Grands mots, grands remèdes. Saint-Valentin !

305

Depuis bien des années je vous abreuve ici de mots doux qui vous sont autant de
gros bisous.
Il est temps que je vous mette en garde. Ces mots doux dont vous vous accommodiez tant bien que mal vont en voir débouler bien d’autres dans l’espace public, et jusqu’à plus soif, ces prochains jours. C’est que le 14 février, le mercredi des Cendres, va s’embraser d’embrassades, de câlins collants et de roses rouges importées à grand frais. C’est la règle du jeu et il déplairait aux fleuristes d’en changer.
Cette fête semble née en Grande-Bretagne, au XIVème siècle, du temps où le pays était soigneusement catholique. On avait choisi cette date parce qu’on avait observé que les birds qui en avaient fait la demande -nous dirions les oiseaux- s’accouplaient ce jour-là. Enfin… c’était selon… Parfois la veille, parfois le lendemain. Comme vous et moi. Car il y a des imprévus. Mais il fallait bien trancher et ce fut le 14 qu’il vente ou qu’il neige.
C’est Charles d’Orléans, prisonnier des anglais pendant 25 ans depuis la tragique bataille d’Azincourt le 25 octobre 1415, qui s’est emparé de la coutume de chez eux et qui a fait la courte échelle à Saint-Valentin. Tout le prédisposait à tant d’amour : il a été décapité le 14 février 270 parce qu’il célébrait des mariages malgré l’interdiction de Rome. Et la mère de Charles se prénommait Valentine. Un fait exprès.
La Saint-Valentin s’est développée aux Etats-Unis au XIXème siècle. Là où s’échangeaient des billets doux ce sont maintenant les dollars qui circulent et bien sûr l’Europe a copié ce juteux modèle. Déçu par tant de dépenses laïques, Paul VI en 1969 raye la Saint-Valentin du calendrier liturgique romain.
Mais rien n’y fait : ça continue. Quand on aime on ne compte pas.

Par le Docteur Gérard Bouvier