Région. Plus d’impôts ou plus d’emplois ? Pour le mouvement « Territoires Franc-Comtois » il faut choisir !

Dans un communiqué de presse du 25 novembre, le Mouvement des Entreprises de France "Territoires Franc-Comtois" tire la sonnette d’alarme sur les augmentations d’impôts et de charges pesant sur les entreprises.

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20 milliards de prélèvements supplémentaires sur les entreprises. « Ils vont pénaliser la compétitivité, l’activité et l’emploi alors que le chômage repart à la hausse » note l’organisation patronale dans son communiqué.

« 8 milliards d’euros d’impôts sur les sociétés, 5 milliards d’euros liés à la réduction des allégements de charges, 2,3 milliards d’euros transférés de l’Assurance Maladie aux complémentaires santé et donc aux entreprises, 1,2 milliard d’euros d’économies sur les aides à l’apprentissage et 800 millions de versement transport, nous nous y opposons » s’insurge le Medef.

Une conjoncture économique très incertaine

L’estimation fournie par le Medef n’est pas un plan sur la comète mais « une réalité tangible pour des milliers d’entreprises, notamment les plus petites ».

L’augmentation de l’impôt sur les sociétés, c’est moins d’investissement et moins d’emplois

Il est étonnant de voir certains exécutifs locaux s’insurger sur la baisse des dotations qui réduisent leur taux d’épargne et dans le même temps inciter à l’augmentation de la fiscalité des entreprises. Pourtant, l’épargne nette des collectivités est ni plus ni moins que le bénéfice net pour une entreprise. Dans les deux cas, elle ne sert pas à rémunérer principalement ou les élus ou les entrepreneurs mais bien de donner des marges de manœuvre financière pour investir, innover et créer de la richesse.

L’innovation et l’investissement sont particulièrement au cœur de la stratégie des entreprises de la filière automobile en Franche-Comté

On ne passe pas de la production de 2 000 pièces en moyenne dans un véhicule thermique à une vingtaine de pièces en moyenne dans un moteur électrique d’un claquement de doigt. Le groupe Valéo vient d’annoncer la fermeture de deux sites en France et la réduction de plus de 800 emplois. Chez Forvia (ex-Faurecia) « L’incertitude reste élevée sur le marché européen, impacté par un ralentissement de l’électrification et les inquiétudes liées à la réglementation imposant aux constructeurs automobiles de faire baisser leurs émissions polluantes » a souligné récemment Patrick Koller le directeur général du groupe Forvia, très présent sur le territoire franc-comtois.

La récente démission de Carlos Tavares, PDG de Stellantis, liée à la baisse de rentabilité de l’un des leaders mondiaux du secteur automobile et à l’assaut des constructeurs chinois, est aussi une démonstration du nécessaire changement de paradigme d’une industrie dont la Franche-Comté a tiré sa richesse. La situation économique incertaine de la filière n’empêche pas certains syndicats et partis politiques d’avancer des slogans simplistes comme « Forvia supprime 10 000 emplois pour payer ses actionnaires ». Il faut plutôt s’interroger sur la décision européenne d’arrêter la production des véhicules thermiques en Europe en 2035…mais pas ailleurs ! Cette décision pourrait entraîner la perte de dizaines de milliers d’emplois, notamment en Franche-Comté. Elle créera (ou créerait si elle devait être mise en œuvre) l’arrivée massive sur le marché européen des véhicules électriques chinois, marquant définitivement la désindustrialisation de « la première région industrielle de France ».

« Les allègements de charges ne sont pas des cadeaux »

Pour le Medef « Territoires Franc-Comtois », « les allégements de charges sont un investissement dans l’emploi et la compétitivité. Ils permettent aux employeurs d’embaucher, de former et de maintenir des postes dans un contexte où chaque emploi compte…l’augmentation des charges sur les salaires risque d’aggraver durablement la situation économique de la France ».

La réforme des exonérations est une incitation à augmenter les salaires selon le gouvernement

L’exécutif (provisoire à l’heure où nous bouclons, NdlR) souhaite une gestion plus proactive des salaires. Pourtant, la baisse des exonérations sur les bas salaires aura un impact immédiat sur les coûts des entreprises. Dans les secteurs où les marges sont faibles et soumis à une compétition internationale, ce surcoût incitera à freiner, voire supprimer des embauches pour les emplois proches du Smic. A contrario, les nouvelles mesures devraient inciter les entreprises à revaloriser les salaires dans une tranche comprise entre 1,3 et 1,8 Smic où l’exonération sera renforcée. Sur le papier l’idée est séduisante en encourageant une progression salariale pour les revenus faibles et à sortir ceux-ci de « la trappe de Smic à vie ». Pour les salaires au-dessus de 3 Smic, l’entreprise perdra le bénéfice de toutes les exonérations, limitant la hausse des hautes rémunérations et rendant moins attractif les emplois très qualifiés en France alors que la Franche-Comté est confrontée à la concurrence des salaires avec la Suisse.

Là où les entreprises pourraient trouver un intérêt, c’est dans la simplification administrative de ces exonérations à partir de 2026, facilitant la gestion des cotisations sociales notamment pour les PME. Les dirigeants de la Haute Administration, les responsables politiques nationaux et locaux doivent in fine comprendre que la création de richesse vient essentiellement des entreprises, de leurs dirigeants et des salariés. C’est en investissant, en réindustrialisant le territoire, en allant à la conquête des marchés extérieurs que les entreprises peuvent prospérer, créer des emplois.

Yves Quemeneur