scrute méticuleusement les votes de son adversaire et député sortant, en attendant l’heure du bilan. « Je l’attaque sur ses votes, ses choix, il faut les assumer. », confie la candidate, qui est allée jusqu’à créer une série sur son blog, nommée « dis-moi ce que tu votes, je te dirai qui tu es », listant tous les choix de Laurent Croizier.

Son goût parfois trop prononcé pour l’affrontement lui porte préjudice comme au débat de France 3 Franche-Comté, mercredi 19 juin. Néanmoins, la candidate connaît son programme : le nouveau Front Populaire, en cas de majorité absolue, propose plusieurs temps d’action. « Dans les 15 premiers jours on abroge les réformes de casse sociale, avec celle sur de retraites en priorité. On bloque les prix des produits de première nécessité, de l’énergie et du carburant, en utilisant le Code du commerce (Art.L410-2). On porte le SMIC à 1600 € net par mois en accompagnant les TPE/PME. Enfin il y a l’indexation des prix sur l’inflation et des retraites sur les salaires. Toutes ces mesures doivent permettre aux Français de respirer. »

Comment financer ce large panel de dépenses ? « En allant chercher l’argent là où ils trouvent et en arrêtant les cadeaux fiscaux. », poursuit la militante avant de citer une étude d’Oxfam. « Entre 2020 et 2023, les 42 premiers milliardaires français ont augmenté leur fortune de 230 milliards d’€. » Pour récupérer le magot, le nouveau Front Populaire prévoit un second temps avec une loi de finances à partir de septembre avec l’introduction des taxes de superprofits, le rétablissement de l’ISF et la progressivité de l’impôt sur le revenu. 14 tranches pour « soulager les classes moyennes » et renforcer sa progressivité.

La stratégie bisontine se dessine ainsi : un duo Veziès – Laidier davantage centré sur les questions sociales et du pouvoir d’achat sur la 1ère circonscription, laissant les questions en matière d’énergies, d’environnement et de santé à l’expérimentée Dominique Voynet, candidate sur la 2e circonscription, accompagnée par l’adjoint aux finances de Besançon, Anthony Poulin. Ensemble, cette nouvelle alliance de gauche veut reconquérir la Ville et sa couronne. Toutefois, ce seront peut-être les calculs électoraux des autres partis qui décideront de cet avenir.

M.S