Législatives 2024 : pour Annie Genevard, une campagne au coeur de la tempête nationale

Pour la députée sortante de la 5e circonscription du Doubs, la crise politique chez Les Républicains bouscule une campagne minutieusement pensée. S'appuyant sur une notoriété forte grâce à une présence régulière sur le terrain, Annie Genevard se présente en candidate de la constance.

241
Le 14 juin, la députée sortante lançait officiellement sa campagne aux côtés d'une équipe rapprochée d'élus incarnant l'ensemble de la circonscription. Photo DR/Annie Genevard

Le rendez-vous est fixé au Grand Café Français de Pontarlier. Un endroit apprécié de l’élue, et réciproquement. « Allez, on croit en vous ! Sortez-nous de tout ce bazard. Un tel choc dimanche, ça fait très mal au commerce ! », glisse une sympathisante à Annie Genevard, toujours souriante. Pour les élections législatives, la campagne est d’abord centrée autour d’un personnage, d’une présence forte sur le terrain. Voilà la stratégie tentaculaire déployée par l’élue chaque semaine pendant son mandat, chaque jour pendant la campagne. Diplomate pour ses soutiens, calculatrice pour ses opposants passablement irrités à l’idée de n’avoir aucune chance ou presque, la candidate force le respect pour les uns, l’impose chez les autres. Autour de la députée sortante de cette 5e circonscription du Doubs vendredi 14 juin, jour d’officialisation de sa campagne, un escadron d’élus incarnant toute la bande frontalière ou presque. « En deux ans, j’ai effectué 400 visites et reçu 600 citoyens à ma permanence. Voilà comment mon engagement se matérialise ici. J’ai également défendu mes électeurs par 500 interventions en séance », rappelle-t-elle.

Aux yeux du grand public depuis plus d’une semaine pourtant, la candidate est davantage la secrétaire générale d’un parti embrasé, où Annie Genevard tente de jouer les pompiers tout en menant campagne. Le parti pris en otage par Éric Ciotti ne sera pas vraisemblablement pas relâché avant le 1er tour. Dans le cas contraire, la confusion est désormais installée (voir dossier de la semaine).  « Il n’a pas le droit d’investir ses candidats au nom du parti, c’est une dénomination semblable pour maintenir le flou jusqu’au bout… », soupire l’intéressée, sans jamais balayer définitivement ce rapprochement imposé. « La question est légitime, je ne suis pas de celles qui moralise ou diabolise. 1 votant sur 3 a choisi le RN aux européennes, ce serait les insulter que de considérer ce parti comme hors-champ politique. Le problème c’est qu’Éric Ciotti a répondu seul, avant même de livrer bataille. Donc on n’existe plus ? Nous ne sommes pas une supplétive du RN. »

Dès lors, quelle(s) différence(s) existe(nt) entre la candidate et le parti de Marine Le Pen ? « Sur le régalien, nous pouvons partager des constats, mais la façon d’en parler et la robustesse des positions sont différentes. Ils sont plus dans l’incantation quand nous avons des projets construits de longue date. C’est au niveau économique et social que nous divergeons largement. ».L’élue cite l’instauration de 15h minimum d’activités obligatoires pour bénéficier du RSA, amendement voté avec la majorité et pour lequel le RN s’est opposé. « Il n’y a pas si longtemps, eux voulaient revenir sur la réforme des retraites… », enchaîne la députée en s’appliquant à sacraliser la valeur travail : « Jordan Bardella potentiellement à Matignon, c’est un jeune de 28 ans qui n’a jamais réellement exercé de responsabilités. Vu l’état dans lequel se trouve notre pays, c’est extrêmement périlleux. Quant à l’extrême gauche… c’est le cauchemar absolu. »

L’agriculture, la crise récente et son nombre conséquent d’électeurs dans le Haut-Doubs imposent dans cette course une attention particulière. « Il faut d’abord sécuriser, confirmer la réforme prévue pour les retraites des agriculteurs et en particulier celles des agricultrices, trop souvent oubliées. » (Une proposition de loi visant à rendre effectif le nouveau calcul des pensions de retraites agricoles a été adoptée le 26 mars 2024, pour une mise en place dès 2026 après le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2025, NDLR.) « Nous n’avons pas voté une grande loi, dans le sens où il n’y a pas d’éléments règlementaires sur la simplification, ni d’éléments budgétaires. Néanmoins, c’est une première étape ».

La constance prônée par l’élue passe aussi par la répétition des demandes, comme la prime vie chère, souhaitée depuis plusieurs années maintenant pour la bande frontalière doubiste, à l’instar de la Haute-Savoie. « Il faut former davantage de soignants et le contrat d’allocation d’études arrive au bon moment », poursuit Annie Genevard. Une constance qui avait permis à l’élue en 2022 de compter plus de 11 000 voix d’avance sur Mathilde Jury, candidate parachutée du RN et près de 14 000 sur Philippe Alpy, investi par la majorité présidentielle.

M.S