Procès Nicolas Zepeda : 28 ans de prison pour assassinat

Le procès du chilien Nicolas Zepeda, accusé d'avoir tué et fait disparaître son ex-petite amie japonaise Narumi Kurosaki s'est clôturé ce mardi 12 avril. Deux semaines de débats judiciaires hors normes, où le jury a décidé de condamner l'accusé à 28 ans de réclusion criminelle. Après une nuit de réflexion, l'accuse a décidé de faire appel.

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Randall Schwerdorffer et Sylvie Galley, avocats des parties civiles sont félicités de cette peine lourde prononcée par le jury de la cour d'assises. Tout comme la famille de Narumi et l'université japonaise de Tsukuba qui ont salué l'enquête.

Ce mardi 12 avril Nicolas Zepeda est resté une nouvelle fois de marbre lorsque le président d’audience Matthieu Hussion annonce le verdict : le chilien est déclaré coupable de l’assassinat de Narumi Kurosaki. Il est condamné à 28 ans de réclusion criminelle. Une culpabilité reconnue par la cour d’assises de Besançon au cours de deux semaines de débats judiciaires intenses, éprouvants, émotionnellement forts.

Trois réponses, des dizaines d’autres questions

La plaidoirie de Jacqueline Laffont la veille n’aura rien changé. Malgré une expérience lui permettant d’être un ténor du barreau, l’avocate de l’accusé a vécu  » sans doute la plaidoirie la plus difficile de ma vie ». Au fil des jours et des éléments accablants successifs, Me Laffont a tenté de conserver « une infime part de doute » face aux trois questions auxquels le jury devait répondre : Zepeda a-t-il donné la mort à Narumi ? Si oui, avait-il prémédité son geste ? Et est-il effectivement son ex-conjoint, ce qui constitue une circonstance aggravante ?

« S’il est coupable, sa solitude est terrifiante. Il ne l’a dit à personne. S’il est innocent, tout l’accuse et il est le seul à le savoir », conclut Jacqueline Laffont, lundi 11 avril. Malgré l’absence de corps et de trace d’ADN dans la voiture louée par Nicolas Zepeda pour se rendre à Besançon, l’enquête ne laissait place à aucune « circonstance atténuante » pour l’avocat général Etienne Manteaux, qualifiant l’accusé de « menteur et manipulateur ». Ni même dans l’esprit des personnes présentes à la cour d’assises.

Car c’est bien Nicolas Zepeda qui sans autre raison que celle de revoir Narumi, se rend à Besançon, espionne son ex-petite amie sur le campus universitaire, tourne une vidéo au préalable dans laquelle il menace la japonaise. C’est avec lui que Narumi vit ses derniers instants dans la nuit du 4 au 5 décembre 2016, calfeutrés ensemble dans une chambre de 9 mètres carré pendant près de 30 heures jusqu’à son départ de Besançon, le 6 décembre au petit matin. C’est avec lui qu’elle échange des SMS très durs quelques mois plus tôt. Des messages mettant fin à une relation toxique où le chilien souhaitait contrôler la vie et les sentiments de ex petite-amie. Épris d’une jalousie dévastatrice, il a commis, aux yeux de la justice, l’irréparable. Un plan préparé selon le jury. « La réponse aux deux premières questions est oui, la troisième n’a donc plus lieu d’être. Par conséquent, l’accusé Mr.Nicolas Zepeda est condamné à 28 ans de réclusion criminelle. », a expliqué le président d’audience Matthieu Husson. En complément, Nicolas Zepeda écope d’une interdiction définitive du territoire français à l’issue de son incarcération. Cette décision n’inclut pas de période de sûreté. Par conséquent le chilien devrait pouvoir entamer des démarches auprès de la justice dans au bout de quatorze ans détention.

Une vérité judiciaire mais pas absolue 

A l’annonce de sa condamnation, le chilien de 32 ans est resté stoïque, comme durant la majorité du procès. A plusieurs reprises, durant les journées les plus longues, Nicolas Zepeda était pourtant sur le point de flancher. Des larmes ont coulé mais le discours lui, n’a pas changé y compris lors de son ultime témoignage ce mardi 12 avril, en français, comme pour être sûr d’être bien compris. « Je ne suis pas l’assassin de Narumi ». A chaque moment de faiblesse, son père présent dans la salle, lui indique de relever la tête. Le fils prodigue ne doit pas tomber. A l’annonce de sa condamnation, Nicolas et Humberto Zepeda n’ont pas échangé un seul regard. La défense s’est donnée une nuit de réflexion pour faire appel. Une nouvelle procédure pourrait s’ouvrir en 2023 ou 2024.

Etienne Manteaux s’est montré satisfait de la condamnation, sans crier victoire. « La justice est passée » a expliqué l’avocat général remerciant au passage les acteurs de ce procès gigantesque et son lot de débats qualifiés « d’exceptionnels ». De son côté Jacqueline Laffont note que la cour n’a pas suivi les réquisitions du ministère public. L’avocate s’est efforcée, comme les parties civiles, d’obtenir la vérité. Une vérité judiciaire mais pas absolue, au grand dam de la famille Kurosaki (voir édito) venue pour obtenir des réponses à Besançon, qu’elles n’auront probablement jamais.

L’accusé fait appel le lendemain

Les deux semaines d’audience auront fasciné le public venu en nombre. Lundi 11 avril, certains attendaient devant la porte du tribunal depuis 7h du matin. D’autres arrivés trop tard, se sont amassés à l’entrée, espérant un départ pour prendre une précieuse place dans la salle d’audience. La couverture médiatique était également à la hauteur de l’affaire. Une quarantaine de médias français, chiliens et japonais pour raconter ce procès hors du commun. Un rendez-vous de cette envergure à Besançon n’arrive que très rarement. Tous se retrouveront le procès en appel. Une décision prise par Nicolas Zepeda ce mercredi 13 avril. Pour peut-être donner cette fois, de vraies explications ?

Martin SAUSSARD